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Pourquoi la défaite des Experts contre la Croatie n'est pas inquiétante

Battue par la Croatie (29-28), l'équipe de France masculine a connu son premier revers de sa compétition olympique à Rio. Mais cette défaite n'inquiète pas grand-monde dans le collectif, même si elle n'a pas été appréciée par les joueurs. Voici pourquoi.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
 

Un match sans grand enjeu pour les Bleus

Déjà qualifiée pour les quarts de finale avant ce match, l'équipe de France ne jouait pas grand-chose, contrairement aux Croates, qui cherchaient à valider leur ticket. "Les Croates n’étaient pas encore qualifiées avant le match. Ce genre d’équipe se métamorphose dans ces cas-là. Inconsciemment, on est un peu tourné vers le quart", souligne Michael Guigou. "C’est toujours dérangeant de perdre, mais parfois, en perdant, on se remet en situation de combat", ajoute dans un sourire Claude Onesta, l'entraîneur. Le technicien ne semble pas mécontent d'avoir vu son équipe en difficulté. "Les Croates on mieux joué ce match que nous. Ils ont certainement mieux préparé le match. Ca me donne des éléments de progrès à réaliser." Luka Karabatic le reconnaît: "Ce n’est que la phase de poules. Il n’y a rien d’alarmant : il faut juste continuer à faire ce qu’on fait depuis le début et ça passera." Et Michael Guigou conclut: "Je préfère rater le penalty en match de poule qu’en finale. Ce qui est dommage, c’est que ce n’était pas un tir pour la gagner mais pour un nul. On a plus essayé de revenir au score que de gérer." Et l'expérimenté ailier se souvient que les Experts ont déjà remporté l'or en ayant fini en deuxième comme en première position à l'issue de la phase de poules.

Une Croatie novatrice en attaque

L'équipe de Croatie a parfaitement profité du nouveau règlement qui permet de sortir le gardien de but en phase offensive. Et elle a utilise cette tactique dès l'entame de la rencontre. Une tactique qui a perturbé les Bleus: "Je pense que c’est un match dans lequel on a été dominé tactiquement, plus que dans le jeu ouvert", estime Claude Onesta. "On avait anticipé (cette tactique), sauf qu’on n’a pas su s’y adapter. On l’a subie ce qui leur a permis de faire la course en tête et de diriger le match. On a été plutôt hésitant tout au long du match. C’est des situations qu’on découvre, ce n’est pas le handball qu’on connaît. On a bégayé les réponses données. A nous de travailler pour avoir l’air moins bête." Poutre de la défense, Luka Karabatic avoue qu'"on a eu un peu de mal au début, mais on a su s’adapter. C’est une bonne chose car d’autres équipes pourraient jouer comme ça. Il faut continuer à travailler." Mais Jérôme Fernandez, ancien capitaine de l'équipe aujourd'hui consultant France Télévisions, l'annonce: "A partir des quarts de finale, on verra moins les équipes sortir leur gardien pour être en supériorité numérique offensives."

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Les cadres de la base arrière en retrait

Perdre contre la Croatie d'un petit but en ratant le jet de 7m du match nul dans les dernières secondes, certains ténors du hand mondial en rêveraient presque. Surtout lorsque la base arrière titulaire a été en souffrance: Nikola Karabatic à 1/6 aux tirs, Daniel Narcisse à 0/5, Mathieu Grebille à 1/4. Et Luc Abalo n'a pas disputé la moindre minute dans cette rencontre. Laissé au frais pour la suite, sans doute. Avec trois cadres, déjà couronnés meilleurs joueurs du monde, moins performants, la France a fait pratiquement jeu égal. Heureusement, l'entrée en jeu de Timothy N'Guessan, en début de deuxième période, a redonné des couleurs avec un 5/6 (son seul échec est un poteau), tout comme la performance d'Adrien Dipanda (3/4) malgré ses deux pertes de balles initiales. "On a eu une base arrière un peu légère et manquant d’efficacité en première mi-temps. On a retrouvé avec l’entrée de N'Guessan une forme d’efficacité qui nous remet dans le match", analyse Claude Onesta. Et Michaël Guigou en rajoute: "Il faut dire ce qui a été bien ce soir : Dipanda a eu du mal au début mais a été meilleur par la suite, N'Guessan a fait un super retour après sa blessure et la cheville et ce sera très important pour la suite." Et Cédric Sorhaindo a été très productif au poste de pivot (4/5).

Thierry Omeyer pas encore décisif

Pour être titrée, l'équipe de France a toujours pu compter sur un très grand Thierry Omeyer. Le bientôt quadragénaire se connaît à la perfection, et sait se montrer décisif lorsqu'il le faut. S'il avait réalisé huit arrêts lors de la première période, permettant aux Bleus de se relancer dans le match, le portier du PSG a moins brillé ensuite. A l'arrivée, il termine avec une statistique modeste pour lui: 10 arrêts sur 36 tirs. En fin de match, il a ainsi été remplacé pour le dernier jet de 7m de la Croatie par Vincent Gérard, qui n'a pas fait mieux que lui dans cet exercice. A l'opposé, Pesic a sorti la tentative de Michael Guigou. Un symbole d'une équipe de France qui n'est pas encore entrée dans les choses sérieuses.

Du travail avant les quarts, déjà bien dans les têtes

Si on met de côté les regards noirs de Nikola Karabatic de Thierry Omeyer et de quelques autres, l'état d'urgence n'était pas décrété chez les Experts. "Il faudra que ce soit un mal pour un bien. On fera en sorte que cela le devienne", assure Claude Onesta, serein. "Rien n’est grave : tout le monde a laissé des points en route. C’est peut-être lié au fait de redevenir une équipe normale. On n’était pas complètement armé aujourd’hui dans la filière du combat. On a grillé notre joker. On a perdu, désormais on va jouer à égalité avec les autres. Il ne faut pas négliger ce qui s’est passé, identifier les performances moyennes de certains joueurs pour les aider à revenir à leur meilleur niveau, voir comment collectivement on peut résoudre les problèmes. On ne peut pas toujours se centrer sur nous. Il faut prendre la mesure de ce que proposent les autres." Luka Karabatic estime que "on n’est pas loin d’être en place. Il manque quelques petits détails." Avec toute son expérience, Michael Guigou avertit néanmoins: "Inconsciemment, on est un peu tourné vers le quart. Mais il faut se rendre compte que contre l’Argentine, on n’a pas fait la différence comme on devait, là c’est pareil. Il faut qu’on soit meilleurs, plus réguliers, plus forts." Et d'affirmer: "Il faut qu’on reprenne confiance, qu’on ne perde pas trop d’énergie dans le prochain match (Danemark, lundi) et qu’on se concentre petit à petit sur le quart de finale pour faire un gros match."

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