: Vidéo "Il y a les inondations, les cyclones, les glissements de terrain, les feux de forêt, les séismes, les épidémies... " : l'île de la Réunion face au dérèglement climatique
La Croix-Rouge organise pendant deux jours à Cannes un sommet sur l'impact des changements climatiques sur la santé. Privée de réel hiver austral et en proie aujourd'hui à une épidémie de dengue, l'île de la Réunion fait face au dérèglement climatique et tente d’anticiper des catastrophes annoncées.
La Croix-Rouge organise lundi 15 avril et pour deux jours à Cannes, dans les Alpes-Maritimes, une conférence mondiale sur le réchauffement climatique avec cette interrogation : "Comment soigner l’humanité demain à + 2°C ?" Une question déjà d’actualité dans certaines régions du monde et notamment dans le département d'outre-mer français de l’île de la Réunion, dans l’Océan indien, qui subit déjà les effets d’une planète en surchauffe.
Ici, réchauffement et dérèglement climatique ne sont pas de lointains concepts. Le sujet est d’ailleurs au programme dès l’école primaire, comme dans la classe de Claire Despréaux, enseignante, où les élèves sont interrogés sur les sept risques naturels à la Réunion. Inès se lance : "Il y a les inondations, les cyclones, les glissements de terrain, les feux de forêt, les séismes, les épidémies…" Elle énumère sans hésiter toutes les catastrophes météo qui peuvent toucher l’île. Elle connaît aussi les consignes de mise en sécurité, enseignées dès le CM1.
S’il y a par exemple un cyclone, il faut prendre des réserves de nourriture et d’eau.
Inès, 10 ansà franceinfo
"Même s’ils n’ont que 10-11 ans, ce sont des risques auxquels ils ont été forcément confrontés à un moment où à un autre", explique la maîtresse, Claire Despréaux. "Ils ont quelque fois aussi vécu des drames", ajoute-t-elle. "On était en train de manger. J’ai regardé à la fenêtre et il y a la cabane de mon voisin qui s’est envolée", raconte Inès. "C’est bien d’apprendre, comme ça on pourra faire les bons gestes pour protéger tous ceux qui ne savent pas quoi faire, comme les voisins ou nos parents", ajoute l’un de ses camarades.
Anticiper et prévenir les risques pour mieux résister
Abris d’urgence, couvertures, bâches, seaux, jerricans… Camille Charrier, de la Croix-Rouge, nous fait visiter l’entrepôt de l’association humanitaire près de Saint-Denis de la Réunion. L’association d’aide humanitaire a décidé de stocker désormais sur place des centaines de tonnes de matériel d’urgence. "Avant cet entrepôt, il fallait attendre des moyens qui soient arrivés de Paris ou d’Afrique du Sud", explique-t-elle. Depuis, l’anticipation est devenue une obligation. "On sort de plus en plus le matériel, et on est confronté de plus en plus fréquemment à des situations où, en fin de saison cyclonique, l’entrepôt est vide", constate l'humanitaire.
Ces derniers mois, l’île a battu tous les records de chaleur. Les habitants ont coutume de dire en riant que la Réunion concentre tous les risques naturels, sauf la tempête de neige. À l’avenir, la population s’attend à des cyclones plus violents, à plus d’inondations, plus de glissements de terrain, plus de feux de forêt, plus d’épidémies aussi à cause de la prolifération de moustiques. Sur le marché de Saint-Louis, les bénévoles de la Croix-Rouge font de la prévention auprès de la population. Nous sommes dans le sud de l’île, touché en ce moment par une épidémie de dengue, véhiculée par le moustique tigre. 40 de fièvre et de très fortes douleurs : c’est ce qu’a vécu un homme rencontré sur le marché et qui a été touché il y a peu de temps par l’infection. "C’est très dur, pire que le chikungunya !" raconte-t-il.
Le risque c’est que la dengue devienne endémique à la Réunion.
Madeleine de la Servette, de la Croix-Rougeà franceinfo
Madeleine de la Servette est responsable de la lutte contre la dengue à la Croix Rouge. "Si cette épidémie a grandi autant, c’est qu’il n’y a pas eu d’hiver austral très prononcé et qui permet de tuer les moustiques. De fait, l’épidémie a continué à se propager", explique-t-elle. "Ce qui serait bien pour les prochaines années, c’est qu’il y ait de la prévention en continu, que ce soit pour la dengue ou d’autre maladies." Dengue, chikungunya, zika… À la Réunion, le réchauffement climatique n’a rien d’un mirage. C’est une inquiétude de tous les jours et une inquiétude de demain.
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