Déchets plastiques dans les océans : "La deuxième plus grande catastrophe écologique dans le monde" estime le navigateur Yvan Bourgnon
Chaque minute l'équivalent d'un camion poubelle de plastique est déversé dans l'océan selon l'ONG World Wildlife Fund (WWF).
"Il faut tirer la sonnette d'alarme absolument tout de suite", réclame le navigateur Yvan Bourgnon sur franceinfo, après la publication mardi 5 mars du rapport de WWF (World Wildlife Fund) indiquant que la quantité de plastique accumulée dans l'océan pourrait doubler d'ici 2030.
Yvan Bourgnon veut que les consommateurs "changent radicalement" leurs habitudes. Il affirme qu'il faut "arrêter de voter pour des politiques qui ne mettent pas l'écologie au centre de leurs décisions". Le navigateur, également président de l'association The Sea Cleaner, a lancé un projet "Manta" qui permettrait de collecter, d'ici 2030, "jusqu'à 30% de la pollution mondiale qui arrive chaque année dans les océans".
franceinfo : On pensait que nos modes de consommation étaient en train de changer, qu'on s'acheminait vers moins de plastique. C'est tout l'inverse ?
Yvan Bourgnon : C'est absolument catastrophique. L'humain n'a pas changé du tout ses comportements, bien au contraire. Aujourd'hui, on consomme de plus en plus de plastiques sur cette planète. Les pays riches que nous sommes, on voit bien que nous consommons 10 fois plus de plastiques que les pays pauvres. Donc c'est à nous de changer nos habitudes très rapidement. On ne recycle aujourd'hui que 20% de plastiques en France. C'est dramatique. Il faut se remuer les fesses. C'est la deuxième plus grande catastrophe écologique dans le monde. Aujourd'hui, il ne se passe rien. Il faut tirer la sonnette d'alarme absolument tout de suite et faire en sorte d'arrêter de voter pour des politiques qui ne mettent pas l'écologie au centre de leurs décisions.
Cela fait plusieurs fois que les ONG nous alertent sur cette situation. Qu'est-ce qu'on attend ?
On attend passivement que nos décideurs agissent. Ce qui est intéressant sur le plastique, c'est qu'on peut le palper. Le consommateur peut agir directement. Quand on va acheter, on peut vraiment faire le choix du vrac, de l'alternative, avec le papier, le carton. On peut aussi décider de consommer moins. Il faut, nous consommateurs, qu'on change radicalement nos habitudes. Une grosse partie de ces plastiques finissent dans les océans, et après c'est le drame.
Vous avez un projet, "Manta", un bateau qui compte avaler les plastiques en surface. Où en êtes-vous ?
The Sea Cleaner (l'association qu'Yvan Bourgnon préside) est un projet qui englobe à la fois de l'éducation et de la sensibilisation dans les pays en voie de développement, parce que c'est là-bas où il y a des efforts spectaculaires à faire pour que les habitudes changent. On a une deuxième action qui est d'essayer de collecter les déchets plastiques en mer. On va mettre à l'eau notre premier Manta en 2023 qui va récupérer 10 000 tonnes de plastiques par an. Avec 300 bateaux de ce genre d'ici 2030, on peut collecter jusqu'à 30% de la pollution mondiale qui arrive chaque année dans les océans. Là, c'est plus que le colibri qui fait son action. Mais la solution ne réside pas dans le fait de collecter les déchets plastiques. Il faut intervenir à la source le plus possible. C'est évidemment en produisant moins de plastiques. C'est en éduquant nos jeunes. Et on voit bien qu'il y a des combats sur le climat auprès de nos jeunes en Europe. Mais je suis malheureux de voir que les générations plus âgées ne vont pas dans la rue pour ça. C'est tout le monde qui doit se mobiliser. Tout le monde doit aller dans la rue. On doit faire changer cette habitude et que cela bouge.
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