Comment Cassandre Beaugrand est passée de "princesse" à reine du triathlon, et première Française médaillée d'or de sa discipline

Attendue au plus haut niveau depuis des années, Cassandre Beaugrand a justifié ces attentes au meilleur des moments, en devenant championne olympique de triathlon, mercredi.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain - au Pont Alexandre III
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Cassandre Beaugrand sur le pont Alexandre III, ligne d'arrivée du triathlon olympique, le 31 juillet 2024. (JEFF PACHOUD / AFP)

La délivrance. Après des années de combat au plus haut niveau, chargées de leur lot de déceptions, Cassandre Beaugrand tient enfin sa grande victoire. A 27 ans, la native de Seine-Saint-Denis a remporté haut la main le triathlon olympique féminin, mercredi 31 juillet, au pont Alexandre III. La fin d'une longue période de doutes et d'incertitudes pour celle qui avait abandonné lors des Jeux de Tokyo.

"Le chemin a été si long, si dur ensuite", confiait la nouvelle médaille d'or dans l'aire d'arrivée, peinant encore à réaliser son exploit. "Ce n'était pas facile. J’ai fait un gros travail sur moi après Tokyo, j’étais au fond du trou. On me répétait que je n’étais pas à ma place, que je devais faire mieux que ça, mais je n'y croyais pas...", ajoute celle sur qui plane une énorme attente depuis des années. Une pression qu'elle a enfin su affronter.

Un déménagement et un déclic

"Depuis cette année, j’ai décidé d’arrêter de douter", assurait la Française, partie au bluff dans les 1 500 derniers mètres de la course, alors que ses concurrentes durcissaient le rythme : "Il y a beaucoup de bluff dans le triathlon, cette fois c'est moi qui ai bluffé et j’ai gagné. Je me répétais que j’étais à l’entraînement, pour ne pas être tétanisée par le public et cette ambiance incroyable."

Souvent pointée du doigt pour son mental friable, Cassandre Beaugrand était heureuse de remettre les pendules à l'heure, malgré un moment de panique au départ : "J’ai vomi avant le départ, j’étais tétanisée, ça ne m’était jamais arrivé. Georgia Taylor-Brown [une Britannique] était là et m'a dit que c'était juste une course de plus..."

Le nombre de fois où le mental a été ma faiblesse, là je suis ravie. C’est une revanche sur le passé.

Cassandre Beaugrand

à franceinfo: sport

Après avoir dédié sa médaille à celles et ceux qui l'ont aidée à se relever de l'échec de Tokyo, Cassandre Beaugrand est revenue sur les conditions particulières de cette course, entre une Seine très agitée, avec un courant difficile à combattre, et une chaussée détrempée par la pluie. Ce qui n'a pas perturbé l'ex-spécialiste du 1 500 m et du cross-country, partie s'installer en Angleterre depuis deux ans.

"A Tokyo, j’étais paniquée par les routes mouillées. Etre partie en Angleterre, ça a été un plus, parce que je roule sous la pluie depuis deux ans. Je suis habituée maintenant."

Cassandre Beaugrand

franceinfo: sport

Tellement concentrée sur sa course, la Française n'a pas vu le drapeau tricolore tendu par son DTN, Benjamin Maze, quelques mètres avant la ligne d'arrivée. Ce qui n'a pas empêché ce dernier de savourer le chemin parcouru par celle que l'on surnommait "princesse Cassandre" à ses débuts, mais qui est devenue la reine du triathlon, en devenant la première championne olympique française de la discipline.

Une deuxième médaille d'or dans le viseur

"Cassandre fait une entrée fracassante dans le palmarès olympique, en répondant présent sur des Jeux à la maison, avec une pression très forte sur elle depuis des années. Elle a fait sa mue pour se focaliser sur les étapes et construire ce résultat. Elle peut en être fière", savourait ainsi Benjamin Maze, "C'est une énorme émotion, elle le mérite tellement..."

Deuxième du test event l'été dernier, vice-championne du monde, et victorieuse de plusieurs manches du circuit mondial depuis le début de la saison, Cassandre Beaugrand attendait ce succès majeur pour franchir un cap. Longtemps performante sur les formats sprint plus que sur le format olympique, la Francilienne a, pour sa troisième participation aux Jeux (30e à Rio, abandon à Tokyo), brisé son plafond de verre au meilleur moment, au pied du Grand Palais.

Mais la nouvelle patronne du triathlon mondial n'entend pas s'arrêter là. Déjà médaillée de bronze par équipe à Tokyo en 2021, elle ne visera rien d'autre que l'or le 5 août, lors du relais mixte - dont la composition sera annoncée jeudi -, pour définitivement assumer son statut. Une dynamique à l'image du triathlon français qui, comme Cassandre Beaugrand, était une référence mondiale depuis longtemps, mais qui se met enfin à gagner sur la plus belle des Seine

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