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Entre soulagement et frustration, les athlètes du monde entier réagissent au report des Jeux

Même si, ces derniers jours, le report des Jeux de Tokyo était devenu une évidence pour tous les athlètes, ces derniers ont accueilli cette décision avec recul et philosophie. Pourtant, dans certains cas et notamment chez les sportifs les plus âgés, une pointe d'amertume transparaît. Mais, là encore, la raison l'emporte.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Personne ne peut nier l'évidence. Pas une voix, dans le monde des athlètes, ne s'est élevée pour protester contre le report des Jeux de Tokyo. Cette concordance est heureuse car ce sont les premiers concernés. Entre la peur de devoir aller à Tokyo cet été et l'incertitude qui régnait quant à une éventuelle annulation, c'est donc le soulagement qui domine. Les athlètes français, de Teddy Riner à Kevin Mayer, ont parfaitement traduit ce sentiment général. Dans le monde, l'annonce a également été accueillie avec sérénité, et même parfois une certaine philosophie. La meilleure formule a peut-être été trouvée par la Britannique Dina Asher-Smith : "même feu, date différente".

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Le meilleur nageur de brasse de tous les temps, le Britannique Adam Peaty, évoque lui un poids sur les épaules en moins. "Beaucoup de sportifs peuvent enfin respirer. On sentait trop la pression de l'entraînement et de la compétition à venir", déclare à la BBC le double recordman du monde du 50 et du 100 mètres brasse.  

Pour autant, et même s'il était devenu inévitable, le report de ces JO n'en a pas moins constitué un choc. "C'est une déception", avoue Armand "Mondo" Duplantis. Actuellement dans la forme de sa vie, le nouveau recordman du monde du saut à la perche (6,18m), devait être l'une des grandes stars de l'athlétisme à Tokyo. Mais l'Américano-Suédois sait aussi faire la part des choses. "Je suis déçu de ne pas pouvoir concourir cet été mais on doit tous comprendre qu'il y a des choses un peu plus importantes que le sport..."  

Une autre star attendue sur le tartan, Noah Lyles, était quant à lui rassuré. "Ma première préoccupation était que tout le monde ne joue pas avec sa santé et puisse avoir des chances égales au moment des JO", soufflait au site trackandfields.com celui qui aurait été le grand favori du 200m l'été prochain. Sur la distance supérieure, le 400m, Wayde van Niekerk voit même le report des jeux comme une "chance" pour lui. Très longtemps blessé au genou, celui qui avait époustouflé le monde à Rio en battant le record du monde de Michael Johnson sur le tour de piste (43'03) essaie de "positiver". "Je vois dans ce report plus de temps pour me préparer, pour travailler et pour arriver à mon pic de forme aux JO" dit-il au South Africa's Daily Maverick.  

Course contre la montre  

Le rapport au temps, voilà ce qui détermine souvent la perception des athlètes face à cette décision. Le report des Jeux a redéfini une nouvelle temporalité, et donc une nouvelle course contre la montre. Fatalement, les sportifs les plus vieillissants se montrent plus amers quant à cette annonce car le temps joue inévitablement contre eux. Dans un an, ils seront, logiquement, plus déclinants encore.  

Allyson Felix est le parfait exemple de cette amertume. Après 16 ans au sommet de son sport, l'Américaine de 34 ans se préparait à une dernière danse olympique en guise de conclusion d'une brillante carrière où elle a amassé 13 titres de championne du monde et six médailles d'or olympiques. 

Pour elle, ce n'est pas le soulagement qui l'a emporté après l'annonce du report. Ses premiers mots, adressés au magazine Time, ont d'abord trahi un grand désarroi. "Ce matin, je me sens seule, effrayée et pleine d'incertitude. Comme le reste du monde, j'ai appris que les Jeux olympiques de Tokyo sont reportés à 2021 en raison de la pandémie de Covid-19". Si elle précise aussi que ses "objectifs n'ont pas changé" et qu'elle espère "revivre l'expérience de monter sur un podium olympique", elle avoue aussi que "cette nouvelle ressemble à un coup fatal".  

On retrouve ce même sentiment d'injustice chez deux nageurs d'exception, mais qui sont plutôt sur la pente physique descendante, Ryan Lochte et Federica Pellegrini. "J'étais un peu énervé parce que je m'entraînais et que je me sentais bien", a ainsi déclaré l'Américain, douze fois médaillé olympique. S'il reconnait que tout cela le dépasse largement il promet aussi qu'il sera encore là dans un an. "Il y a encore tant de choses que je veux accomplir dans ce sport. Je ne laisserai pas cela (le coronavirus) y faire obstacle".

Pellegrini, elle, est plus fataliste : "Je n'arrive pas à y croire. Cela ressemble à une blague. Je ne sais pas si c'est le destin ou une coïncidence mais le fait est que je ne peux pas m'arrêter de nager. Maintenant il faut tout reprogrammer... J'espère juste que mon corps tiendra une année de plus".    

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