JO 2016 : François Pervis en quête d'accomplissement à Rio
Les Mondiaux 2016 ? Déjà oubliés
Au mois de mars dernier, François Pervis et l’équipe de France se présentent aux Mondiaux de cyclisme-sur-piste qui se déroulent à Londres. Le sprinteur arrive avec un statut de double champion du monde à défendre (kilomètre et keirin) acquis à Saint-Quentin-en-Yvelines en 2015. Il quittera la capitale britannique sans aucune médaille et des doutes plein la tête. Londres a été un fiasco, tout simplement. Forfait sur le kilomètre, il a été éliminé dès le premier tour de la vitesse individuelle et au deuxième tour du keirin. A l’époque, il parlait "de problèmes personnels, d’ordre privé" et assurait être "sans sensation". "La claque de Londres a été vite digérée, avouait-il quelques semaines après, elle était plus ou moins programmée. Je savais que je ne marchais pas du tout. Je n’avais pas fait forcément tout ce qu’il fallait. Ce n’était pas une surprise". Il était temps de se tourner vers les Jeux.
Comme un gamin
François Pervis a beau avoir tout gagné au niveau mondial, les JO suscitent son enthousiasme. L’effervescence des Jeux, le melting-pot international et sportif, tout ça, il en rêve. "Quand on est sur place, on voit les infrastructures, les pays, les stars mondiales dans le Village. C’est un concentré de stars, de talent et de performance. On peut croiser une petite de 16 ans qui fait 1m30 mais ça se trouve demain elle sera championne olympique, car elle est gymnaste", déclare-t-il. "C’est une découverte, c’est grandiose, c’est une autre planète, un autre monde". Une énumération qui trahit son excitation. Malgré son statut de remplaçant à Londres, il avait profité de l’expérience. "J’avais eu l’impression d’être sur mon petit nuage. A Athènes aussi". Tout ça rend cet événement "magique".
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Les JO 2012 l’ont fait grandir
Il y a quatre ans, François Pervis est persuadé d’avoir sa chance avec la vitesse tricolore. Mais les sélectionneurs ont décideront autrement et feront confiance au trio Grégory Baugé, Kevin Sireau et Michael D’Almeida. Une désillusion terrible car le DTN lui avait promis des choses. "Dans les yeux, deux fois, il avait dit qu’il allait me prendre", ressasse-t-il. Le jour de l’annonce de la sélection, il a été "surpris et dévasté". Mais cet épisode l’a fait grandir. Cette claque l’a obligé à se remettre en question, chose qu’il n’aurait pas faîte s’il avait été pris. "Aujourd’hui, j’ai encore gros sur la patate et je suis très revanchard, mais je ne serai pas devant vous (les journalistes, ndlr), avec un tel palmarès", assure-t-il, s’il avait roulé sur la piste à Londres.
Lire aussi : Grégory Baugé et François Pervis vu par Laurent Gané
Seule bouffée d’air à Londres, la trajectoire de son colocataire au Village olympique, le sprinteur de Direct Energie, Bryan Coquard. "On était à Londres en chambre alors qu’il était remplaçant, ce n’était pas facile à vivre, se souvient le jeune coureur, alors je lui souhaite un gros m…. et bon courage pour les Jeux". Pervis, de passage sur les routes du Tour 2016 alors que le peloton empruntait les routes de Mayenne, se rappelle de ses moments. "Ça me donne des frissons, avoue-t-il, Bryan a été vice-champion olympique très, très jeune. C’étaient des mauvais moments pour moi, mais j’ai partagé ces très bons moments avec lui. On était au club France après sa médaille et j’étais son photographe, je prenais des photos et des vidéos, il était sur la scène. C’était magique".
Un voyage au Japon salvateur
Que s’est-il passé en quatre ans ? Pervis a bossé, il s’est développé "physiquement et mentalement". Il a fait tomber ses barrières. On lui reprochait d’être trop tendre, il s’est blindé. Il s’est ouvert, a rencontré des préparateurs mentaux, a voyagé. Au Japon notamment. "Là-bas, j’ai vu l’avant et l’après Fukushima". Ce voyage, quasi-initiatique, le transforme. Il prend de la caisse ("c’était costaud"), mais surtout, il mûrit. "J’ai vu des gens très impactés par la catastrophe de Fukushima, qui ont dû tout recommencer. Ils vivaient à Fukushima et devaient commencer une nouvelle vie. Jamais ils ne se sont plaints. Moi je me plaignais, je me trouvais des excuses". Ces longues années de disette, entre 2006 et 2012, où il participe aux Mondiaux sans décrocher l’or lui revienne en tête. "Je me trouvais des excuses. A 28 ans, je me suis dit qu’il était temps de gagner".
Cette reconstruction passe par la recherche du plaisir perdu : "j’avais oublié cette notion, je l’ai réintégrée dans mon entraînement, je me suis rappelé pourquoi je m’entraînais". Quand il raconte tout ça, Pervis vous fixe. L’homme est sincère et se livre, sans tricher. "Je devais profiter de ce que je vivais, insiste-t-il, je suis un sportif de haut niveau, je fais le tour du monde deux fois par an, je vis de ma passion". Il fouille dans son passé, dans son enfance, prend l’exemple de ses parents. Sa mère à l’usine au SMIC, son père agriculteur, les difficultés… C’est sa thérapie qu’il raconte. "Il fallait que j’arrête de me plaindre et que j’ouvre les yeux". Il fallait qu’il en passe par là pour trouver la lumière… Aux Mondiaux suivants, en 2013, il remporte son premier titre sur le kilomètre.
Une médaille et plus si affinités
A Rio, le vieux briscard qu’il est devenu sait qu’il ne va pas falloir se dissiper pour briller. "Il y a des salles de jeux, tellement de sollicitations, qu’on peut perdre du jus et de l’influx. Après on est pro, mais on peut être surexcité et ça peut bouffer du jus. Un novice peut passer à côté de l’événement et oublier ce pourquoi il est là". Lui sait très bien la raison de sa venue : "une médaille olympique". L’homme est prudent. "Il faut parfois s’en satisfaire, avoue-t-il, mais en étant champion du monde plusieurs années de suite dans plusieurs disciplines, on ne vise que l’or".
Mais l’ampleur de l’événement, sa rareté, sa fréquence font que les JO restent un événement spécial. "Cela compte beaucoup plus que toutes les autres compétitions et parfois une médaille d’argent aux JO vaut une médaille d’or", avoue le triple champion du monde 2014. "Il ne faut pas cracher dans la soupe. Une médaille olympique dans un palmarès, c’est très, très beau. Tu l’as chez toi, tu la ressors à tes enfants et tes petits enfants en disant ça c’est une médaille olympique. C’est le Graal. Des millions de sportifs rêvent de ça, tu ne peux pas te dire ‘fais chier je finis troisième’". A Rio, François Pervis va vivre "un accomplissement". Il est prêt à en découdre. La peur ? "Vous voulez que j’ai peur de qui et de quoi ?", conclut-il.
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