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Édito Plus lent, plus bas, plus faible

Six jours après avoir indiqué qu'il était urgent d'attendre avant de se prononcer sur le sort des Jeux de Tokyo, le Comité international olympique a cette fois annoncé qu'il allait… attendre, encore. Alors que des milliers d'athlètes sont rongés par l'inquiétude, le CIO s'offre même le luxe d'un éventuel répit de quatre semaines dans sa réflexion. Plus lente sera sa décision, plus faible sera son discours.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
  (FABRICE COFFRINI / AFP)

Dans une lettre adressée dimanche soir aux sportifs, le président de la plus haute instance olympique Thomas Bach, explique que suite à la pandémie de Covid-19, différents scénarii ont été envisagés, dont un report. Le mot jusqu'alors banni est lâché ! Après 6 jours de gestation depuis sa dernière annonce, l'institution de Lausanne a finalement accouché de cette hypothétique hypothèse. Malheur à qui oserait parler d'annulation !

Un discours inaudible

Mesdames et Messieurs du CIO, il y a à l'évidence des enjeux monumentaux, des enjeux qui dépassent le cadre du sportivo-sportif. Mais le monde du sport, celui que vous représentez vous observe. Oui, vous avez raison de dire que "cette incertitude tape sur nos nerfs", mais non, vous n'avez pas le droit dans la foulée de dire que le CIO est "confiant sur sa capacité à finaliser ces discussions dans les quatre semaines qui viennent". C'est un discours inaudible !

Inaudible encore de dire que "d'un côté, il y a une amélioration significative au Japon (…)" et "de l'autre, il y a une augmentation dramatique de cas positifs de Covid-19 dans de nombreux pays et de nombreux continents." Au regard de la situation, et à moins d'organiser des JO exclusivement entre Japonais, il semble peu raisonnable de maintenir ces dates du 24 juillet au 9 août, même à huis clos.

Allez expliquer aux nageurs français, néerlandais ou espagnols qui n'ont pas accès à des bassins, aux cyclistes, aux athlètes, aux volleyeurs qui ne peuvent même pas toucher un ballon, que des JO sont toujours possibles ! Tous ces sportives et sportifs savent qu'il leur sera d'ores et déjà compliqué de rattraper leur retard dans leur préparation. L'équité sportive s'est envolée avec les mesures aussi drastiques que nécessaires mises en place par de nombreux pays. Il ne faudrait pas oublier non plus qu'en février dernier, la Chine a décidé de suspendre ses contrôles antidopage, annihilant de facto le suivi longitudinal. Alors là encore, en matière d'équité sportive, on repassera…

Maladroite comparaison

Nous sommes à quatre mois de la date, l'Italie compte ses morts, la France, l'Espagne, la Belgique, la République tchèque, le Venezuela, l'Argentine,  la Colombie, le Rwanda, la Tunisie... sont en confinement et d'autres pays leur emboîtent le pas. Comparer la situation des JO de 1980 et d'un possible boycott des jeux moscovites à la situation actuelle est maladroite. Des fédérations sportives américaines ou espagnoles ont exigé un report. En politique, on sait que l'on peut arrondir les angles, en médecine, c'est plus compliqué.

En cette période d'incertitude, de souffrance, il est important de ne pas laisser planer le doute. Plus encore, il est important de montrer qu'il y a quelqu'un à la barre. Aujourd'hui, le CIO ressemble au Bateau ivre d'Arthur Rimbaud, sans capitaine à sa barre, et chahuté par une tempête inédite qu'il ne maîtrise plus. "Un chef, c'est fait pour cheffer" se plaisait à dire un certain Jacques Chirac. Allons, un peu de courage, car la célèbre devise olympique est en train de perdre tout son sens.

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