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Grossesse et sport de haut niveau

Cécilia Berder, vice-championne olympique d’escrime à Tokyo nous fait entrer chaque semaine dans le monde olympique. On parle cette semaine de la grossesse et du sport de haut niveau.

Article rédigé par franceinfo, Cécilia Berder
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La joie de la sabreuse française Cécilia Berder, médaillée d'argent par équipes samedi 31 juillet 2021, à Chiba aux Jeux de Tokyo. (RADIO FRANCE / XAVIER MONFERRAN)

A l'occasion de la sortie d'un guide réalisé par le ministère des Sports sur le sport de haut niveau et la maternité, plusieurs témoignages de femmes démontrent la cohérence et la magie de ce double projet.

Nausées, prises de poids, corps chamboulé, réorganisation de sa vie... A première vue, on pourrait croire que maternité et sport de haut niveau ne sont pas très compatibles. Pourtant, je suis aujourd'hui dans mon 7e mois de grossesse et je peux continuer à bouger. En adaptant et évidemment, en étant suivie par des spécialistes.

La grossesse : une nouvelle découverte de son corps

Étonnamment même, la grossesse m'aide à progresser dans certains domaines. J'ai par exemple un corps plus souple, grâce à la relaxine, une hormone de grossesse. Cela m'a permis d'atteindre certaines positions en yoga jusqu'à présent inaccessibles. Mes hanches sont plus larges. Les douleurs dans cette zone, très souvent usée chez l'escrimeur, ont ainsi diminué. En piscine, quel bonheur d'être enceinte. Une "bouée intégrée" pour mieux flotter s'est glissée sous mon maillot.

Côté escrime, je ne fais évidemment plus de combats, mais cela me laisse un peu plus de temps pour soigner les blessures d'usure, ou pour muscler des zones parfois oubliées, comme le pied ou l'épaule. Autre avantage : mes séances de cardio, sur vélo d'appartement, se sont aussi bien écourtées. Après quelques coups de pédale, j'arrive plus rapidement en zone rouge. La règle d'or durant la maternité consiste à être toujours en capacité de parler durant un effort.

Ce guide sur le sport de haut niveau et la grossesse le prouve : on peut revenir plus forte après une grossesse. On pourrait presque parler d'un avantage déloyal par rapport aux hommes.

L'importance d'être accompagnée

Je les appelle mes garde-fous. Ma prof' de piscine, ma préparatrice physique, ma gynécologue savent trouver les mots pour me fixer un nouveau cadre. Quand on connaît son corps, il y a beaucoup de bon sens. Mais se bouger, en étant entourée de spécialistes, rassure et donne confiance et énergie.

Ce guide arrive aussi à point nommé pour casser quelques idées reçues et pour continuer de faire évoluer les mentalités au sein des fédérations, des clubs, des entraîneurs. Un tel partage d'expériences permet à toutes les femmes, qu'importe leur situation, de trouver des réponses. Enfin, comme les athlètes d'aujourd'hui seront peut être les entraîneurs de demain, lier grossesse et sport de haut niveau peut devenir pour la nouvelle génération possible et inspirant.

Évidemment, quand l'enfant arrivera dans ce quotidien fait de voyages, d'aléas, de stages, de compétitions et de challenges, une nouvelle organisation devra être trouvée. Mais j'en suis persuadée aussi : une naissance permet d'aller plus facilement à l'essentiel, d'être moins sensible aux commérages. En un mot : de comprendre le sens des priorités.

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