Vidéo Paris 2024 : "Le nettoyage social est gravé dans l'ADN des Jeux", dénoncent des associations face à des évacuations de camps de sans-abri

Article rédigé par Thomas Sellin
Radio France
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Temps de lecture : 4 min
Les dernières évacuations de campements de sans-abri ont eu lieu mercredi 17 juillet, près du métro Corentin-Cariou, à Paris. (THOMAS SELLIN / FRANCEINFO)
Les dernières évacuations ont eu lieu mercredi 17 juillet, à Paris. La préfecture d'Île-de-France souligne un travail "d'accompagnement", alors que des associations pointent un "nettoyage social" à quelques jours des Jeux olympiques.

Les dernières évacuations de campements de sans-abri ont eu lieu mercredi 17 juillet, à Paris. A huit jours du lancement des Jeux olympiques dans la capitale, la préfecture d'Île-de-France a expulsé des personnes en situation d'exil, des usagers de drogues et des sans-abri. Le collectif Le revers de la médaille, composé de plus de 80 associations qui agissent auprès des publics précaires, dénonce un "nettoyage social" avant le début des Jeux. La préfecture, elle, évoque un "accompagnement des grands marginaux".

Près de 120 personnes délogées

C'est à côté du métro Corentin-Cariou, à Paris, qu'ont lieu les dernières évacuations de campements sauvages. Des pelleteuses détruisent et retirent les abris de fortunes construits par les sans-abri qui s'y était installés. "Avant le début des Jeux olympiques, c'était un campement où il y avait environ 80 tentes, peut être 120 personnes", se souvient Milou Borsotti, chargé de veille sanitaire chez Médecins du monde, organisation membre du collectif Le revers de la médaille.

"Il y a des gens qui vivent sous ce pont depuis des mois, voire des années. C'est un lieu de campement pour des gens qui n'ont pas accès à l'hébergement et qui sont là depuis trois ans."

Paul Alauzy, porte-parole du collectif Le revers de la médaille

à franceinfo

Le porte-parole du groupement d'associations, Paul Alauzy, était sur place. "Le nettoyage social est gravé dans l'ADN des Jeux olympiques et des méga-événements sportifs. Vu que la flamme olympique va passer sur ce canal le 26 juillet, les forces de police viennent. On va emmener les gens vers des solutions temporaires, le temps des Jeux. Et on va les remplacer par du mobilier anti-SDF, déplore le porte-parole. Comme des énormes blocs de ciment avec des picots, pour que ce soit complètement inhospitalier pour le corps humain."

200 places de relogement créées

De son côté, la préfecture d'Île-de-France assure que les J.O. sont une opportunité pour reloger les personnes en situation de grande précarité. "Pour les Jeux olympiques, il y a clairement des dispositifs qui sont spécifiques, souligne Adeline Savy, cheffe de cabinet du préfet d'Île-de-France. On a fait tout un travail d'accompagnement des grands marginaux qui se trouvaient sur des sites de Jeux olympiques, avec la création de plus de 200 places pour eux."

"On a rempli plus de la moitié de ces places. Aujourd'hui, on est satisfait parce que c'est vraiment des gens qui avaient été longtemps à la rue."

Adeline Savy, cheffe de cabinet du préfet d'Île-de-France

à franceinfo

"C'est vrai. Ils ont hébergé 140 grands précaires, concède Paul Alauzy, du collectif Le revers de la médaille. Il y a 3 500 personnes sans-abri minimum, rien que dans Paris. Donc 140 personnes, c'est une goutte d'eau dans l'océan. C'est vraiment un pansement sur une hémorragie", renchérit-il. A l'occasion de ces dernières évacuation, la cheffe de cabinet du préfet regrette une surexposition médiatique à quelques jours du lancement de Paris 2024.

Les dernières évacuations de campements ont eu lieu à Paris. La préfecture d'Ile-de-France a expulsé des SDF, des personnes en situation d'exil, des usagers de drogues. Le collectif "Le revers de la médaille" dénonce un "nettoyage social" avant les JO de Paris 2024. La préfecture parle "d'accompagnement de grands marginaux".
Dernières évacuations de campements à Paris avant les JO Les dernières évacuations de campements ont eu lieu à Paris. La préfecture d'Ile-de-France a expulsé des SDF, des personnes en situation d'exil, des usagers de drogues. Le collectif "Le revers de la médaille" dénonce un "nettoyage social" avant les JO de Paris 2024. La préfecture parle "d'accompagnement de grands marginaux". (THOMAS SELLIN / FRANCEINFO)

"Là, on a effectivement on a beaucoup de médias présents en perspective des Jeux, donc on a beaucoup de monde sur nos mises à l'abri. Ces mises à l'abri, on les fait toutes les semaines depuis de nombreux mois."

Des évacuations régulières selon la préfecture

L'objectif des autorités : déloger les camps avant qu'ils ne soient trop installés. "Notre travail, c'est de faire en sorte que ces camps ne se structurent pas, détaille Adeline Savy. C'est pour ça qu'on intervient régulièrement pour éviter la formation de gros campements qui rendent l'accès aux quais impossible et qui perturbent, aussi, le bon passage des riverains." 

"Le meilleur traitement, c'est le logement. Il aurait suffi de créer 20 000 places d'hébergement d'urgence sur tout le territoire, comme ça on sortait positivement les gens de la rue."

Paul Alauzy, porte-parole du collectif Le revers de la médaille

à franceinfo

Le collectif dénonce un manque de volonté de la part des pouvoirs publics."On a dépensé 1,4 milliard d'euros juste pour dépolluer la Seine. Nous, on avait demandé 10 millions d'euros pour s'attaquer un peu à la misère. En fait, le budget des Jeux pourrait résoudre le problème du sans abrisme en France, pose le porte-parole du collectif, Paul Alauzy. Ensuite derrière, on mobilisait les solidarités, les professionnels pour faire de l'insertion, faire de l'accompagnement. En fait, il faut une volonté politique, il faut les budgets derrière. On aurait pu le faire si on le voulait vraiment."

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