"Il n'y aura pas de médaille usurpée à Tokyo", assure le président du CNOSF Denis Masséglia à J-100 des JO
De l'absence du public étranger à la nécessité de vacciner ou non les athlètes en passant par les objectifs de médailles, le président du CNOSF Denis Masséglia nous a accordé un entretien, à 100 jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Tokyo. Il prévient, "aucune médaille ne sera usurpée" lors de l'édition japonaise.
Quel est votre sentiment à J-100 du début des Jeux olympiques de Tokyo ? Est-ce que l'on peut s’attendre, malgré tout, à une belle fête pour ces Jeux "pas vraiment ordinaires" ?
Denis Masséglia : "C'est sûr que les Jeux seront disputés dans un contexte spécial. Toutefois, le plus important est qu'ils aient lieu. Là-dessus nous avons suffisamment de garanties de la part du Comité international olympique (CIO) et du gouvernement japonais. Tous les efforts ont été mis en oeuvre et les conditions cette année ne sont pas les mêmes que celles de 2020 où on découvrait la pandémie. Aujourd'hui, la vaccination progresse, une certaine expérience a été acquise sur les conditions de transmission du virus... tout cela fait qu'on peut être un peu plus confiants."
Quelle a été votre réaction au moment de l’annonce de l’absence de public étranger ?
D.M. : "Je me suis dit que, certes ce seront des JO spéciaux, mais il y aura tout de même du public, même si on peut penser qu'il sera quasi-exclusivement japonais [seules les personnes accréditées pourront venir de l'étranger]. Le point le plus délicat est pour les athlètes, qui ne pourront pas partager leurs émotions avec leurs proches alors qu'ils sont un élément essentiel dans leur réussite et leur préparation. Cela va créer un manque et une frustration. Mais cela ressemblera à la compétition classique parce qu'ils vont retrouver les adversaires qu'ils défient tout au long de l'année et ils sont habitués, depuis plus d'un an maintenant, à des situations de huis-clos."
Vous qui êtes au plus proche de la délégation française, comment ont réagi les athlètes au fait de ne pas pouvoir vivre ces JO entourés par leur familles ?
D.M. : "Les Jeux olympiques, pour les athlètes, c'est l'évènement de leur vie sportive. Le plus important est qu'ils aient lieu. Si, l'année dernière, tous les sportifs étaient préoccupés par le côté sanitaire et le report, cette année, c'est une solution satisfaisante qui leur est proposée."
"Je pense que les athlètes ont tout intérêt à être vaccinés"
On discute aussi beaucoup d'un passeport vaccinal pour celles et ceux qui vont se rendre à Tokyo. Quelle est votre position ? Le CIO a estimé de son côté que la vaccination n’était pas obligatoire...
D.M. : "Que l'on s'entende bien : le fait qu'un athlète soit vacciné ne l'empêche pas d'être contagieux s'il attrape la Covid-19. C'est juste que les effets du virus seront atténués par le vaccin. En terme de performance sportive, il me semble que, pour un athlète, c'est fondamental de ne pas se poser la question de savoir s'il va être asymptomatique ou pas, et de ne pas être perturbé dans sa préparation en se disant : 'pourvu que je n'attrape pas la Covid au dernier moment". Pour ces raisons il a tout intérêt à être vacciné."
Selon vous, les athlètes devraient être prioritaires pour la vaccination ?
D.M. : "On pouvait concevoir que les sportifs de haut niveau ne soient pas prioritaires à un moment où le public prioritaire était les personnages âgées, les plus fragiles. Aujourd'hui, la question d'approvisionnement est en train d'être résolue, les athlètes ne prendront la place de personne s'ils sont vaccinés. La délégation devrait comprendre autour de 380 personnes et on va avoir 500 athlètes à vacciner, a priori cela devrait être possible, surtout si on organise une vaccination à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) où tout le monde pourrait venir. Cela ne me paraît pas insurmontable."
"Ce serait bien qu'on puisse répondre positivement à l'appel de Thomas Bach qui disait que les Jeux à Tokyo seraient "la lumière au bout du tunnel""
Est-ce qu’un objectif de médailles a été fixé ?
D.M. : "Non, on ne l'a pas indiqué parce qu'il y a des inconnues dans la préparation. Il n'y a pas eu beaucoup de compétitions dans pas mal de disciplines. C'est compliqué de faire des prévisions. Moi, je souhaite que tout le monde soit sur un pied d'égalité pour arriver à disputer des Jeux qui soient les plus légitimes possibles du point de vue de la performance sportive. Je crois sincèrement que tout le monde s'est préparé en changeant de méthode, en s'adaptant, en travaillant autrement."
D'autant que toutes les qualifications pour les JO ne sont pas terminées...
D.M. : "Exactement. Certains et certaines, comme Élodie Clouvel, médaillée d'argent en pentathlon moderne à Rio, sont encore en train d'aller chercher leur sélection. Ça montre bien que les conditions de préparation ne sont pas classiques. Mais la faculté d'adaptation fait aussi partie du sportif de haut niveau. Il n'y aura pas de médaille usurpée à Tokyo, je crois qu'on va avoir de beaux Jeux sur le plan sportif. Ce serait bien qu'on puisse répondre positivement à l'appel de Thomas Bach qui disait que les Jeux à Tokyo seraient 'la lumière au bout du tunnel'. Je l'espère de tout coeur."
Est-ce que des noms se précisent pour les porte-drapeaux ?
D.M. : "Je suis très content qu'on ait trouvé la bonne formule. Deux athlètes, un homme et une femme, de chaque discipline présente aux Jeux, sont désignés par leur fédération. Ils vont voter pour leurs porte-drapeaux. Qui seront-ils ? Les athlètes choisiront. Le palmarès, le rayonnement, l'implication aussi... le porte-drapeau est le capitaine de l'équipe, c'est un facteur qui intervient dans le jugement et le bulletin de vote."
Sur le plan plus personnel, vous allez rendre votre tablier de président du CNOSF dans deux mois et demi. Quel est votre sentiment avant la fin de cette aventure de 12 années ?
D.M. : "J'ai essayé d'être présent pour apporter mon soutien aux athlètes français. A Rio, quand on attendait encore la première médaille d'or, j'étais sur le plateau de France TV le lundi soir et j'avais dit : 'demain ça va marcher'. Le mardi matin, je suis allé à Deodoro, sur le site des épreuves équestre. J'étais le seul Français avec la consultante de l'époque Virginie Couperie-Eiffel. Il n'y avait personne dans les tribunes et ça a été la première médaille d'or française à l'issue du concours complet. J'ai dégusté les Jeux comme un fan, quel que soit le sport. Mais je reste aussi un inconditionnel de la limitation d'âge et de la limitation du nombre de mandats. J'ai milité pour que toutes les élections aient lieu avant les Jeux de Tokyo. Il fallait montrer l'exemple pour les autres présidents de fédérations."
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