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L'imbroglio Diniz

Disqualifié à Pékin au kilomètre 16 pour marche irrégulière à Pékin, Yohann Diniz a de nouveau dégusté, à Londres cette fois, en perdant le bénéfice de sa place de finaliste (8e). Après sa disqualification pour ravitaillement hors zone, il s’en est suivi un micmac incroyable en zone mixte. Et tard dans la soirée, son appel a été rejeté.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
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Yohann Diniz

Prévenu de la disqualification de Yohann Diniz quelques minutes avant la fin de ce très éprouvant 50 km, l’entraîneur du marcheur n’a pas voulu prévenir son athlète avant l’arrivée, ce qui est compréhensible. Et comme il n’a pas pu le voir immédiatement après, ce sont les journalistes qui ont annoncé à Diniz sa mise hors course.

"On est furieux"

Pascal Chirat hésitait entre énervement et résignation, quelques minutes après l’arrivée de son poulain. Il ne comprenait pas la décision des juges-arbitres. « A priori, il a bien ravitaillé dans la zone autorisée », a-t-il commencé. « Il y a deux zones dans lesquelles les marcheurs peuvent ravitailler et donc prendre de l’eau. Une zone de ravitaillement des boissons perso, avec une entrée et une sortie : ils doivent prendre la bouteille dans cette zone mais peuvent la boire quand ils veulent ensuite. Et puis il y a le point d’eau. Ils peuvent prendre une bouteille et s’en servir comme ils veulent, s’asperger par exemple, ce qu’aurait fait Yohann ».

"Un juge l’aurait vu"

« Un juge l’aurait vu sur un ravitaillement hors zones. Ils l’ont donc disqualifié. La fédération va donc faire appel », a-t-il poursuivi. « On est furieux. Lui dit qu’il n’a rien pris. Yohann n’est pas un menteur. Selon le juge, cela s’est produit à l’opposé du demi-tour de l’arrivée, vers le km 1 ». Avant de modérer immédiatement ses propos. « On peut imaginer qu’un spectateur lui ait filé une bouteille et qu’il ne s’en souvienne pas à cause du manque de lucidité dû à la fatigue », a-t-il expliqué sans trop savoir où se situait la vérité.

"Pas un chrono de Ouin-Ouin"

« Ce serait une terrible déception s’il était disqualifié. Cette nouvelle épreuve résume toute sa carrière. Yohann a eu des hauts et des bas, comme sa chute à Barcelone. C’est le reflet du tempérament de ce garçon », a encore souligné Pascal Chirat. « Aujourd’hui, il fait 3h39, ce n’est pas un chrono de Ouin-Ouin. Il démarre bien et reste dans le groupe de tête mais il a souffert quand le Chinois a placé une accélération après le km 35. Ca a été le tournant de la course, davantage que sa chute », a-t-il dit.

« Sur sa chute, il est responsable. Je lui donne les consignes. D’habitude, il m’écoute sans me regarder. Là, il me regarde et son pied se prend dans la barrière de sécurité », confie-t-il. « Mais cette chute n’est que l’expression de la bascule mentale. Il est alors rentré dans une spirale négative ».

"Une grosse surprise"

Il tenait quand même à saluer la performance de son athlète. « Il y a sept mecs en moins de 3h39. Les Russes ont longtemps fait le rythme souhaité par Yohann, environ 4,20 km/h. Yohann fait un temps de podium », insiste-t-il, encore abasourdi par le coup du sort signifié quelques instants plus tôt.

Même s’il envisage de s’aligner à Rio en 2016 (son arrière grand-mère était brésilienne), Yohann Diniz a probablement raté ce samedi la marche d’accession au podium olympique. A 34 ans, il sait pertinemment que c’était le moment idéal. « Il semblerait que je sois disqualifié. Il faut que j’aille voir », a lâché le forçat de la route. « Ce serait pour un ravitaillement hors zone. Il y a problème là parce que je me suis toujours ravitaillé avec mes ravitailleurs ». Avant de conclure : « C’est la grosse surprise, je ne sais pas quoi dire ». La marche ne pardonne pas.

Et l'appel qu'avait déposé la délégation française juste après la course a été rejetée dans la soirée, de longues heures après l'arrivée.

 

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