ENTRETIEN. Antoine Brizard, élu meilleur volleyeur du monde : "C'est surtout une consécration collective"
Le passeur, champion olympique avec l'équipe de France, a été élu meilleur joueur du monde, dimanche, par la Fédération internationale de volleyball.
Une récompense individuelle pour couronner son année 2021 stratosphérique. Antoine Brizard a été élu meilleur joueur du monde, dimanche 16 janvier, par la Fédération internationale de volleyball. Prépondérant dans la quête de l'or olympique à Tokyo, le passeur de Piacenza (Italie) figure en tête d'un classement où les Français sont très représentés. Derrière lui, Earvin Ngapeth (3e), Jean Patry (4e), Jennia Grebennikov (5e) et Barthélémy Chinenyeze (10e) sont aussi à l'honneur. Au lendemain de sa récompense, c'est un Antoine Brizard très décontracté qui a répondu à nos questions.
Franceinfo: sport : Qu'est-ce que ça vous fait de vous dire que vous êtes le meilleur joueur du monde cette année ?
Antoine Brizard : Ben déjà, c'est pas vrai (rires). Le volley est le sport collectif par excellence, c'est difficile de faire ressortir des individualités. C'est surtout une consécration collective. On est cinq joueurs dans le classement. C'est très circonstanciel de ce qui s'est passé cette année et de ce qu'on a fait aux Jeux. Cela rappelle que l'année 2021 était particulièrement belle pour le volley français.
The #BestOf2021 1st: Antoine Brizard
— Volleyball World (@volleyballworld) January 16, 2022
Never easy to be a setter especially if you are playing in your first ever Olympic match BUT Brizard handled it well. He managed the pressure & made the best choices to make Olympic history.
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Vous avez croisé Earvin Ngapeth dimanche soir (leurs équipes respectives se sont affrontées en Italie). Il vous a chambré ?
Pas trop... c'était un match un peu tendu. Bon, on rigole toujours avant de jouer l'un contre l'autre, mais là, il ne m'en a pas parlé.
Avez-vous le sentiment que le volley français a basculé dans une autre dimension depuis les Jeux ?
Complètement ! Je suis content de voir que, parmi tout ce qui s'y est passé, beaucoup ont considéré que notre parcours en phase éliminatoire était le plus beau moment des Jeux. C'est énorme que notre sport ait été aussi suivi. Les Français ont été marqués par notre parcours, ils sentent qu'on s'aime et qu'on est plus qu'une simple équipe. On en est fiers.
A titre personnel, avez-vous acquis une notoriété plus importante cette année ?
On ne me reconnait pas beaucoup, mais à partir du moment où on me reconnait un peu, c'est déjà plus qu'avant (rires). Après les Jeux, c’était quelques fois par jour. Là je suis en Italie, donc moins, mais oui, très clairement. Cela reste cool d'avoir une reconnaissance personnelle et d'être mis en avant.
Vous avez quitté la France en 2017 et venez de signer à Piacenza (Italie). Même si le niveau du championnat est moindre par rapport à l’Italie, cette notoriété vous donne-t-elle envie de vous rapprocher du public français en Ligue A ?
Je pense qu’on a tous envie de rentrer en France ! Si on pouvait rentrer demain, on le ferait. Ce n’est pas un plaisir d’être à l’étranger. Même si ça se passe très bien et qu'on adore nos vies, ce sont des sacrifices d’être loin de notre famille et de notre pays. Après, l'écart financier et de niveau est trop important entre la France et l’Italie… Le championnat de France est souvent sous-côté. Mais même à salaire un peu moindre et à niveau égal, on rentrerait tous.
Par votre rôle de passeur, vous étiez pourtant souvent moins mis en avant que d'autres coéquipiers chez les Bleus...
C’est un peu la base du jeu de passeur d’être dans l’ombre, donc je n’ai jamais spécialement voulu être dans la lumière. Et puis, c'est aussi notre duo de passeurs en équipe de France qui est représenté par moi. Benjamin Toniutti est super important dans ma progression et notre performance aux Jeux. On se soutient mutuellement. Il ne faut pas oublier qu’il finit champion de Pologne, il gagne la Ligue des champions et gagne les Jeux. Il ne pouvait pas faire beaucoup mieux et est un peu oublié dans cette liste-là.
Justement, quelle est votre relation au quotidien avec lui ?
On a toujours eu beaucoup de respect. Je suis arrivé en étant deuxième passeur, et il a toujours laissé son ego de côté au profit de la performance collective. Quand j’ai dû jouer à certains moments importants, il a aidé l’équipe sans jamais essayer de s’accrocher à sa place de titulaire indiscutable.
Il m’a toujours laissé de l’espace pour avancer et progresser. j’ai énormément de respect pour ce qu’il a fait pour moi et pour l’équipe. Après, au quotidien, on se chambre comme les autres, il n’y a pas d’exceptions (rires) ! Mais en compétition, il n’y a aucune animosité, on veut juste gagner ensemble.
Que peut-on désormais vous souhaiter pour 2022 ?
Une médaille aux championnats du monde avec l'équipe de France (du 26 août au 11 septembre 2022). C'est ce qui manque à cette génération, on a tous ça en tête. Et personnellement, aller le plus loin possible en championnat d'Italie.
On imagine que Bernardinho, le sélectionneur des Bleus, tient le même discours...
Lui il ne parle pas de médaille, il parle de victoire (rires) !
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