Risque de canicule d'ici le week-end prochain : "Il y a une composante humaine", explique le dynamicien du climat Yves Tourre
Yves Tourre quantifie l'"apport humain" à la canicule entre 10 et 15%.
"Il y a une composante humaine" dans un phénomène de canicule, explique le dynamicien du climat Yves Tourre, dimanche 10 juillet sur franceinfo, alors que Météo France prévoit une vague de chaleur de plus en plus intense au fil des jours cette semaine, et parle d'un risque de canicule d'ici le week-end prochain.
franceinfo : Pouvez-vous-nous rappeler la différence entre vague de chaleur et canicule ?
Yves Tourre : Une vague de chaleur, c'est du rayonnement solaire dû à un champ de pression bien précis avec, la nuit, un rafraîchissement classique des masses d'air au-dessus des continents et des villes. La canicule, c'est une augmentation de la température qui va être supérieure, qui va atteindre 40 ou 45 degrés, qui va durer au moins trois jours. Et c'est dû à une position spécifique des champs des anticyclones qui font que la nuit la température ne baisse pas en dessous de 25 degrés. Et comme la canicule est essentiellement causée par la position d'un anticyclone, c'est quelque chose de très difficile à prévoir, donc c'est pour cela que c'est un peu tôt pour parler de canicule. Mais des canicules, il y en a eu en 2003, 2007, 2015, 2017, 2018 et 2020. Donc, il y a une fréquence de 2 à 3 ans.
On peut voir qu'elles sont de plus en plus fréquentes, est-ce que tout cela est lié au réchauffement climatique ?
Les effets de la pollution et donc des gaz à effet de serre qui sont relâchés dans l'atmosphère font que la nuit le réchauffement terrestre est bloqué par ces gaz, empêchant le rafraîchissement des couches basses de l'atmosphère. Donc il y a une composante humaine. Ce qu'il faudrait pour répondre d'une manière intelligente à votre question, c'est qu'on arrive à quantifier cet apport humain. Moi, je l'estime entre 10 et 15%.
Vous parlez des effets de la pollution. C'est d'ailleurs pour ça que les chaleurs sont encore plus étouffantes dans les villes où la densité humaine est plus importante.
C'est parce que dans les villes, il y a des îlots de chaleur qui se créent. Et ça, c'est dû à l'augmentation de la population, à l'augmentation des constructions et du minéral par rapport au végétal. Et donc là, ça va contribuer, surtout au niveau des villes, à amplifier l'effet de la chaleur et de la canicule. Et une des conséquences c'est que cela va augmenter les quantités d'ozone au niveau des villes. Cet ozone va ensuite irriter les muqueuses et cela risque de favoriser la diffusion du Covid.
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