Istanbul, Madrid et Tokyo dans l'attente
Istanbul, le compromis
Des quatre précédentes candidatures formulées par Istanbul (pour les JO de 2000, 2004, 2008 et 2012), aucune n’avait encore convaincu le CIO. Cette fois, les Turcs qui ont misé sur l’image d’un pont entre les peuples, sentent que le vent peut tourner en leur faveur. Le slogan « Bridge Together » insiste en effet sur la spécificité géographique de la plus grande métropole de Turquie, qui se trouve entre le continent européen et asiatique. Cette république qui cherche encore à solidifier ses bases démocratiques, pourrait même devenir le premier pays à majorité musulmane à accueillir les Jeux. Hormis la dimension symbolique non négligeable de cette candidature, la capitale culturelle de la Turquie a démontré qu’elle était capable d’organiser de belles manifestations sportives avec la tenue notamment cet été des Jeux méditerranéens. Deux problèmes restent néanmoins sans réponse limpide. Les transports, avec de surcroît des sites dispersés, ont d’ores et déjà été pointés du doigt par les observateurs du CIO. Mais ce qui inquiète le plus, est sans doute la crise sociétale émergente. Les nombreuses manifestations –parfois violentes- et surtout la manière dont le gouvernement les a gérées laissent quelque peu perplexe.
Madrid à l’heure de la crise
Organiser des JO que l’on sait coûteux en Espagne a de quoi inquiéter à l’heure où le pays subit de plein fouet la crise financière. Mais de ce point faible, les représentants madrilènes en ont fait un atout. Si l’on compare à ses deux rivaux, le dossier espagnol est d’assez loin le moins dépensier. Avec un budget estimé à 2,35 milliards d’euros, et une facture totale chiffrée à 3,93 milliards, ce projet a le mérite de rappeler à tout ce joli monde, qu’il n’est pas forcément utile de dépenser des sommes astronomiques pour assurer la tenue du grand rendez-vous planétaire. Alors que les JO de Sotchi et leur coût démesuré (on parle de 40 milliards d’euros) ont fait grincer quelques dents, il ne serait pas impensable d’assister à un changement de cap. Avec plus de 80% des infrastructures déjà bâties, et des sites répartis sur moins de dix kilomètres, Madrid a une grosse carte à jouer, même si le taux de chômage affiche plus que 26 %.
Tokyo, l’héritage de 1964
Comme Istanbul, et Madrid, le troisième « finaliste » présente à la fois des atouts et des inconvénients. Tokyo, a ainsi l’avantage (ou l’inconvénient) d’avoir déjà accueilli les Jeux olympiques en 1964, et le Japon peut se targuer d’avoir organisé les JO d’hiver de 1972 à Nagano et ceux de 1998 à Nagano. La capitale nippone présente un solide dossier, qui se veut à la fois fier de son héritage acquis 56 ans plus tôt, et tourné vers l’avenir. « Découvrir demain » est ainsi la formule prônée par le comité japonais. Les deux zones dédiées aux compétitions reprennent d’ailleurs ces deux idées, avec l’une reprenant des infrastructures qui avaient déjà servi en 1964, et l’autre plus moderne, située en front de mer. Financièrement parlant, Tokyo-2020 a de quoi séduire avec notamment la création d’un fonds spécial en banque doté déjà de 3,4 milliards d’euros. Mais ce gage de sécurité est quelque peu ébranlé par les fuites d’eau radioactive émanant de la tristement célèbre centrale nucléaire de Fukushima. Et l’idée de confier l’organisation des JO à une ancienne ville olympique, peut déplaire à un CIO qui se veut ouvert à la mondialisation.
La France en faveur de Tokyo ?
Inutile de rappeler que l’organisation des JO revêt une importance qui dépasse le cadre du sport. Les enjeux financiers, et a fortiori politiques sont considérables. Et comme en politique, le vote se jouera inévitablement en coulisses. Le lobbying qui avait coûté si cher à Paris-2012 pourrait bien faire basculer le vote, d’un côté comme de l’autre. Les trois membres espagnols du CIO (contre un turc et un japonais) ne pourront voter, mais ils seront plus nombreux pour convaincre les hésitants. Cela dit, inutile aussi de rappeler que certains pays dont la France, auront une préférence pour Tokyo. Le jeu de la rotation des continents, faciliterait en effet une candidature tricolore pour 2024…
Vidéo: présentation des trois finalistes
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