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Tokyo 2020 : Pour le CIO, "aucune raison de prendre des décisions radicales"

Réuni ce mardi avec les fédérations nationales et les Comités Nationaux, le Comité International Olympique (CIO) n'a pas pris de décision quant à un éventuel report des Jeux Olympiques 2020. L'instance a fait savoir qu'il "n'était pas nécessaire de prendre des décisions radicales et que toute spéculation à ce stade serait contre-productive". Le CIO encourage par ailleurs tous les athlètes à se préparer du mieux qu'ils le peuvent. Une mission qui s'avère déjà bien compliquée pour la plupart d'entre eux, à commencer par les Français.
Article rédigé par Emilien Diaz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
  (LAURENT GILLIERON / KEYSTONE)

L’annonce était attendue mais on savait qu’elle ne déboucherait sur aucune décision majeure quant à la tenue ou non des Jeux Olympiques de Tokyo cet été. Réunie ce mardi en téléconférence, la commission exécutive du Comité international Olympique (CIO) a décidé de ne pas prendre de décision hâtive quant au maintien des Jeux Olympiques 2020. "Le CIO reste pleinement engagé vis-à-vis des Jeux Olympiques, et à un peu plus de quatre mois de l’ouverture de ces Jeux, il n’est pas nécessaire de prendre de décision radicale. Toute spéculation à ce stade serait contre-productive" a fait savoir l’instance dans un communiqué. Pour l’heure, le message semble clair, il est urgent d’attendre. 

La "non-décision" prise par le CIO ce mardi n’est pas surprenante. Il était peu probable de voir l’organisation trancher sur le maintien ou non des Jeux alors que la cérémonie d’ouverture doit se dérouler dans un peu plus de quatre mois. Cette première réunion avec les Fédérations des sports olympiques d'été avait d’abord pour but de répondre aux questions des principales instances concernées, et surtout de se pencher sur le système de qualification, qui pourrait s’apparenter à un véritable casse-tête après les annulations et reports successifs dus à l’épidémie de Covid-19. "Cette réunion sera suivie par d'autres avec les Comités Nationaux Olympiques (CNO), les représentants des athlètes et le Comité International Paralympique" a tout de même rappelé le CIO. 

"Nous voulons organiser les Jeux normalement"

Si plusieurs athlètes se sont déjà positionnés en faveur d’un report, le CIO a jusque là systématiquement réfuté l’idée de décaler les Jeux Olympiques à une date ultérieure. Thomas Bach, le président du comité, a récemment indiqué que l’instance suivrait les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avant que Haruyuki Takahashi - un membre du CIO - ne laisse planer le doute dans un entretien accordé au Wall Street Journal. "S’il est impossible d’organiser les Jeux à Tokyo l’été prochain, un report d’un ou deux ans serait l’option la plus réaliste" a-t-il laissé entendre, avant d’être rapidement corrigé par plusieurs responsables japonais. 

"Nous voulons organiser les Jeux comme prévu, sans problème, en maîtrisant la propagation du virus. Il n’y a aucun changement à ce sujet" a dans un premier temps réagi le chef du gouvernement Shinzo Abe, suivi par le président du comité Tokyo 2020 Yoshiro Mori : "Nous n’avons aucun projet de report ou d’annulation. Monsieur Takahashi a présenté ses excuses pour sa déclaration et nous souhaitons poursuivre la préparation de Jeux sûrs et sécurisés". Autant de réactions consensuelles caractéristiques d’une communication extrêmement contrôlée, presque millimétrée.  

Il faut dire qu’un report des Jeux d’un ou deux ans ne serait évidemment pas dans l’intérêt des organisateurs, qui ont tout mis en oeuvre pour que les installations soient prêtes à temps, et même à l’avance. De plus, les enjeux sont tellement importants en termes de sponsoring et de droits TV qu'on imagine mal le CIO se prononcer sur un report quatre mois à l'avance. Toutefois, la situation sanitaire mondiale et le passage au statut de pandémie pourrait contraindre le CIO à revoir ses plans. "Il s’agit là d’une situation sans précédent pour le monde entier et nos pensées vont à tous ceux qui sont touchés par cette crise. Nous sommes solidaires avec l'ensemble de la société afin de faire tout notre possible pour contenir le virus" a écrit l'instance.

"Nous encourageons les athlètes à se préparer du mieux qu'ils le peuvent"

Si les membres du CIO se veulent, pour l’heure, plutôt optimistes, ce n’est pas le cas des Japonais, qui estiment à près de 70% - selon un panel interrogé par l’agence de presse Kyodo - que Tokyo ne sera pas en mesure d’accueillir l’événement comme prévu. Un sondage qui n'a visiblement pas eu d'impact sur les principaux décisionnaires, puisque le comité exécutif entend bien faire jouer la montre, quitte à demander aux athlètes concernés des sacrifices dont il ne mesure peut-être pas encore la portée. 

En effet, malgré la situation sanitaire grave et le confinement total imposé dans plusieurs pays d'Europe, dont la France, le CIO conseille aux athlètes de poursuivre leur préparation normalement, sans véritablement tenir compte des infrastructures et des possibilités de chacun. "Le CIO encourage tous les athlètes à continuer de se préparer pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 du mieux qu’ils peuvent. Nous continuerons à soutenir les athlètes en les consultant eux ainsi que leurs CNO respectifs et en leur communiquant les dernières informations" rassure le CIO. Un message qui ne passera sans doute pas de la même manière auprès des sportifs directement concernés. L'instance ne se mentirait-elle pas à elle-même ? 

Les athlètes français se positionnent

Face aux problématiques nombreuses causées par la pandémie de coronavirus - des entraînements impossibles au système de qualification biaisé en passant par l’insécurité sur place - plusieurs athlètes ont décidé d’élever la voix en faveur d’un report des JO. "J’aimerais vraiment qu’ils reportent les Jeux, qu’ils ne les annulent pas. Je crois que c’est ce qu’ils veulent faire avec l’Euro de foot mais ce qui me saoule, c’est que je suis vraiment en forme" a regretté le Kevin Mayer dans les colonnes de l’Equipe, "Je suis un peu inquiet. Il y a eu huit semaines de confinement en Chine avant que les gens puissent reprendre une activité normale (…) Là, je ne peux plus m’entraîner. Le stade du CREPS de Montpellier va fermer. Je n’y aurai plus accès" a-t-il poursuivi. 

"Je ne vais pas avoir de piste avant longtemps. Je vais m’entraîner sur le bitume" a de son côté réagi le hurdler tricolore, Pascal Martinot-Largarde, dans Tout Le Sport. Le médaillé de bronze aux Mondiaux de Doha ne s’en cache pas, il préfère voir les 32e olympiades de l’ère moderne reportées : "Je préférerais que les Jeux aient lieu un peu plus tard car nous ne sommes pas tous égaux face au virus. Certains pays s’en sortent mieux que d’autres et les athlètes peuvent continuer de s’y entraîner dans de bonnes conditions par rapport à nous. Mais la priorité du monde aujourd’hui, ce ne sont pas les Jeux Olympiques".

Même son de cloche du côté de Rénelle Lamotte, que nous avons contacté juste après l'annonce du CIO : "Je pense qu'ils ne se rendent pas compte. Certains athlètes ont besoin d'un accès aux postes, aux salles de musculation pour s'entraîner. Il va y avoir un manque d'équité avec certains pays" a réagi l'athlète tricolore, qui espère rentrer en France rapidement pour ne pas être coincée en Afrique du Sud. "On va faire ce que l'on peut mais si on ne nous permet pas de nous entraîner correctement, et surtout que le système de qualifications ne change pas, on partira avec un gros handicap" a-t-elle conclu. 

Le message est clair et la volonté du CIO de faire jouer la montre ne devrait en tout cas pas ravir ceux qui sont contraints de stopper leur préparation, parfois débutée il y a des mois. Le CIO doit encore se réunir avec d'autres organismes comme les comités nationaux et surtout les représentants des athlètes, ce qui pourrait peut-être faire pencher la balance. 

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