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Le salaire des acteurs français est "une exception culturelle"

Vincent Maraval, distributeur et producteur, fustige dans une tribune sur le site du "Monde" le système de financement du cinéma français.

Article rédigé par franceinfo
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Dany Boon aurait touché 3,5 millions d'euros pour le film "Un plan parfait", écrit le distributeur et producteur Vincent Maraval dans une tribune du "Monde" du 29 décembre 2012. (BAZIZ CHIBANE/SIPA)

Surprise, les acteurs français seraient mieux payés que les stars américaines. Trop payés, même, estime Vincent Maraval, distributeur et producteur, dans une tribune publiée vendredi 28 décembre dans Le Monde. Le fondateur de la société de distribution Wild Bunch (The Artist, La Part des anges…) y fustige le système de financement du cinéma en France qui permet des cachets exorbitants selon lui.

"Savez-vous que Benicio Del Toro, pour le Che, a touché moins que François-Xavier Demaison dans n'importe lequel des films dans lesquels il a joué ?" On découvre dans l'article que "la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 millions d'euros, alors que le coût moyen d'un film indépendant américain tourne autour de 3 millions d'euros"Et l'homme de s'interroger sur les 226 000 euros touchés par Vincent Cassel dans Black Swan quand il gagne 1,5 million pour Mesrine.

Le système de financement en accusation

Pourquoi de tels salaires pour des films qui font moins de recettes que les cachets dépensés pour leurs acteurs ? La faute au système de financement du cinéma français, censé "protéger l'exception culturelle" mais qui, d'après Vincent Maraval, ne l'empêche pas de faire une année "désastreuse" et "profite à une minorité de parvenus" "riches de l'argent public".

Il y a d'abord "la subvention directe […] (chaînes publiques, avances sur recettes, aides régionales)", détaille-t-il, mais aussi "la subvention indirecte", qui oblige les chaînes privées à investir dans des films français. Et comme ces derniers ont besoin de l'argent des télés, les acteurs choisis "se retrouve(nt)avec un pouvoir de vie ou de mort sur le projet, et ce en fonction de [leur] valeur télé" et peuvent réclamer un cachet à faire pâlir un Joaquin Phoenix. "Sauf que le cinéma enregistre des contre-performances à la télévision", rappelle Vincent Maraval.

Indigné que ce "scandale" soit passé sous silence notamment par les pouvoirs publics, il propose de "limiter à 400 000 euros par acteur […] assorti d'un intéressement obligatoire sur le succès du film, le montant des cachets qui qualifient un film" pour qu'il obtienne l'investissement des chaînes de télévision.

Une nouvelle convention collective qui divise

La publication de cette tribune intervient en pleine polémique autour de la nouvelle convention collective de la production cinématographique. Signée le 19 janvier, elle doit faire l'objet d'une extension dans les prochaines semaines. Un hasard pointé du doigt par certains, qui regrettent que Vincent Maraval n'en fasse jamais mention dans sa tribune. Ce texte, qui fixe des minima salariaux et encadre la durée de travail, "a été signé par un seul syndicat de producteurs, l'Association des producteurs indépendants, qui regroupe les grands circuits (UGC, Gaumont, Pathé et MK2), et par toutes les organisations syndicales, sauf la CFDT", rapporte Le Monde.

Mais un texte "alternatif" a été présenté le 14 décembre par "cinq syndicats de producteurs, qui représentent 95 % des films produits en France", dit le quotidien. Selon eux, les "hausses de coût" importantes de l'accord mettent "en péril le cinéma d'auteur – entre 60 et 70 films par an". Moins d'une semaine plus tard, le 20 décembre, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a annoncé qu'elle ne "s'opposerait pas à la procédure d'extension de la nouvelle convention collective", rappelle Le Point. Une commission pourrait se réunir le 28 janvier pour ouvrir la porte à des négociations. 

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