Ligue des champions : gare au syndrome du nouveau riche pour le PSG
Le club parisien retrouve la C1 ce soir, après huit ans d'absence, en recevant le Dynamo Kiev. En attendant la rencontre, voici trois parcours de clubs fortunés à méditer.
FOOT - Le Parc des Princes retrouve la Ligue des champions huit ans après un triste PSG-CSKA Moscou (1-3). Premier adversaire de la poule, le club ukrainien du Dynamo Kiev, le 18 septembre 2012. Sur le papier, du menu fretin pour les Parisiens version QSI (Qatar Sports Investments). Attention aux obstacles qui menacent les nouveaux riches dans cette compétition prestigieuse. Pour aider les Parisiens, quelques exemples récents à suivre ou à méditer.
La méthode Florentino Perez, au Real Madrid (2000-2006)
Fort des 2 milliards de dollars qui dorment sous son matelas, Florentino Perez se fait élire à la tête du Real Madrid en 2000. Son programme électoral : des attaquants, des attaquants, encore des attaquants. Pour lui, les défenseurs, "ça ne s'achète pas, ça se forme au club" et les milieux défensifs "qui font 90% de leurs passes vers l'arrière" ne sont que des empêcheurs d'attaquer en rond.
Résultat : quand son entraîneur, Vicente del Bosque, double champion d'Espagne en titre, lui demande en 2003 une enveloppe pour acheter des défenseurs italiens, Perez lui rit au nez. Vexé, Del Bosque, qui avait remporté la Ligue des champions avec Madrid en 2001, démissionne. Perez achète Beckham, alors qu'il avait déjà Zidane et Figo, les attaquants Owen et Robinho en plus, et son Real ultra-offensif ne dépasse pas les 8es de finale de la Ligue des champions pendant tout le restant de son mandat, jusqu'en 2007.
L'anecdote tellement nouveau riche. Florentino Perez plaisantait négligemment en 2000, au moment de son élection : "Le Real Madrid est au-dessus des titres" (déniché par So Foot). L'histoire ne dit pas si un petit ricanement de contentement avait suivi.
Moralité pour le PSG. Des défenseurs, des défenseurs, encore des défenseurs. Le PSG a bien retenu la leçon en faisant aussi bien dans la quantité (dix défenseurs dans l'effectif) que dans la qualité, en s'offrant Thiago Silva, considéré comme le meilleur défenseur du monde. Ça tombe bien, il devrait étrenner son maillot du PSG contre Kiev.
La méthode cheikh Mansour, à Manchester City (2008-2011)
"L'Europe, ça s'apprend, c'est totalement différente du championnat", explique un entraîneur adjoint de Manchester City dans le livre Richer Than God, ("Plus riche que Dieu"). En quatre ans et avec 1 milliard d'euros, le propriétaire du club, cheikh Mansour, a réussi à imposer sa griffe sur le championnat anglais, mais son équipe n'a offert que des prestations pathétiques en Coupe d'Europe. Une bien piètre campagne européenne conclue par une élimination face au Sporting Portugal, pris de haut par les vedettes de City et leur salaire à cinq chiffres.
L'anecdote tellement nouveau riche. Les dirigeants de City ont fait installer des sièges chauffants dans la loge présidentielle de leur stade, l'Etihad Stadium.
Moralité pour le PSG. C'est Zlatan Ibrahimovic qui le dit dans L'Equipe : "Quand City a été sortie au premier tour de la C1 l'an dernier, ça ne voulait pas dire que c'était une mauvaise équipe. Il leur manquait simplement l'expérience de cette compétition. Ce manque d'expérience touche aussi le PSG, ce qui ne nous empêche pas de croire en nous." Et pour cause : presque tous les joueurs parisiens ayant l'expérience de la Ligue des champions sont arrivés cet été.
La méthode Silvio Berlusconi, au Milan AC (1986-1988)
Quand le Cavaliere rachète le club lombard au bord de la faillite, en 1986, il pose les bases du modèle économique qui fera son succès, décrit dans Sport and society in Italy today (PDF en anglais, p. 355): "Endettement contrôlé, croissance de l'entreprise qui soutient le club, investissement massif sur les meilleurs joueurs." C'est-à-dire le même que celui du PSG sauce QSI. Endettement contrôlé grâce à une politique agressive de démarchage des sponsors et de maintien des droits télé, croissance d'Al Jazeera qui finance le club, et davantage de dépenses sur le marché des transferts que les 19 autres clubs de Ligue 1 cumulés.
Le premier gros coup de Berlusconi a été de souffler un jeune prometteur en mettant deux fois plus d'argent sur la table que la Juventus Turin. Le Cavaliere l'a fait en 1986 avec Roberto Donadoni, le PSG l'a fait en 2011 avec Javier Pastore, acheté 43 millions d'euros à Palerme.
L'anecdote tellement nouveau riche. Trois ans après avoir investi dans le club, le Milan de Berlusconi se retrouve en finale de la Ligue des champions. La rencontre se dispute à Barcelone, où une grève des techniciens fait rage. Pour ne pas que le monde entier manque sa victoire, Berlusconi affrète des avions militaires pleins de techniciens et de matériel pour retransmettre son succès sur le Steaua Bucarest en mondovision, raconte le magazine américain Sports Illustrated (en anglais).
Moralité pour le PSG. Ça commence à se voir qu'ils ont beaucoup copié sur le Milan AC. Le directeur sportif Leonardo y est passé, tout comme l'entraîneur, Ancelotti, et des cadres de l'effectif (Thiago Silva, Ibrahimovic...). Reste à souhaiter le même résultat pour le PSG que pour la première participation du Milan version Berlusconi : la victoire finale.
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