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Trois questions sur la hausse du nombre de noyades en France en période de canicule

Le Premier ministre a récemment fait état "d'une augmentation sensible" du nombre de noyades depuis le début de la vague de chaleur.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Au lac de Maine, à Angers (Maine-et-Loire), le 27 juin 2015. (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)

"Il y a des morts évitables dans un épisode caniculaire, parce que la chaleur, la tension parfois, fait prendre des risques." En visite au centre opérationnel des urgences sanitaires au ministère de la Santé, vendredi 28 juin, Edouard Philippe a appelé les Français à "la plus grande vigilance" face à la canicule, faisant état d'"une augmentation sensible" du nombre de noyades avec les fortes chaleurs. 

Parallèlement, une enquête de l'agence sanitaire Santé publique France, publiée le 11 juin (document PDF), notait une augmentation de 30% du nombre de noyades accidentelles en 2018 (1 649) par rapport à la précédente enquête, qui datait de 2015 (1 266).

Le nombre de noyades augmente-t-il mécaniquement avec les températures ? D'autres éléments peuvent-ils expliquer la hausse du nombre de noyades accidentelles ? Quels sont les gestes qui sauvent en cas de noyade ? Franceinfo récapitule.

Y a-t-il davantage de noyades lors des canicules ?

Lors de sa visite au ministère de la Santé vendredi, le Premier ministre a annoncé qu'il y avait "une noyade par jour en ce moment depuis le début de l'épisode caniculaire". Les informations recensées dimanche 30 juin par franceinfo via le réseau France Bleu et France 3 vont en ce sens. Un adolescent est mort noyé mercredi dans un plan d'eau situé dans le Bas-Rhin. En Île-de-France, deux personnes sont également mortes noyées entre jeudi et samedi. Un jeune homme de 20 ans est en outre mort jeudi après avoir basculé d'un matelas pneumatique dans un plan d'eau, alors que deux septuagénaires ont perdu la vie le même jour en Bretagne. Quatre décès ont enfin été recensés en une semaine sur les plages de l'Hérault, tandis qu'un enfant de 5 ans est mort noyé samedi dans le Gard.

Dans l'enquête "Noyades 2018" publiée dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire, l'agence Santé publique France relevait de son côté que lors de l'été 2018, classé par Météo France comme le deuxième été le plus chaud depuis 1900 "l'évolution quotidienne du nombre de noyades accidentelles" dépendait de deux facteurs, qui peuvent se cumuler. D'une part, un "effet de saisonnalité", selon lequel les noyades étaient plus nombreuses "durant les week-ends, [et] particulièrement en période de vacances", et d'autre part un "effet de la température", selon lequel davantage de noyades étaient constatées "pendant les périodes de fortes chaleurs".

Le graphique qui accompagne cette analyse montre en outre parfaitement que le nombre de noyades a augmenté cet été-là lors de la période de canicule.

 

D'autres facteurs peuvent-ils expliquer l'augmentation du nombre de noyades ?

Oui. Dans leur étude, les experts de Santé publique France évoquent un "deuxième facteur possible" pour expliquer la hausse de 30% du nombre de noyades entre 2015 et 2018 : la médiatisation, depuis quelques années, et particulièrement depuis 2017, de la noyade dite "sèche", ou noyade retardée. Elle survient hors de l'eau, plusieurs heures voire plusieurs jours après la baignade, après qu'une personne (souvent un enfant) a failli se noyer ou a bu la tasse. La victime, qui a avalé de l'eau, suffoque et peut en mourir. 

Une noyade est prise en compte s’il y a intervention d’un secours organisé suivie d’une prise en charge hospitalière (passage aux urgences, hospitalisation) ou d’un décès. C'est donc aussi le cas de la noyade sèche. Pourtant, "ce concept de noyade 'sèche' ne repose sur aucune base scientifique ou médicale", notent les auteurs de l'étude. Et certains cas de suffocations pourraient être considérés comme des noyades à retardement alors qu'ils n'en sont pas.

Que faire pour éviter les drames ?

Si Santé publique France recommande bien de se rafraîchir et de se mouiller le corps "plusieurs fois par jour" lors des épisodes caniculaires, pas question pour autant de sauter tête la première dans le premier plan d'eau venu. 

Se baigner dans l'eau fraîche d'un lac ou d'une rivière peut être dangereux, met en garde la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF). On court le risque d'une hydrocution, choc thermique provoqué par la différence entre la température du corps et la fraîcheur de l'eau, et donc de noyade.

Interrogé par ConsoMag à l'été 2017, Benjamin Serfati, membre de la SNSM, rappelle pour sa part qu'il est indispensable de rester à proximité des enfants lors des baignades, de les initier si possible à la nage à partir de 4 ans. La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a d'ailleurs lancé, en avril dernier, le plan "Aisance aquatique", pour habituer les élèves de maternelle à côtoyer les bassins.

Autres conseils de prévention : s'immerger progressivement dans l'eau, ou encore d'éviter les repas trop copieux et l'alcool avant de se baigner.

Il est également impératif de prêter attention aux drapeaux qui flottent sur les plages. Une flamme de couleur verte signale une baignade surveillée et sans danger particulier. Une orange ou jaune marque une baignade surveillée, mais dangereuse, tandis qu'un drapeau rouge signifie que la baignade est interdite. L'absence de drapeau n'est en outre pas équivalente à l'absence de danger : elle signifie simplement que la baignade n'est pas surveillée. Prudence, donc.

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