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Rio 2016 - L'affaire Lavillenie vue du Brésil : des torts partagés

Sifflé hier lors de la remise des médailles sur le podium du stade olympique, Renaud Lavillenie a laissé couler ses larmes. Après ses propos très durs sur le public brésilien, une partie du public ne lui avait pas pardonné. Mais tous les supporteurs n'ont pas la même vision de l'événement.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Vidéo: Renaud Lavillenie s'explique à la télévision brésilienne

VIDEO. Athlétisme: Renaud Lavillenie s’explique à la télévision brésilienne

En comparant sa situation lors du concours à la perche à celle de Jesse Owens aux Jeux de Berlin en 1936, et en disant que c'était un "public de merde" dans le stade olympique de Rio, Renaud Lavillenie a fait couler beaucoup d'encre. Et une partie du public le lui a rendu le lendemain en lui arrachant quelques larmes sur le podium.

Vidéo: Renaud Lavillenie sifflé sur le podium

VIDEO. Athlétisme : Renaud Lavillenie sifflé et en larmes sur le podium

Ce matin, dans le parc olympique, nous sommes allés à la rencontre des "torcidas auriverde". "Les supporters brésiliens ne sont pas habitués à ce genre de sport", explique Arthur, son maillot jaune du Brésil sur les épaules. "Au Brésil, la tradition c'est le football. Les supporters réagissent donc basiquement comme ils le font au stade de foot. Du coup, ils se comportent de cette manière, quelque soit le sport." A ses côtés, Flavio revient sur les propos du perchiste français: "On n'a pas été choqué, mais on n'est pas d'accord. C'est exagéré. Mais l'attitude du public étaient aussi exagérée." Renato n'a pas apprécié la sortie du Français: "Il a été très arrogant par rapport aux Brésiliens." Mais il n'y a aucune colère chez eux.

Vidéo: La réaction de Renaud Lavillenie après le podium

VIDEO. Athlétisme : Lavillenie s’est “senti humilié sur le podium”

Dans la presse nationale, Globo revient également sur le fait que Lavillenie n'a pas félicité son adversaire. Les propos de l'Américain Dick Fosburr, celui qui a révolutionné le saut en hauteur aux JO de 1968, a donné de l'eau à leur moulin: "La foule représente un peu la culture du pays, pas plus", a-t-il dit. "J'ai su qu'il n'avait pas félicité son adversaire lors de la compétition, et ça c'est très triste." Mais pour Tathiana Brasil, reporter à TV Record, l'une des chaînes brésiliennes, tout cela est oublié: "Ses propos sur la comparaison avec les Jeux de 1936 ont été malheureux. Mais il s'est excusé, et Thiago l'a fait applaudir par le public hier sur le podium." Et elle-aussi fait la part des choses: "Le public brésilien découvre un peu les Jeux Olympiques. Les Brésiliens sont des supporters chaleureux, explosifs, passionnés. Mais on ne peut pas outrepasser les limites du respect. Il faut garder l'esprit sportif. Le sport, c'est fait pour unir, pas pour désunir." Et pour elle, le bruit, les sifflets, "cela fait partie de nos caractéristiques."

Aujourd'hui, le quart de finale de handball entre la France et le Brésil était un bon moyen de tester une possible rancoeur des Cariocas à l'encontre des représentants tricolores. A l'entrée des joueurs, bronca lors de la sortie des Bleus. Mais un respect pour les hymnes. Pendant tout le match, les fans brésiliens ont fait du bruit, ont renversé la salle lorsque leur équipe marquait, ont sifflé les attaques françaises. Et à l'issue de la défaite, ils ont applaudi, et scandé "Brazil, Brazil".

Claude Onesta: "Une ambiance bon-enfant"

Pour Claude Onesta, l'entraîneur des doubles champions olympiques, l'ambiance est "bon-enfant. Je ne sais pas quelles sont les habitudes de l'athlétisme, mais je peux vous assurer que lorsque vous jouez une finale en Croatie contre leur équipe, ce n'est pas la même ambiance. Il y a de vraies sensations d'insécurité, qu'on n'a pas ici. Le public pousse, il siffle l'adversaire ce dont on peut débattre, mais cela fait partie des compétitions de ce niveau-là. Ca fait partie de la stabilité à savoir conserver dans des environnements hostiles. Mais cette hostilité est toute relative. C'est bruyant, festif, supporter, mais à aucune moment vous ne ressentez de sensation de peur." Un avis partagé par Nikola Karabatic, la star du hand tricolore: "On a l'habitude de jouer à l'extérieur, de se faire siffler, que ce soit au Danemark, en Allemagne... On est préparé et il faut l'être. Mais ce qui est triste, c'est les sifflets sur le podium."

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