Report des JO - Jean-Christophe Rolland, l'un des 3 membres français du CIO : "Ce que l'on vit est irréel"
"On va dire que ça va". La voix est déterminée, le message clair. De Lausanne où il réside aujourd’hui avec sa famille, Jean Christophe Rolland doit se résigner : les JO de Tokyo sont reportés. "Maintenir les Jeux à la date du 24 juillet comportait trop d’incertitudes. Il y avait beaucoup d’interrogations de la part des athlètes mais aussi des fédérations. Désormais, cette incertitude là est levée, on peut se mettre en ordre de bataille."
Sacrifices et compromis
Levé à 5 heures du matin pour concilier sport de haut niveau, travail et vie professionnelle, Rolland sait mieux que quiconque ce que les mots "sacrifices et compromis" signifient. Ce sont précisément ces mots que Thomas Bach, son président au CIO, a prononcé lors de sa conférence de presse ce midi.
"C’est compliqué pour tout le monde, on rentre dans une zone qui n’est pas stabilisée. Il ne faut surtout pas penser qu’en repoussant la date, on fera la même chose dans les mêmes conditions avec un décalage dans le temps. Ce n’est pas possible, il faudra s’adapter dans tous les domaines. Sur le plan logistique, qui peut affirmer aujourd’hui que l’on pourra utiliser le village olympique dans un an ? Des gens ont acheté les appartements et devaient les récupérer après les Jeux. Ils ont peut-être déjà vendu leur logement. C’est illusoire de penser qu’on pourra faire un copier-coller. On ne parle pas d’une petite compétition, les dimensions contractuelles sont phénoménales."
Les JO, des anneaux avec beaucoup de zéros derrière. On lui fait remarquer que le Comité International Olympique a tergiversé avant d’annoncer dans la précipitation le report des Jeux. Il y a moins d’une semaine, après avoir auditionné athlètes et Fédérations, Thomas Bach estimait en effet que rien à ce stade ne pouvait empêcher le déroulement des Jeux.
90% des recettes vont dans le sport
"Les réunions de mardi et mercredi derniers portaient sur les modes de qualifications pour les 43% d’athlètes qui devaient encore se qualifier et qui ne le pouvaient pas compte tenu des annulations des compétitions. Le thème ne portait pas sur un éventuel report. Après coup, on peut toujours dire 'y’avait qu’à, fallait qu’on...' Quand on prend des décisions, c’est avec les éléments du moment. Il y a ceux qui voyaient les choses de façon pessimiste, d’autres beaucoup plus optimistes. On peut critiquer le CIO en disant qu’il n’a qu’une vision financière, je vous rappelle que 90% de ses recettes vont dans le sport, sans cet argent là les athlètes n’auraient pas d’aide. Il faut éviter les raccourcis et ne pas opposer les athlètes et les organisations. La seule question qui nous anime est : quel est le bénéfice pour les athlètes aujourd’hui, demain et après demain."
Le sport pour se recréer
Jean Christophe Rolland n’oublie pas qu’il a été athlète. Leurs angoisses sont aussi les siennes : "J’ai le sentiment de vivre dans un monde irréel. La nuit, je me dis qu’est ce qui se passe."
Une dernière question nous taraude, et si les Jeux étaient annulés ? "C’est le genre de scénario qui n’est absolument pas dans les discussions aujourd’hui surtout quand on voue toutes les énergies développées au niveau planétaire. Le Monde va se relever de cette catastrophe et de cette pandémie mais personne ne peut dire quand."
Une autre réunion téléphonique l’attend. Demain après ses 20 kilomètres de machine à ramer, il s’entretiendra avec le Bureau de Paris 2024. Il y sera forcément question du report des JO de Tokyo et de la crise sanitaire qui touche la planète. Jean-Christophe Rolland y apportera son énergie et sa détermination, humblement, à son image.
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