Rapport spécial du Giec : pour limiter l'érosion, "on doit réfléchir à l'échelle du pays pour avoir un schéma d'ensemble"
Alors qu'un rapport du Giec estime que la montée des eaux pourrait atteindre 1,10 mètre à la fin du siècle si rien n'est fait, le maire de Lacanau, en Gironde, se désole qu'on "commence à réfléchir au problème, quand on est embêtés".
Pour lutter contre l'érosion et la submersion de nos littoraux, "il faut réfléchir à l'échelle de l'État pour avoir un vrai schéma d'ensemble", estime Laurent Peyrondet, maire MoDem de Lacanau, en Gironde, alors que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) vient d'établir, dans un nouveau rapport spécial que la montée des eaux pourrait atteindre les 1,10 mètres d'ici la fin du siècle si rien n'est fait. "L'État voit peut-être le mauvais côté de la lorgnette en ne parlant que du problème financier", a-t-il dénoncé.
franceinfo : Dans votre commune, sur la côte Aquitaine, c'est une réalité : le paysage a déjà considérablement changé...
Laurent Peyrondet : Après les tempêtes de 2014, le trait de côte est devenu celui qui était prévu à l'horizon 2040. C'est un phénomène qui était soit disant centennal, mais selon les prévisions du Giec qui viennent de sortir, il pourrait se répéter avec l'importance des cyclones, des tempêtes et des coefficients de marée qui nous impactent fortement.
Avez-vous l'impression qu'on a perdu trop de temps ?
Bien sûr. C'est un mal qui est français. L'anticipation, on ne connaît pas. On commence à réfléchir au problème, quand on est embêtés. Aux États-Unis, aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne, cela fait longtemps qu'ils ont pensé à réfléchir à l'échelle de leurs littoraux.
Chez nous, finalement, c'est nous qui avons fait ce management de la submersion et de l'érosion, au niveau de la région Nouvelle-Aquitaine. Un Groupement d'intérêt public (GIP) nous accompagne. Cela fait longtemps qu'on a pensé, qu'on a validé des stratégies pour les années qui viennent, au niveau de la région, avec l'État. Le problème c'est qu'aujourd'hui, l'État se perd encore dans des études et des missions, et on n'arrive pas à avoir les éléments techniques, juridiques et financiers.
Est-il difficile de dire aux habitants qu'il faut changer et que cela va peut-être coûter un peu d'argent ?
Non, parce que localement, dès qu'on a deux ou trois hivers qui sont calmes, on rappelle à la population les risques qu'elle encoure. Les premiers sensibilisés, ce sont les habitants du littoral qui participent à des comités de concertation. On bâtit nos stratégies ensemble. Là où on a beaucoup de mal, c'est avec l'État qui voit peut-être le mauvais côté de la lorgnette en ne parlant que du problème financier. Quand on parle avec l'État, on a l'impression qu'il ne regarde pas ce que l'on a fait dans les territoires, et en particulier dans la région Nouvelle-Aquitaine.
À quoi ressemblera Lacanau dans 20 ou 30 ans ?
La station n'aura pas profondément changé parce qu'on est capable de protéger ces 850 à 1 000 mètres de front de mer urbain. On sait qu'il y aura, par le fait d'une construction qui nous protègera en 2050, un impact sur le nord et le sud. Quand on protège un endroit, il y a des impacts d'érosion qui se font ailleurs. Aujourd'hui, on utilise aussi des techniques douces, avec l'Office national des forêts (ONF). On replante, on fixe la dune pour ralentir le phénomène. On tremble, mais il y en a qui tremble plus que nous, comme à Bordeaux. On doit donc réfléchir à l'échelle de la région et de l'État pour avoir un vrai schéma d'ensemble.
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