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Tokyo 2020 : "jouer le rôle de modèle", le défi olympique du Japon

55 ans après l'édition de 1964, Tokyo se prépare à accueillir une nouvelle fois les Jeux Olympiques d'été. Et la capitale japonaise ne lésine pas sur les moyens : tout juste un an avant le début des hostilités (24 juillet au 9 août 2020), plus de la moitié des nouveaux sites sont déjà bouclés. Dans la ville aussi l'impatience se fait ressentir à mesure que le compte à rebours défile. Pour France tv sport, le directeur de projet des communications internationales de Tokyo 2020 fait le point sur les préparatifs.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

J-365. Dans un an pile, les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 seront officiellement lancés depuis le nouveau stade olympique, situé dans l'arrondissement de Shibuya. Le chapitre Rio 2016 sera dès lors définitivement fermé, les compteurs remis à zéro pour les athlètes. Et l'effervescence aura eu le temps de s'installer dans la capitale japonaise, 55 ans après l'organisation de sa dernière olympiade sur l'archipel.

1964, 2020 : deux olympiades et deux contextes

En 1964, près de 20 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l'ampleur de l'événement était historique. Vecteur de progrès social - à l'image du lancement officiel du shinkansen, le train à grande vitesse japonais - et d'ouverture au monde, les Jeux étaient alors les premiers à faire une halte en Asie. L'an prochain, les choses seront un peu différentes. Le Japon est devenu l'une des économies les plus importantes de la planète, sa culture ne cesse d'attirer en masse les touristes et son potentiel technologique n'est plus à démontrer.

Des arguments de poids au moment de terminer les derniers préparatifs et qui ont compté lors de l'attribution des JO il y a six ans. "Il y a eu pas mal de chemin parcouru depuis la candidature en 2013", confirme Tatsuo Ogura, directeur de projet des communications internationales de Tokyo 2020. "Mais avoir la chance d'organiser une nouvelle fois l'événement le plus populaire au monde, c'est une chance incroyable. Ceux qui étaient là en 1964 vont connaître une nouvelle expérience, découvrir de nouvelles manières de passer des bons moments grâce aux Jeux. À l'époque, cela avait été une énorme source d'inspiration et ce le sera encore l'an prochain."

Billetterie, état d'avancement des travaux... Des premiers signaux positifs

À titre d'exemple, au retour des Jeux de Rio il y a trois ans, plus de 800 000 personnes s'étaient rassemblés dans les rues de Ginza, à Tokyo, lors de la parade regroupant les 87 médaillés olympiques et paralympiques nippons. Un témoignage de l'engouement suscité par l'événement. Et les prémices des JO de 2020 sont eux aussi prometteurs. La première vague de demandes de billets au niveau national pour assister aux épreuves a été un carton qui a dépassé - et de loin - les attentes du comité d'organisation : plus de trois millions de demandes lors de la loterie, et pas moins de 7,5 millions de personnes inscrites au programme de "cartes d'identité" Tokyo 2020, nécessaire pour l'attribution des billets.

"Plus de la moitié des nouveaux sites sont d'ores et déjà bouclés"

Côté infrastructures, la ville s'appuie à 66% sur des sites déjà existants (gymnase, dojo, centre équestre, courts de tennis, vélodrome, enceintes de football, parcours de golf...) auxquels sont venus s'ajouter des petits nouveaux. Le Musashino Forest Sport Plaza, qui accueillera les matchs de badminton, est déjà utilisé depuis fin 2017. Le centre de tir à l'arc situé dans le parc Yumenoshima a lui été livré en avril dernier, le bassin d'aviron il y a tout juste quelques semaines tout comme le Kasai Canoe Slalom Centre. "Plus de la moitié des nouveaux sites sont bouclés", précise Tatsuo Ogura. "Le stade olympique sera terminé en novembre, le village olympique en décembre. On est dans les temps." Il élude tout aussi vite la question du devenir de ces nouvelles infrastructures : "elles seront utilisées pour des événements sportifs et publics après les Jeux, comme un héritage de cette olympiade. Les villages olympique et paralympique seront, eux, vendus pour en faire des zones résidentielles et des appartements." Un plan sans accroc ou presque, symbole d'une organisation au millimètre près.

Les Jeux "les plus novateurs de l'histoire" ?

Lors de la cérémonie de clôture de l'édition brésilienne il y a trois ans, l'apparition du Premier ministre japonais Shinzo Abe grimé en Mario avait donné le ton de l'édition nippone. Le Japon compte bien s'appuyer sur ses héros de pop culture pour promouvoir son image. Dans les magasins estampillés "Tokyo 2020" qui fleurissent un peu partout dans la capitale, ces derniers jouent fièrement leur rôle d'ambassadeur. La première lame d'un plan marketing parfaitement rôdé.

"Si l'on peut jouer le rôle de modèle pour les futurs comités olympiques..."

Quelle est la seconde ? Le savoir-faire technologique. Le comité d'organisation a annoncé la mise en place de son "robot project" en mars dernier. Les spectateurs en chaises roulantes pourront bénéficier d'une assistance apportée par plusieurs machines déployées dans le stade olympique, ainsi que d'écrans mobiles plus adaptés pour ne rien louper des différentes épreuves. La reconnaissance faciale va également faire son apparition pour toutes les personnes accréditées (staff, médias, athlètes...) et garantir la sécurité des sites. En attendant l'officialisation d'autres projets... "Nous avons aussi rassemblés le développement durable et l'innovation au sein d'un même projet, le "Tokyo 2020 medal project"", ajoute Tetsuo Ogura. "Les 5 000 médailles qui seront distribuées aux athlètes sont faites à partir de produits électroniques recyclés, qui sont en fait des dons du public, et grâce aux déchets ramassés dans l'océan. C'est le premier programme sur lequel on a travaillé, pour engager les gens. Si l'on peut envoyer un message écologique et jouer le rôle de modèle pour les futurs comités olympiques..."

Huit ans après le tsunami, Fukushima prêt pour un nouveau départ

Paradoxe de cette 32e olympiade de l'histoire, si les yeux seront tournés vers la capitale nippone, c'est un peu plus au nord que le top départ sera "officieusement" donné. Neuf ans après la catastrophe nucléaire engendrée par le tsunami, Fukushima accueillera des matchs de baseball et de softball, dont les compétitions débuteront deux jours avant la cérémonie d'ouverture, le 22 juillet 2020. Le relais de la flamme olympique débutera également depuis la ville-préfecture. "Les gens qui vivent à proximité tentent encore aujourd'hui de se remettre de ce désastre... Inscrire les JO à Fukushima, c'est un signal fort", précise le directeur de projet des communications internationales de Tokyo 2020.

Situés loin de la zone nucléaire - encore interdite au public - le comité d'organisation assure que les sites seront sécurisés et hors de danger. "On essaie de revitaliser l'espace avec un terrain de foot, plusieurs joueurs reviennent aussi pour pratiquer leur discipline... Cela illustre le pouvoir du sport. Fukushima a une belle histoire à raconter." Et des démons à exorciser. Si la décontamination fait encore parler, la parenthèse olympique, quoi qu'il en soit, s'annonce plus que bienvenue pour une ville toujours meurtrie.


Le planning des épreuves des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 est consultable ICI

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