Cet article date de plus de douze ans.

Yannick Borel, de la Pointe à l'épée

L'escrimeur Yannick Borel va disputer le 1er août le tournoi individuel olympique d'épée à Londres. De ses premiers pas à Pointe-à-Pitre à l'Excel center de Londres, où aura lieu la compétition, il raconte son parcours.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
L'épéiste Yannick Borel

Les Jeux

A 23 ans, le Guadeloupéen va disputer ses premiers Jeux Olympiques. "Participer aux JO, c'est exceptionnel, on n'est pas nombreux à les faire. Dans ma catégorie (l'épée individuelle, ndlr), on sera entre 20 et 30. On tire le 1er août. Ce qui est bien c'est que Londres, c'est juste à côté, on n'aura qu'à prendre le train. Ce sera rapide". Déjà champion du monde et d'Europe par équipe en 2011 à Catane (Italie), il va à Londres défendre ses chances en individuel. "Mon objectif? Faire une médaille", assure-t-il. Historiquement, la France a toujours brillé à l'escrime. Avec 115 médailles (sur 646), c'est le sport le plus récompensé aux Jeux Olympiques (Jeux d'été et d'hiver confondus). Un poids et une expérience qui peut-être un atout pour les jeunes escrimeurs. "Les anciens ne m'en ont pas encore parlé, expliquait-il en avril, mais ils sont abordables. Le DTN (Erick Srecki, ndlr) est double champion olympique, l'entraîneur adjoint (Hugues Obry, ndlr) a été médaillé d'argent en individuel et titré par équipe. Beaucoup d'anciens tireurs ont vécu ce qu'on va vivre, je vais me rapprocher d'eux au fur et à mesure".

La préparation

Qualifié dès le mois de mars pour Londres, il a pu poursuivre sa préparation quotidienne sereinement à l'INSEP. "J'ai envie de profiter de cette qualification olympique, il n'y a pas de raison de précipiter les choses, j'ai peur de regretter d'avoir voulu aller trop vite. Je veux profiter de l'évènement", avait-il expliqué en avril lors de la journée organisée par le CNOSF à l'occasion du J-100 avant les Jeux.

Une chance, une seule

Avant les championnats du monde de Kiev en avril dernier, l'équipe de France d'épée restait sur une impressionnante série depuis les JO de Sidney en 2004. Titrée à Sidney et à Pékin quatre ans plus tard, elle avait également remporté tous les titres mondiaux (2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011) avant la défaite en Ukraine contre les Etats-Unis. Double tenante du titre aux Jeux, elle ne pourra défendre ses chances à Londres, la faute au règlement olympique qui prévoit le roulement entre les différentes épreuves collectives. "Je n'ai pas plus de pression parce qu'on sait qu'en individuel, ce sera notre seule chance. C'est un one-shot. On ne doit pas avoir de doute sur ce qu'on a fait avant, il faudra qu'on soit sur de soit et être prêt le Jour J".

Les débuts

Né à Pointe-à-Pitre, le jeune homme a longtemps hésité entre l'escrime et une trajectoire plus culturelle. "On avait le choix entre le gwo ka (musique traditionnelle guadeloupéenne) et l'escrime, le club était juste à côté de mon école. J'ai suivi mes copains qui en faisaient déjà", raconte-il. "Cela m'a plus parce que c'est un sport individuel. Je n'aime pas en vouloir à d'autres que moi quand j'ai perdu. J'aime la compétition et je voulais de la confrontation. J'aurai pu faire du judo également, mais l'école nous proposait l'escrime". Un choix payant puisqu'une carrière s'est ouverte à lui et qu'il a pu voir du pays et sortir de sa Guadeloupe natale. "On a fait beaucoup de voyages quand j'étais en Guadeloupe, on est allé au Brésil en Colombie, au Texas", se souvient-il. D'un jeu entre copains au départ, il a nourri plus tard de plus grandes ambitions. "Le déclic, je l'ai peut-être eu quand j'ai accroché ma première sélection pour une coupe du monde. J'étais J2 (catégorie des 17-18 ans). C'est assez tard pour l'escrime, certains chez nous avait déjà une sélection dans une coupe du monde chez les cadets ou les minimes. C'était tout nouveau. Je me suis dit que si j'étais arrivé à ce niveau, je pouvais aller encore plus loin". Il sourit quand il évoque sa progression : "c'est arrivé petit à petit, je voulais entrer en équipe de France, je l'ai intégrée. J'ai espéré gagner des médailles avec l'équipe de France, puis j'en ai remporté en juniors par équipe. Puis, je rêvais des JO et ça y est je vais aller à Londres".

Laura Flessel, l'inspiration

Avec son physique (1m97, 102 kg), Yannick Borel aurait pu faire du basket-ball ou du foot, lui qu'on surnomme "Zlatan" comme le Suédois, nouveau joueur du PSG, mais non. Son inspiration à lui est une "guêpe", Laura Flessel, cinq fois médaillée au JO. "On a tous joué étant petit avec un bâton, on s'est tous pris pour Zorro, mais je me souviens pas de films de capes et d'épées qui m'aient marqué. En revanche, en Guadeloupe, on parlait beaucoup de Laura Flessel. Elle est venue dans mon club quand j'étais jeune, j'avais des étoiles plein les yeux". Qu'elle soit choisie pour être le porte-drapeau tricolore l'a donc ravi. "Laura fait un sport amateur. Selon moi, le porte-drapeau devrait venir du monde amateur. Elle a été 5 fois médaillée au JO, elle le mérite largement. Elle fait encore peur aujourd'hui, c'est un adversaire sérieux".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.