Une dizaine de départements déjà en alerte pour la sécheresse, "un phénomène de plus en plus fréquent" selon un spécialiste
Une dizaine de département français sont déjà en alerte sécheresse précoce. Un phénomène qui, en raison du changement climatique, va devenir de moins en moins rare.
"Ce type de phénomène apparaît de plus en plus fréquemment", a commenté sur franceinfo Alain Dupuy, professeur d'hydrologie à l'Institut national polytechnique de Bordeaux, alors qu'une dizaine de départements en France se trouve déjà en situation d'alerte pour la sécheresse.
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"C'est une situation héritée de l'hiver et de l'automne dernier", a-t-il expliqué, alors que les situations sont très diverses sur l'ensemble du territoire français. La région Provence-Alpes-Côte-d'Azur est la plus touchée actuellement par ce phénomène de sécheresse. Les professionnels et les particuliers sont incités à faire des économies d'eau.
franceinfo : Dans les départements touchés, on retrouve la Vienne, l'Ain, la Drôme, les Alpes-Maritimes, mais la région Paca est la plus concernée. Pourquoi ?
Alain Dupuy : C'est la région qui a cumulé deux effets en même temps. D'abord un déficit hydrique marqué en début d'hiver, suite à l'été dernier qui a été très sec et ensuite une période de précipitations bien moindres que d'habitude. Il en résulte donc un déficit hydrique en ce début de printemps qui est très important, car la végétation est en débourrage, elle est en train de démarrer. Autrement dit, même s'il y avait des précipitations actuellement, elles seront captées par la végétation et n'iraient pas dans le sol ou le sous-sol. Ça risque donc d'être compliqué pour la suite, pour l'été et l'automne qui arrive.
On a des déficits jusqu'à plus de 50% par rapport à la normale aujourd'hui ?
Oui, mais la situation est très hétérogène sur le territoire. C'est vraiment ce qu'on appelle les masses d'eau, soit superficielles, soit souterraines. Ce sont des éléments de fonctionnement du système en surface ou en sous-terrain qui sont touchés. Et chaque situation sera différente, on ne peut pas homogénéiser au niveau des régions.
Est-ce que ces périodes de sécheresse précoces vont être de plus en plus fréquentes ?
Malheureusement, cela va devenir de moins en moins rare parce que la tendance du changement climatique nous fait avancer vers des systèmes où on aura une concentration relative des précipitations en hiver et ensuite un arrêt des précipitations tôt dans le printemps. Les premiers signaux qui nous sont remontés sur l'analyse des données montrent qu'on a ce type de phénomène de plus en plus fréquemment. D'autant plus que c'est quelque chose qui se cumule d'une année sur l'autre, notamment pour les nappes de surface dites phréatiques. C'est moins vrai pour les nappes plus profondes, mais si le déficit hydrique continue à s'accumuler, on va vers des gestions territorialisées de crise, il faut le dire.
Est-ce que la situation est rattrapable d'ici l'été ?
Avec le début du débourrage de la végétation, le boom végétal, on estime qu'une fois que la végétation est partie, elle capture la majorité des flux des précipitations, sauf à avoir des événements extrêmes très marqués et très concentrés. Mais malheureusement, la végétation est partie, donc les cultures vont capturer le maximum d'eau. Ensuite, on n'a que les résidus pour le ruissellement et pour la recharge des nappes. Donc ce sera difficilement rattrapable.
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