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Rio 2016 - La bouffée d'oxygène du water-polo français

Battue par les Etats-Unis (6-3) pour leur troisième match et autant de défaites, l'équipe de France poursuit son apprentissage du très haut niveau. De retour aux Jeux Olympiques pour la première fois depuis 24 ans, le water-polo tricolore profite de ce retour dans la lumière. Sans se satisfaire de ses résultats.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Mathieu Peisson, premier buteur contre les USA à Rio (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA)

Il pleut, l'eau de la piscine vire au vert, et les Français sont toujours sans victoire. Pour la troisième fois, ils se sont inclinés. Mais ne comptez pas sur eux pour faire la tête, se détourner des rares micros qui se tendent vers eux. Vingt-quatre ans après leur dernière apparition dans une compétition de cette ampleur planétaire, ils sont heureux d'être là. "Je ne suis pas là pour pleurer. En ce moment, on assiste à des jérémiades de partout. Je ne veux pas qu’on tombe là-dedans", scande l'entraîneur Florian Bruzzo. Contrairement à certaines autres sportifs français, habitués à la lumière, qui ont défrayé la chronique ces derniers jours, le monde de l'olympisme les transporte. Pas au point de renverser leurs adversaires, pour le moment, mais leur fraîcheur, leur gentillesse font oublier quelques déboires tricolores.

Camarasa, capitaine diminué mais heureux

"Malgré la défaite, on garde le sourire", affirme Alexandre Camarasa, le capitaine de l'équipe. "Il y a du plaisir. C’est le rêve de tout sportif que d’être là." Il aurait pourtant toutes les raisons de faire la tête. L'équipe ne gagne pas, et lui joue peu, et en souffrant. Une opération l'attend en effet à l'issue des Jeux (pubalgie et les deux hanches), et ses problèmes physiques l'ont empêché cette année de travailler le bas du corps. "Or, le water-polo, c'est les jambes", dit-il. Du coup, "ce n’est plus moi qui porte cette équipe", concède-t-il. "C’est une déception de ne pas faire les Jeux à 100%." Mais il joue "sur l'expérience", avec la "grinta". Il est aux JO, et cela suffit presque à son bonheur: "Toute ma famille a fait le déplacement, ma mère a pris l’avion pour la première fois de sa vie pour me voir aux JO", raconte-t-il, avec émotion. Mais le compétiteur est toujours là: "Je prends du plaisir, mais il faut cette petite victoire. Ce groupe a besoin de ça. On a tellement travaillé pour en arriver là. Il faut cette cerise sur le gâteau. On est gourmands et l’appétit vient en mangeant."

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Si la permission de défaite a été donnée par Florian Bruzzo, il ne s'agissait en aucun cas de ne pas être ambitieux: "J’essaye de changer de discours depuis 2-3 jours parce que je sentais qu’on acceptait la défaite. J’avais dit qu’on avait le droit de perdre, mais cela ne voulait pas dire qu’il fallait l’accepter. Là, on est un peu mieux rentré dans le match. On mène 1-0, mais on a des problèmes chroniques en attaque. Encaisser six buts face aux USA, c’est bien, cela veut dire qu’on défend bien. En attaque, tout le monde se crispe. A un moment, les gars doutent, mais il ne faut surtout pas. Il faut juste être un peu plus précis sur les systèmes, Il faut qu’ils retrouvent le déclic."

Dans l'attente d'un cadeau

Mathieu Peisson, premier buteur de la rencontre contre les Américains, suit le message de son coach: aucune excuse, mais des explications à ces revers: "On ne peut pas dire qu’on joue extrêmement bien. Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’on ne lâche rien. Nos entames de match ne sont pas forcément extraordinaires, mais on a le mérite de continuer à se battre jusqu’au bout. On est absent de ce haut niveau depuis trop longtemps. L’expérience nous manque. Nos adversaires côtoient le haut niveau tous les jours. Les Américains finissent premiers de la Ligue mondiale cette année, les Monténégrins sont vice-champions d’Europe, les Italiens vice-champions olympiques. On a travaillé très dur pendant quatre ans, très dur pendant deux mois, mais cela ne suffit pas à être à leur niveau. On part avec un tel retard qu’aujourd’hui. Il faut faire avec ce qu’on a." Et se défaire de cette impression que l'adversaire est trop gros: "Le coach nous avait dit qu’on avait le droit de perdre. Mais au-delà de perdre, on avait peur d’être ridicule, de se prendre des caisses. On joue avec un frein à mains, et quand on se retrouve au pied du mur, on s’est lâché." Son capitaine Alexandre Camarasa conclut: "On va vendre chère notre peau. C’est ce qui caractérise cette équipe. On ne mettait pas un euro sur nous avant, certains pensaient qu’on se prendrait des caisses à chaque match. Avoir une petite victoire, ce serait un cadeau pour tout le monde."

Avant d'affronter les champions olympiques en titre lors du dernier match de poule, les Bleus défieront l'Espagne. Pour gagner et ajouter un peu de bonheur à cette quinzaine olympique.

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