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Rio 2016 - Plongée dans les secrets du water-polo

Championne olympique en 1924, l'équipe de France de water-polo est de retour aux Jeux Olympiques, 24 ans après sa dernière apparition. L'occasion de revenir sur un sport peu médiatisé, mais très spectaculaire, grâce à Louis-Frédéric Doyez, consultant France Télévisions à Rio.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Les qualités

"C’est d’abord des qualités aquatiques. C’est un sport qui se passe dans l’eau, donc il faut déjà avoir de bonnes qualités de nageur. Il faut avoir de la résistance car les joueurs font entre 2.5 et 3.5km par match. Il faut donc avoir du fond en natation. Ensuite, il faut avoir du maniement car le ballon est à peu près aussi gros que celui de volley, donc plus gros qu’un ballon de hand. Et on ne peut le prendre qu’à une main. Il y a donc un gros travail de dextérité à produire, notamment pour les passes. C’est la technique du haut du corps, mais il y a aussi celle du bas du corps. Il faut en effet rester à fleur d’eau. C’est pour cela qu’on nage en « rétropédalage », un mouvement alterné des jambes. Pour avoir une stabilité dans l’eau, on alterne les mouvements de cercle, un peu comme les pâles d’un hélicoptère, ce qui fait qu’on se maintient à niveau. Après tout ça, il faut des qualités tactiques, malgré l’eau dans les yeux."

Le physique

"Il vaut mieux être puissant, mais la puissance terrestre n’a rien à voir avec la puissance athlétique. Même si on fait de la musculation, c’est dans l’eau qu’on est le plus efficace. Il arrive de voir certains athlètes moins affûtés, mais aux énormes qualités aquatiques, ce qui leur donne une efficacité dans l’eau qu’on ne leur donnerait pas hors de l’eau. Manuel Estiarte, l’Espagnol, champion olympique, il faisait 1.76m et n’était pas spécialement musculeux. Pourtant, il était au-dessus des autres, avec une présence et d’énormes qualités aquatiques qui le rendaient très efficaces."

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Les duels au-dessus de l’eau

"A tout cela s’ajoute l’adversaire, qui a le droit de charge. Tant que j’ai la balle en mains, l’adversaire peut m’appuyer dessus, me faire couler, mais les coups violents ne sont pas possibles. Le possesseur du ballon accepte ou n’accepte pas la charge adverse. S’il l’accepte, le vis-à-vis va mettre de la force, ce qui va transformer le duel en lutte. Mais cet appui peut aussi le déséquilibrer, ce qui peut aider à le passer. Si on ne l’accepte pas, on lâche le ballon et on obtient une faute. Il y a donc tout un travail dans le duel physique, de moments où on résiste ou pas, où on accélère ou on ralentit pour installer le jeu. C’est un gros travail individuel."

Les duels sous l’eau

"Sous l’eau, c’est surtout au niveau du pivot que beaucoup de choses de passent, car c’est un poste très statique. Ce sont des poids lourds. Le pivot se pose le plus près du but pour tenter de ventiler la balle ensuite. Il distribue le jeu, cherche à obtenir des fautes, des exclusions, et quand il peut, il marque. En revanche, de vrais coups, qui font mal, il n’y en a pas tan que ça, heureusement car il n’y a aucune protection, hormis celle de l’eau. Car tous les mouvements sont freinés dans le milieu aquatique. L’eau freine les mouvements de violence. Le water-polo est un peu rugueux, mais ce n’est pas que rugueux."

La tactique collective

"Quand on est dans du pressing tout terrain, ce qui est de plus en plus le cas, c’est très difficile de développer du jeu. L’idée est de profiter au maximum des supériorités numériques, et donc de passer son vis-à-vis. Plus de la moitié des buts sont marqués sur supériorité numérique. Le jeu de mouvement s’est un peu calmé. Il arrive encore qu’il y ait des contre-attaques, mais on est plutôt dans le jeu très placé, où chacun attend la faute pour obtenir cette supériorité. Il y a des blocs, des écrans."

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