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David Hauss, le rêve olympique inachevé

A 32 ans, David Hauss rêvait de vivre ses deuxièmes Jeux Olympiques à Rio, quatre ans après Londres. En 2012, il avait échoué au pied du podium (4e) d'une épreuve de triathlon qui n'a jamais permis à un Français d'accrocher une médaille olympique. Mais alors qu'il avait fini au test-event de Rio en 2015 en 4e position, son début de saison délicat lui a coûté sa qualification. Il n'ira pas au Brésil, et ne pourra pas aller au bout d'un rêve, qu'il avait fait à 15 ans.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Le triathlète français David Hauss (SALVATORE DI NOLFI / MAXPPP)

Champion d'Europe 2015, 4e du test-event de Rio en août 2015, David Hauss pensait avoir fait le nécessaire pour obtenir son billet pour les Jeux de Rio. A 32 ans, il savait que ce serait ses deuxièmes et derniers. Il voulait surtout accomplir un rêve personnel, mais aussi une ambition commune partagé avec Laurent Vidal, disparu le 9 novembre dernier d'un arrête cardiaque. "C’était devenu un frère", nous avait dit le triathlète voici plusieurs semaines, alors que son avenir semblait l'emmener vers le Brésil. 

Unis à jamais avec Laurent Vidal

Avec Laurent Vidal, il a partagé ces Jeux de Londres, où ils ont fini l'un derrière l'autre. A l'heure d'évoquer les souvenirs de 2012, David Hauss répond rapidement: "Tous mes souvenirs sont liés à Laurent. Je ne me souviens plus du reste." Ils n'avaient que 17 jours d'écart à la naissance, une passion commune pour le sport en général, le triathlon en particulier. Leur proximité les avait même placé dans la même barque, pour viser les Jeux Olympiques de Rio, avec Laurent Vidal en entraîneur. "Notre but était d’aller aux Jeux. Il était très investi." Ensemble, ils devaient faire mieux que ce pied du podium londonien, qui n’a pas laissé de regrets, juste l’envie d’encore: "J’avais fait la course quasi-parfaite. Avec les frères Brownlee et Javier Gomez, lorsqu’ils sont là, ils cartonnent et il ne nous reste qu’une infime chance de médaille. Ce jour là, j’ai donné 100%. Je n’ai aucun regret, mais avec le temps, 4e, ça fait ch.. C’est pour ça que j’ai rempilé. J’ai envie de faire mieux." Ce projet, il voulait donc le mener à bien: "Tous les jours je pense à lui. Il me porte. Je sens sa présence. Il y a toujours des signes. La mission n’est pas finie. Mais je fais tout ça pour moi, pas pour lui. J’espère lui offrir ce podium. Et même sans podium, sur la ligne de départ, je ne serai pas seul."

Moins performant que d'autres, David Hauss (43e au championnat d'Europe 2016) n'a finalement pas gagné sa sélection. Cette médaille olympique, que la France n'a jamais gagnée, il la voulait depuis longtemps. "J’ai toujours été amoureux de sports. Petit, je réécrivais les commentaires des matches de foot, les courses, je connaissais tous les records du monde. Aux JO de Barcelone, en 1992, j’avais huit ans et j’étais à fond." Né à Paris mais parti à l’âge d’un an pour la Réunion, il y a commencé la natation dès ses 3 ans. Puis, pour aller nager, il prenait son VTT. Et comme au collège, il remportait tous les cross scolaires auxquels il participait, il s’est logiquement mis au triathlon, discipline pratiquée par son père qu’il a suivi dès qu’il a eu 5 ans. 

"On ne devient pas une machine du jour au lendemain"

"On ne devient pas une machine du jour au lendemain"

C’est cette passion qui l’a conduit à faire des choix forts. Comme celui de partir à Montluçon à son entrée au lycée,, alors qu’il avait 15 ans. "J’ai quitté ma famille pour vivre mon rêve olympique", assure-t-il aujourd’hui. "Dès mon premier triathlon, à 12 ans, j’ai tout de suite accroché. Je suis un touche à tout, donc ça m’a plu." Quitter les plages de la Réunion pour tomber en Auvergne aurait pu en rebuter plus d’un. Pas lui. "J’avais envie de voir du pays, je n’avais pas envie de rester", tranche-t-il. Médaillé de bronze aux championnats du monde 2010, quatrième des JO en 2012, champion d’Europe en 2015, David Hauss a intégré le gotha mondial de la discipline. Mais il a mis du temps: "A 25-26 ans, je n’avais pas le projet de faire partie des meilleurs du monde. Je me contentais de ce que j’avais. Je me suis alors posé la question de ce que je voulais. Et je me suis mis à m’entraîner plus, à bien dormir, bien manger. Je me suis inscrit dans une spirale de la réussite. Tout ça s’apprend: on ne devient pas une machine du jour au lendemain." Le terme "machine" interpelle. Il explique : "Il y a toujours un moment ou deux dans une course où on a envie de ralentir. C’est à ce moment là qu’il faut débrancher le cerveau (sic)."

L’entraînement, à raison de trois séances quotidiennes sept jours sur sept, et la vie quotidienne permettent de le faire : "Lors des entraînements, on se met volontairement dans des situations critiques, car c’est souvent sur les fins de course que les places se jouent. C’est là qu’on s’apparente à une machine. Sur les dix mois d’une saison, il y en a huit où tu ne mets pas un pied devant l’autre. C’est aussi un style de vie. Il faut éviter le confort car cela fait dévier de ses objectifs. Le fait qu’on ne gagne pas autant d’argent que d’autres sportifs maintient les pieds sur terre. C’est aussi pour cela que dans cette discipline, il n’y a que des mecs en or. Tout le monde est dans le partage, l’entraide." 

Malheureusement, il ne pourra pas partager ces jeux Olympiques de Rio à distance avec Laurent Vidal. Mais en début de saison, David Hauss avouait vouloir "partager", conscient que le moment de "mettre le clignotant" se rapprochait. 

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