Elie Chouraqui, consultant volley pour France Télévisions mais surtout fan des jeux Olympiques
Votre histoire avec les Jeux Olympiques
"En tant que sportif, je ne les ai jamais faits. Ca a été une de mes grandes tragédies. J’ai fait les championnats d’Europe, les championnats du monde, j’ai fait la Coupe d’Europe, les championnats de France où j’ai été trois fois champion avec le Racing et deux fois vice-champion. Je n’ai jamais fait les JO, car à chaque fois on s’est arrêté aux qualifications. Comme c’est sans doute la plus belle compétition qui existe, avoir une médaille aurait été extraordinaire.
En revanche, j'étais aux Jeux de Munich, en tant que cameraman. L’idée était de faire un film où de grands metteurs en scène, dont je n’étais pas à l’époque. Je travaillais avec Claude Lellouche. Il y avait Lellouche, Kurzawa, Milos Forman… Chacun faisait dix minutes, et un film en était sorti. On avait fait les perdants, un sujet extraordinaire. Mais 1972, c'est la tragédie de Munich, qu’on a vécue en direct. On était là-bas dès l’aube, et on se trouvait à quelques centaines de mètres de l’aéroport où on entendait des tirs. C’était un moment horrible. Comment pouvait-on assassiner des gosses qui font simplement faire du sport ?
Les Jeux Olympiques, c'est la seule compétition que je suis totalement en tant que spectateur. C’est le moment où je m’intéresse le plus à l’athlétisme, la natation, la lutte, au judo… C’est comme si les JO leur donnaient une sortie de vernis particulier, qui fait que, soudain, des sports dont on s’intéresse moins, deviennent des sports magnifiques. L’athlétisme est le sport olympique par définition. Ca m’est arrivé de me lever la nuit ou de me coucher très tard."
Votre histoire avec le volley
"Il y a quelque chose de génétique : mon père jouait au volley, mon grand-frère jouait au volley, mes sœurs ont joué au volley. J’ai suivi l’exemple de mon frère ainé, qui jouait au volley sur la plage, ce qui lui permettait d’emballer beaucoup de filles. Ca m’énervait un peu. Dès que je suis arrivé à l’adolescence, je me suis dit que cela allait faire pareil. Cela a pas mal marché : j’étais assez bon. Et sur cette plage de Fréjus, deux garçons de l’ASPTT, avec qui on jouait en 3X3, m’ont dit que je devrais jouer en club. J’avais 13-14 ans. Après une saison à l’ASPTT, je me suis bien entendu avec les gens du Racing. J’y ai passé toute ma vie. Les étés on se retrouvait à Cannes ou à Montpellier, pour faire des 2x2 ou des 3x3 sur la plage."
Votre souvenir des Jeux Olympiques
"Le poing levé de Tommie Smith et John Carlos en 1968 à Mexico. J’ai eu une sympathie immédiate pour ces jeunes gens qui, grâce au sport et par le sport, voulaient porter leurs idées, les projeter à la terre entière. Ils ont été une des grandes étapes de la libération des noirs, et du fait que Barack Obama soit aujourd’hui président des Etats-Unis. Cela m’avait beaucoup marqué."
Votre star à rencontrer absolument à Rio
"Pelé. Pour moi, Rio c’est Pelé. Mais il y en a partout des stars. Ce sont des mecs exceptionnels. Pour moi, un sportif n’est pas une star. Mais y a-t-il vraiment des stars ? Ce sont des gens qui font le mieux possible ce qu’ils ont à faire. Ils deviennent des stars parce que les autres le décident. Je pense qu’ils n’ont pas le sentiment d’être des stars, mais plutôt de se surpasser. Quand on sait ce que cela demande comme abnégation pour devenir le meilleur, je ne pense pas qu’ils ont la grosse tête. S’ils la prennent, je pense qu’ils perdent, qu’ils passent de l’autre côté de la barrière."
Votre rôle de consultant
"Je ne suis pas un fanatique des temps, des noms. J’aime le spectacle comme un esthète. Quand je vois une compétition passionnante, c’est un peu comme si j’allais dans un musée, pour voir des choses magnifiques. C’est le même sentiment que me touche. Mais si je dois donner mon point de vue sur des joueurs, il faut que je sache ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont dans la tête. En même temps, j’aime bien ce côté candide, de ne pas les connaître fondamentalement. Je vais plus m’intéresser à la performance qu’à un nom, qui ramène au star-système."
L'épreuve à laquelle vous rêvez d'assister
"La finale du 100m. On dit toujours que c’est l’épreuve reine, et on se demande pourquoi. C’est l’histoire d’une humanité. Dix toutes petites secondes pour décider d’un destin. C’est des milliers d’heures de travail, des qualités incroyables et une vie qui se joue sur un temps aussi court. C’est ça la dramaturgie du 100m. C’est le récit court le plus puissant qui existe, même en littérature. C’est une chose qui n’existe que dans le règne humain qu’un homme puisse démontrer qu’il est le plus grand en moins de dix secondes."
Votre image du Brésil
"Pelé. Le Brésil, c’est le football. Je suis allé au Brésil, plusieurs fois, je suis allé voir les matches au Maracana, j’ai joué au volley sur la plage, j’ai vu ses mecs qui jouent au foot de plage au-dessus des filets avec une agilité diabolique. Le Brésil traverse une période politique compliquée, mais c’est un grand pays sportif. L’un des plus grands phénomènes culturels, c’est le foot. C’est un peu comme le rugby pour l’Irlande ou le pays de Galles. Ce n’est pas anecdotique. C’est une façon de penser, une façon de réfléchir. C’est un pays de mer, de chaleur, d’extérieur. C’est l’un des grands leaders du continent sud-américain. Mais en France, on ne se rend pas compte à quel point le volley est le sport N.1, à égalité avec le foot au Brésil. C’est pratiquement aussi important que le foot. Il y aura un moment compliqué quand il y aura la finale de volley France-Brésil. Rien que d’y penser, j’ai des suées. Peut-être que je mettrai mon maillot à ce moment-là."
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