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Rio 2016 - Eric Delaunay, le tir sur un plateau

Champion d’Europe de skeet olympique en 2011, Eric Delaunay, qui débute la première journée du tournoi olympique de tir en skeet olympique, a gagné son ticket pour les Jeux Olympiques de Rio en prenant la 4e place des championnats d’Europe 2015. S’il ne vit pas de son sport, il vit pour son sport, avec une envie chevillée au corps de transmettre sa passion au plus grand nombre.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Le tireur français Eric Delaunay

Tout chez lui respire le tir. De son regard, qui aurait pu inspirer à Marc Lavoine sa chanson « Les yeux revolvers », au débit de sa voix, qui claque comme un tir de carabine, Eric Delaunay affiche sa passion sans demi-mesure. Fils d’armuriers, qui avaient en plus un stand de ball-trap, il est « né dedans, comme Obélix avec la potion ». Le tir, c’est toute sa vie ou presque. Depuis petit, il baigne dedans. La compétition s’est ajoutée dans sa jeunesse : « Dès que j’ai fait ma première compétition, j’ai aimé. C’est la finalité de l’entraînement. Dès que j’ai découvert la pression ça m’a plu tout de suite », souligne-t-il.

"C'est moi face à moi-même"

Le choix du skeet olympique (appelé aussi ball-trap) s’est ensuite imposé, même si cette discipline n’est pas très connue du grand public. « C’est assez rapide », précise le tireur de l’équipe de France. Trois plateaux à enchaîner, avec 30 secondes pour tirer chacun et « si je loupe un plateau, je n’ai pas le droit de tirer une deuxième fois dessus ». Efficace, simple. Ici, pas d’affrontement réel : « On est un sport à confrontation différée c’est-à-dire que je ne tire pas contre quelqu’un. Ce qui me fait gagner, c’est moi-même, ce qui me fait perdre aussi. Mes concurrents, ce sont les plateaux. C’est moi face à moi-même.»

Le Normand parle de son sport avec une passion enflammée, une activité qui « demande énormément de rigueur, de concentration. Le côté mental joue à 70% au tir, dans tous les aspects de ce sport. On sait tous casser des cibles. Le plus dur, c’est de les casser les unes derrières les autres, le jour J, à l’instant T. »

50 000 plateaux tirés en cette année olympique

Après avoir ramassé les plateaux sur le stand de tir de ses parents lorsqu’il était petit, il les casse désormais, à raison de 30 à 35 000 par an, et même 50 000 en cette année olympique. « Il faut être vif, rapide avec une bonne vision et une bonne anticipation », explique-t-il. Si le physique n’est pas prépondérant dans la pratique de ce sport, il s’adonne à un gros travail, bien visible quand on voit sa carrure : « Beaucoup de tireurs ne font que du tir. Le tir est très important mais on a une très grosse dépense mentale. Je suis plus fatigué de faire 3h de tir que de faire 5h de musculation. A chaque plateau, la concentration est totale. Du coup, je fais beaucoup de préparation physique. J’adore ça, et cela me permet d’avoir une balance entre fatigue mentale et physique. Pour bien dormir le soir, il me faut les deux. Je passe 3-4h au tir le matin, et 2h l’après-midi en salle de musculation. »

Et pour la tête, exercices de sophrologie, travail sur la respiration, imagerie mentale, il prend un peu partout pour progresser. « J’ai appris tout ça seul, en lisant, en regardant ce que font d’autres sportifs dans d’autres disciplines comme le golf où on peut avoir une approche similaire », raconte-t-il.

Rio comme une étape

A Rio, Eric Delaunay va découvrir les Jeux Olympiques. « Je les aborde comme une autre compétition », avertit-il. « Il ne faut surtout pas se comporter en gamin, qui regarde partout et se disperse. On est là pour notre compétition. » Et il aura une énorme ambition au Brésil : « J’y vais pour les gagner. Ce n’est pas pour faire de la figuration. Sur le papier, c’est plus facile de gagner les JO que les championnats du monde, puisque tu as une chance sur 40 alors qu’aux Mondiaux, c’est une chance sur 200. » Se définissant comme quelqu’un de cartésien, « très carré », Eric Delaunay ne voit pas le bout de son chemin à Rio, dans un sport où il n’y a pas de contraintes liées à l’âge : « J’ai envie que ce soit le début d’une longue série. Je veux d’abord vivre ceux-là à fond. Dans ma tête, j’ai envie de faire Tokyo, et encore plus Paris si on a la chance de les avoir. »

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