Présidentielle : "Il faut que le climat devienne la boussole qui doit guider l'ensemble des politiques publiques", insiste Greenpeace France
Alors que plus d'une centaine de marches sont organisées aujourd'hui partout en France, l'ONG milite pour un vrai débat autour des enjeux environnementaux avant l'élection présidentielle.
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, estime ce samedi sur franceinfo que la question environnementale doit devenir "la boussole qui doit guider l'ensemble des politiques publiques", alors que plus de 140 marches pour le climat ont lieu ce samedi en France.
franceinfo : Espérez-vous encore remettre le climat au coeur des débats à un mois de la présidentielle ?
Jean-François Julliard : On espère, on va tout faire pour. L'urgence climatique est là. Les indicateurs sont dans le rouge. Quelle que soit la manière avec laquelle on mesure l'état de notre planète et des écosystèmes, ça ne va pas. Ça va même de pire en pire. On a besoin aujourd'hui de se mobiliser pour ce sujet-là, et il est vrai que c'est compliqué depuis le début de cette campagne présidentielle qui est en tout point atypique. On a du mal à gérer la question du climat et les questions environnementales. On espère que les marches d'aujourd'hui vont redonner un élan à cette thématique qui en a bien besoin. L'idée est de montrer que les "marches climat" n'ont pas disparu parce qu'il y a eu la pandémie, que les organisations environnementales se mobilisent, et remettent ce sujet un peu un peu en haut de l'agenda politique et médiatique.
Un débat est organisé dimanche sur Twitch, "Le débat du siècle", à l'initiative entre autres de Greenpeace : quels candidats y participent ?
Pour l'instant, on a la confirmation de Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Philippe Poutou et Fabien Roussel. On espère encore convaincre quelques-uns qui sont encore encore hésitants et qui ont des problèmes d'agenda. Et on aimerait bien que les candidates et les candidats fassent l'effort de venir. On leur demande une demi-heure sur les questions climatiques, les uns et les autres, pour un débat qui sera certainement le seul, malheureusement, consacré uniquement à des questions environnementales et climatiques.
Comment expliquer l'absence de l'écologie dans cette campagne ?
Il y a beaucoup de raisons. Certaines candidates et candidats ne placent pas les questions écologiques au cœur de leur programme, donc ils n'ont pas envie d'en parler parce que ce n'est pas leur priorité, ils ne sont pas à l'aise avec le sujet. Chaque fois, on nous dit : "Il y a d'autres sujets", mais ils sont liés ! Les questions de lutte contre les inégalités sociales, les questions économiques, sont intrinsèquement liées aux questions environnementales. Les candidats devraient s'emparer de ces sujets qui sont au cœur des préoccupations des Français.
Il y a trop d'angles morts. Si on ne met pas le climat au centre des questions sociales et sociétales, on ne parviendra pas à enrayer la crise climatique. Il faut que le climat devienne un peu la boussole qui doit guider l'ensemble des politiques publiques à venir au cours du prochain quinquennat. Il faut faire le lien entre la question de la rénovation thermique des bâtiments et la réduction des inégalités sociales, entre la question de la transformation du modèle agricole qui est aussi nécessaire pour avoir un impact moindre sur l'environnement, la redéfinition de notre modèle économique et de la manière laquelle on produit nos biens. Tous ces sujets-là sont très liés, et on a l'impression que certains candidats se contentent de piocher quelques éléments par là, et souvent ça caricature ces débats.
Vous avez publié un communiqué pour souligner que les propositions de Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon vont dans le bon sens : vous appelez à voter pour eux ?
Non, on est une organisation apartisane. Ce sont dans les programmes, selon nous, les propositions les plus ambitieuses aujourd'hui pour s'attaquer à la crise. Après, ce n'est à nous de dire d'aller voter pour un tel ou un tel. Ca nous paraît essentiel, à quelques semaines maintenant de ce premier tour, de dire clairement que tous les candidats ont besoin d'avoir une composante écologique parce que, justement, c'est au cœur des préoccupations des Français.
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