: Vidéo Environnement : sur la côte nord de Java, des villages fantômes, engloutis par la montée des eaux
Les images satellites le montrent de façon spectaculaire : une partie de l'Indonésie s'enfonce inexorablement dans la mer. Chaque année, la côte nord de l'île de Java perd jusqu'à 10 centimètres de terre. Cette montée des eaux est liée au réchauffement climatique, mais pas seulement. Explications dans cet extrait d'"Envoyé spécial".
Partout, de l'eau. Le village de Bedono est chaque jour un peu plus attaqué par la mer. En quelques années, ses champs et ses rizières ont été noyés, et un quart de ses habitants ont dû quitter les lieux. Ceux qui n'ont pas les moyens de déménager vivent ici comme des naufragés – sur une île en train de couler.
Des maisons surélevées, mal protégées par des digues de fortune
Comme dans de nombreux villages de la côte nord de Java, ceux qui restent tentent de s'adapter à la montée des eaux. Les maisons encore debout sont surélevées, des digues de béton ou de pneus sont érigées en renforts de fortune. Mais quand la mer monte, rien ne peut rester au sec. Les chemins sont alors inondés.
Chaque année, la mer grignote 10 centimètres de côte. Une comparaison avec une vue satellite de 2003 montre son avancée, spectaculaire : par endroits, le trait de côte a reculé de 2 kilomètres. Cette montée des eaux est liée au réchauffement climatique, mais aussi à l'affaissement des terres. Le sol s'enfonce, et les maisons coulent – littéralement.
En cause, le système de pompage des nappes phréatiques
En cause, le système d'approvisionnement en eau. Comme presque partout en Indonésie, la pompe du village est directement reliée à la nappe phréatique. A force de puiser, des zones d'aspiration se créent, entraînant le sol dans les profondeurs. Interdit par endroits, ce système s'est malgré tout multiplié sur le territoire. D'après le chef du village de Bedono, il n'y aurait pas d'autre solution pour subvenir aux besoins quotidiens de la population.
Aujourd'hui, des pans entiers du territoire ne tiennent plus qu'à un fil. D'autres ont presque été totalement recouverts par l'eau et la mangrove, créant des mondes engloutis. Certains de ces villages fantômes ne sont accessibles que par bateau.
La route d'accès au hameau voisin est devenue un canal
Pour accéder au hameau voisin, la journaliste Raphaële Schapira a dû prendre une barque. Sur la route devenue un canal, seuls la mosquée et des vestiges de poteaux électriques témoignent qu'ici vivaient des gens, des familles. Au milieu des ruines, cernée par les eaux, il ne reste qu'une seule maison habitée.
Extrait de "Indonésie, l'archipel englouti", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 17 septembre 2020.
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