Reportage VTT aux JO 2024 : le jour de gloire de Pauline Ferrand-Prévôt, définitivement dans la légende du cyclisme... en attendant le Tour de France

A 32 ans, et après quinze titres de championne du monde toutes disciplines confondues, Pauline Ferrand-Prévôt est enfin devenue championne olympique de VTT cross-country, dimanche.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain - à Elancourt
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Pauline Ferrand-Prévôt sur le podium du VTT cross-country olympique, le 28 juillet 2024, à Elancourt (Yvelines). (AFP)

"Regardez mon papa, c'est un chef d'orchestre", taquine, hilare, Pauline Ferrand-Prévôt. Depuis de longues minutes, la toute nouvelle championne olympique de VTT cross-country savoure le moment, dimanche 28 juillet, alors que son père rythme une Marseillaise entonnée par le public.

Emmurée dans le silence depuis de longs mois pour se protéger avant "le rendez-vous de sa vie", la Rémoise prend cette fois le temps de répondre aux sollicitations médiatiques. Entre deux mots, et sans cacher son émotion, elle n'hésite pas à s'interrompre pour se tourner vers le public.

"J’ai tellement tout gardé pour moi ces derniers mois… J'avais hâte de pouvoir partager, de revivre normalement. Je suis contente de pouvoir profiter avec les gens, de nouveau", souffle-t-elle. Cela fait une bonne heure que "PFP" a coupé la ligne en tête, près de trois minutes devant ses poursuivantes, après avoir survolé la course. Mais le public tricolore est toujours là, à chanter à la gloire de celle qui, avec cette médaille d'or autour du cou, s'installe un peu plus au panthéon du sport français. 

La fin de la malédiction olympique

"C’est la victoire d’une vie, une journée et une course parfaite. J’étais en mode robot. Je ne voulais pas montrer mes émotions. Je voulais voir au premier tour comment étaient les autres, j’ai vu que j’étais dans une journée incroyable. J’ai fait toutes les montées à fond, les descentes propres pour récupérer", se remémore la Rémoise après la course, avec un regard humide qui trahit son émotion. Il faut dire que, jusqu'ici, son histoire olympique était cruelle. Arrivée favorite à chaque fois, elle était repartie bredouille de Londres, Rio et Tokyo.

"C’est incroyable. Je ne réalise pas du tout, peut-être sous la douche ce soir quand je serai seule. J’ai pu savourer dans le dernier tour", ajoute-t-elle, embarquée dans le tourbillon médiatique inhérent à sa nouvelle médaille. Inarrêtable sur son VTT, "PFP" prend cette fois le temps de savourer, tombant dans les bras de son staff, mais aussi de ses proches, au premier rang de ce triomphe. "Je n’ai pas de mots…", prévient ainsi Sylviane Dubau, sa mère, "Je plane, c’est magique ici en France avec ce public fou. C’est génial ce qui lui arrive. Elle nous répétait depuis plusieurs jours qu'elle allait le faire, elle avait une obstination folle pour cette course..." 

"On est fière d’elle. On a toujours su que ce serait une grande, mais à ce point là… Je lui ai toujours dit qu’elle serait championne du monde, elle l’est quinze fois, mais championne olympique c’est autre chose encore. Surtout que c’était sa dernière chance."

Sylviane Dubau, mère de Pauline Ferrand-Prévôt

à franceinfo: sport

Un plan qui s'est déroulé sans accroc, malgré les risques d'incidents propres au VTT, dont ont malheureusement été victimes les deux autres favorites, la Française Loana Lecomte, et la Néerlandaise Puck Pieterse. "Pauline est incroyable. On avait l’impression que rien ne pouvait lui arriver, qu’elle contrôlait tout. Bravo à cette immense championne", salue Tony Estanguet le long de la ligne, tout heureux d'assister à cette deuxième médaille d'or pour l'équipe de France, sous un soleil de plomb, qui brillait toutefois moins fort que la reine du VTT.

Rendez-vous avec le Tour de France 2025

De son propre aveu, Pauline Ferrand-Prévôt n'a levé le pied que dans le dernier des sept tours. "J'ai un peu moins forcé parce que je savais qu'il ne fallait pas que je fasse d'erreur donc j'ai profité quand même, je suis contente. Après c'est vrai que j'étais tellement concentrée que c'était dur de pouvoir profiter vraiment du public mais je peux en profiter maintenant", confie-t-elle, dans un énième sourire avant de dessiner un cœur avec ses doigts en direction des milliers de fans encore présents.

"Merci Pauline", la Marseillaise et autres "Qui ne saute pas n'est pas Français" résonnent en boucle au pied de la colline d'Elancourt, dans de longues minutes de bonheur, hors du temps. Le public français profite d'autant plus du moment qu'il sait que Pauline Ferrand-Prévôt raccrochera son VTT en fin de saison, pour revenir au cyclisme sur route, elle qui a déjà été championne du monde en 2014. Ce n'est maintenant plus un secret : la Champenoise rêve du Tour de France.

Paris 2024 - VTT : le podium et la Marseillaise pour Pauline Ferrand-Prévot

"Elle vient de gagner la seule chose qui lui manquait en VTT. Mais c’est une boulimique du vélo. J’ai compris qu’il lui manque quelque chose en cyclisme : ça s’appelle le Tour de France. Il ne manque plus que ça, mais elle en est capable", assure Yvan Clolus le sélectionneur de l'équipe de France, en précisant que Pauline Ferrand-Prévôt se donne "deux-trois ans pour aller le chercher"

Une chose est sûre : ses parents sont prêts, à l'image de sa mère, Sylviane : "Elle a été championne du monde de VTT en France aux Gets, elle est championne olympique en France aujourd'hui. Pour l’année prochaine, on a vraiment intérêt à racheter un van pour la suivre sur le Tour de France...". Une Grande Boucle où la nouvelle championne olympique ne viendra pas en touriste, mais, comme toujours avec elle, pour la gagne.

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