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Magné : "La domination des Anglais va perdurer"

Trois fois champion du monde de keirin, Frédéric Magné, notre consultant pour le cyclisme sur piste, n’a aucun doute sur l’origine des performances exceptionnelles des pistards britanniques. Selon lui, les explications sont d’ordre technologique, et au niveau des méthodes d’entraînement.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
 

« Le succès des Britanniques ne date pas d’aujourd’hui. Ils ont mis au point une stratégie depuis 1998 sous la houlette de Peter Keen, l’ancien coach de Chris Boardman devenu véritable chef de cabinet du Ministre des Sports pour la haute performance, et de Dave Brailsford, le manager actuel de la formation Sky, qui a cartonné sur le Tour de France en juillet. Ils ont eu leur premier grand résultat avec la médaille d’or du km aux JO de Sydney pour Jason Queally. Ils bénéficient de subventions via le loto national. Ils ont de gros moyens qui sont bien utilisés : ils vont chercher des entraîneurs, ils se concentrent sur des disciplines porteuses et ça marche. En 2004 à Athènes, ils avaient déjà beaucoup progressé et ils sont au top en 2008 à Pékin.

L’argent, le nerf de la guerre

Maintenant, ils ont bien caché leur jeu depuis pour arriver en forme cet été. Pour eux, seules les médailles olympiques comptent vraiment. En tous cas beaucoup plus que les titres de champion du monde. Ils ont donc mis des moyens colossaux dans la technologie, le matériel, les méthodes d’entraînement, la respiration. Un exemple : ils sont arrivés à Londres avec des cuissards chauffants afin que les pistards ne se refroidissent pas les muscles entre deux manches. Ils auraient pu sortir cette trouvaille aux Mondiaux de Melbourne mais ils ont préféré attendre pour surprendre la concurrence.

Une expertise dans tous les secteurs

En fait, les autres nations courent après les Britanniques. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Ce travail va perdurer. Ils possèdent une expertise dans tous les secteurs, humains, financiers, physiques et technologiques. La situation économique est difficile en ce moment en Europe. On coupe dans les budgets du sport et de la culture plus que dans l’éducation ou l’économie. Avec la loterie anglaise, ils ont des moyens supplémentaires permettant de s’offrir une approche systématique de la performance. Une anecdote : en 2001, ils n’avaient pas d’entraîneurs de très haut niveau et envoyaient certains éléments prometteurs en Suisse, à Aigle, au siège de l’UCI où il y a un centre de performance pointu. J’ai ainsi entraîné Victoria Pendleton, future championne olympique de la vitesse individuelle (2008) et du keirin (2012). Toutes les médailles d’or des cyclistes britanniques ne doivent rien au hasard. Elles proviennent vraiment d’un travail de fond. Je n’ai aucun doute là-dessus ».

Le secret des Britanniques

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