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Paris 2024: Pourquoi la facture du séjour à Lima fait polémique

Quinze jours après l'attribution des Jeux Olympiques de 2024 à Paris à l'issue d'un grand oral à Lima (Pérou), Mediapart a révélé que le déplacement de la délégation française en Amérique du Sud avait coûté la bagatelle de 1.5 million d'euros. Une dépense qui fait forcément polémique.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

- Un million et demi pour quoi faire?
Réponse:
La location d'un Boeing, la privatisation d'un restaurant huppé de Lima pour fêter la victoire, la location de salles, la logistique, l'hébergement en hôtel 5 étoiles des 230 à 240 membres de la délégation -- dont la moitié cependant ont payé leur voyage, selon le comité de candidature...
Les dépenses de Paris-2024, révélées par Médiapart mardi, sont certes proportionnelles à l'ampleur de la délégation mais elles comportent une partie incompressible. "Même une fois la victoire assurée (depuis le renoncement de Los Angeles, fin juillet 2017), il fallait se rendre à Lima, assurer une présentation devant les membres du Comité international olympique (CIO) nécessitant une certaine logistique, la production de films, l'emploi de techniciens" indique un membre du comité de candidature. Un "minimum syndical" estimé à environ 500.000 euros par les organisateurs, auxquels il faut ajouter le coût d'une indispensable délégation.

- Est-ce choquant?
Réponse:
La polémique tombe à un très mauvais moment pour les organisateurs de Jeux censés être économes avec 6,6 milliards de budget prévisionnel, soit deux fois moins que Londres-2012.
L'annonce de la baisse de 7% du budget des sports (soit 36 millions d'euros), mercredi, la suppression programmée des emplois aidés qui pénalisera d'abord les petits clubs, peuvent légitimement être mis en miroir avec la facture du séjour péruvien, acquittée pour moitié par de l'argent public, dans un contexte de contrainte budgétaire généralisée.
"Je ne sais pas où l'on place la barre de la sobriété", s'est ainsi ému Yves Contassot, élu vert au Conseil de Paris.
Cependant, on peut également (et les partisans de Paris-2024 ne s'en privent pas) rappeler que le séjour de Paris-2012 à Singapour il y a douze ans, avait coûté peu ou prou le même prix avec, en supplément, le film de Luc Besson à 6 millions d'euros. Pour le résultat piteux que l'on sait.

- Etait-ce évitable?
Réponse:
La polémique, oui. Sans nul doute. Lorsque le 31 juillet, Los Angeles a jeté l'éponge pour 2024 laissant le champ libre à Paris, il aurait été possible de réduire considérablement la voilure sur le déplacement, ce qu'a d'ailleurs fait Los Angeles désigné pour 2028. Devant l'absence de suspens, le CIO avait limité à ce moment-là de 100 à 60 le nombre de personnes admises par délégation dans la salle au soir de la validation de l'attribution des Jeux.
Mais "allez dire à un élu local, un partenaire économique, un président de fédération, qui a mouillé la chemise pour la candidature pendant deux ans et va encore le faire pendant les sept ans qui viennent que finalement, il reste à la maison....", tente un responsable de Paris-2024. "Et on ne va pas faire dormir un ministre, un élu local ou un chef d'entreprise du CAC 40 dans un deux étoiles", reprend cette même source. Ce que la ministre des sports Laura Flessel exliquait jeudi matin sur France Bleu Provence par "le respect des partenaires".
Impossible donc de faire renoncer au voyage, et à la place sur la photo, le moindre des invités initialement prévus et pour lesquels par ailleurs le voyage était déjà payé. Seul l'ancien ministre Patrick Kanner a renoncé au déplacement.
En revanche, Paris-2024 a instauré deux catégories d'invités, la seconde, comprenant les personnes ne faisant pas partie des 60 accrédités auprès du CIO, a payé son voyage, soit 2.600 euros par personne avec une place d'avion en classe économique.

- Où sont les torts de Paris-2024?
Réponse:
Sans doute de n'avoir pas anticipé la polémique. Et de la part des membres fondateurs de Paris-2024 -Ville, Etat, Région, CNOSF- de n'avoir pas autoritairement réduit, après le retrait de Los Angeles, le budget de 1,5 million prévu en février 2017 en coupant notamment dans la liste d'invités.
Par ailleurs, Paris n'a pas exploité, dès le retour de Lima, le solde positif du budget de la candidature. Avec 60 millions, le dossier 2024 reposait pour moitié sur les contributions des collectivités et de l'Etat, pour moitié sur le parrainage de ses seize partenaires privés.
Au 13 septembre, date de l'attribution des Jeux, et malgré les dépenses polémiques de Lima, "le budget de la candidature reste créditeur de 3 à 4 millions d'euros qui seront rendus à la Ville de Paris, à la Région Ile-de-France et à l'Etat", dit-on au comité de candidature.

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