Ce que l'on sait du typhon Gaemi qui a touché terre en Chine, après avoir violemment frappé Taïwan

Des pluies torrentielles ont également touché le nord des Philippines, déclenchant des inondations et des glissements de terrain.
Article rédigé par franceinfo
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Des sauveteurs pagayent dans une rue inondée de Manille (Philippines), le 24 juillet 2024. (TED ALJIBE / AFP)

Après Taïwan, c'est au tour de la Chine d'être dans la tourmente. Après avoir violemment frappé Taipei dans la nuit de mercredi à jeudi 25 juillet, le typhon Gaemi a touché terre jeudi soir en Chine continentale, où il a perdu en intensité, bien que de fortes pluies s'abattent toujours sur de larges pans du sud et de l'est du pays. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ce phénomène météorologique extrême qui touche plusieurs pays d'Asie-Pacifique et qui a déjà fait au moins une vingtaine de morts et une dizaine de disparus.

Des vents jusqu'à 190 km/h et une trajectoire déviée

Le typhon Gaemi a touché terre à Taïwan jeudi dans la nuit, avec des vents atteignant les 190 km/h, ce qui équivaut à un ouragan de catégorie 3. Avant même que le typhon n'atteigne l'île, Huang En-hong, prévisionniste des services météorologiques taïwanais, estimait déjà auprès de l'AFP que "Gaemi devrait être le typhon le plus puissant en huit ans à toucher terre à Taïwan depuis Nepartak en 2016".

Taïwan a été d'autant plus durement frappé, que le typhon a dévié de la trajectoire anticipée par les météorologistes, suivant le relief montagneux de l'île et frappant ainsi deux fois la côte. "Après avoir effectué un tour sur lui-même, le typhon Gaemi est sur le point de toucher terre sur la côte nord-est de Taïwan", indique le chercheur Brian McNoldy sur X.

Jeudi matin, les rafales de vent mesurées ont un peu perdu en puissance, atteignant 154 km/h, alors que le typhon a continué sa trajectoire en mer, selon la carte de la compagnie américaine d'informations météorologiques Weather Underground, qui traque en temps réel l'avancée du typhon.

Gaemi se dirige désormais vers la province du Fujian, dans le sud-est de la Chine, et devrait ensuite perdre en force dans les terres. Déjà, d'énormes vagues frappent les côtes chinoises.

D'énormes vagues frappent la côte de la province du Fujian (Chine), le 25 juillet 2024. (JIANG KEHONG / XINHUA / AFP)

Au Japon, les autorités d'Okinawa ont invité la population à "faire preuve d'une grande vigilance face aux tempêtes, aux fortes vagues" et aux inondations.

Plus de 200 millimètres de précipitations sur Manille en 24 heures

Avant de balayer Taïwan, Gaemi s'est aussi abattu mercredi sur le nord des Philippines, provocant des inondations dans les rues de la capitale et des glissements de terrain dans les régions montagneuses. Le gouvernement a ordonné l'évacuation de dizaines de milliers de personnes et a débloqué des fonds d'urgence pour aider la population dans le besoin. Les quartiers défavorisés près du port de Manille ont été particulièrement touchés et plus de 2 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs logements. 

Des habitants de Manille nettoient devant leurs maisons après le passage du typhon Gaemi qui a frappé les Philippines, le 25 juillet 2024. (JAM STA ROSA / AFP)

Cette zone du globe connaît chaque année des tempêtes tropicales de juillet à octobre, mais les experts considèrent que le changement climatique a augmenté leur intensité. "D'habitude, le pic de la saison des pluies est en juillet et en août et il se trouve qu'un typhon dans les eaux orientales des Philippines renforce la mousson", rapporte Glaiza Escullar, une experte en météorologie, à l'AFP. Plus de 200 millimètres de précipitations sont tombés sur la capitale en 24 heures, un niveau qui n'est "pas inhabituel", selon elle.

Plus de 8 000 personnes évacuées à Taïwan

Plus de 8 000 personnes ont été évacuées de trois régions du nord de Taïwan, en particulier de celle de Hualien, une zone montagneuse présentant un risque élevé de glissements de terrain. Pour des raisons de sécurité, les autorités taïwanaises ont également décrété mercredi comme jour chômé. Les écoles et les bureaux ont été fermés et la Bourse suspendue. Les trains, les ferries et plus de 250 vols internationaux ont également été annulés.

Des passagers attendent à l'aéroport international de Taoyuan (Taïwan), alors que les vols intérieurs et internationaux sont annulés en raison du typhon Gaemi, le 24 juillet 2024. (DANIEL CENG / ANADOLU / AFP)

En prévision du passage du typhon, le président taïwanais, Lai Ching-te, avait exhorté la population à "donner la priorité à la sécurité". "Gaemi est le premier typhon cette année à toucher terre à Taïwan, a-t-il souligné devant la presse. J'espère que grâce à nos efforts communs, l'impact du typhon pourra être réduit (...). J'encourage également mes concitoyens à travers le pays à ne pas sortir, à moins que cela ne soit nécessaire, pendant le typhon, et surtout pas dans des endroits dangereux", a-t-il ajouté.

Au moins deux morts à Taïwan et 20 aux Philippines

A Taïwan, le typhon a tué deux personnes avant même qu'il n'arrive sur le territoire. Un motard a été écrasé jeudi par la chute d'un arbre à Kaohsiung, une ville du sud, et une conductrice a été tuée par la chute de débris sur sa voiture dans la province de Hualien, dans l'est de Taïwan. Dans la soirée, près de 200 personnes ont été blessées à Taïwan.

Aux Philippines, les pluies torrentielles ont fait 20 morts, selon un nouveau bilan annoncé jeudi par la police. Au sud de Manille, dans la province de Batangas, des glissements de terrain ont coûté la vie à une femme enceinte et à trois enfants. Au nord de la capitale, dans la province de Pampanga, une femme et son enfant de 5 ans sont morts, également dans un glissement de terrain.

Dix marins portés disparus et une menace de marée noire

Le bilan humain pourrait encore s'alourdir. Neuf marins birmans sont portés disparus après qu'un cargo battant pavillon tanzanien a coulé au large du sud de Taïwan, ont annoncé jeudi les pompiers taïwanais. Un autre marin est également porté disparu après le naufrage d'un pétrolier au large de Manille, la capitale des Philippines.

Le bateau transportait 1,4 million de litres de pétrole, selon les autorités, qui tentent d'éviter une marée noire. "Nous sommes lancés dans une course contre-la-montre et nous allons faire de notre mieux pour la contenir immédiatement et arrêter la fuite de carburant", a déclaré Armando Balilo, le porte-parole des garde-côtes philippins, dans un communiqué. Selon lui, si tout le pétrole contenu dans le pétrolier venait à fuir, il s'agirait de la plus grande marée noire de l'histoire des Philippines.

300 000 personnes évacuées en Chine

Si aucune victime n'a pour l'heure était signalée, le typhon poursuit sa route et continue de faire des dégâts. C'est désormais en Chine continentale que le phénomène fait rage, malgré une perte progressive d'intensité. Des transports, des écoles, des marchés et des services publics ont été suspendus dans certaines villes du Fujian, la province qui fait face à Taïwan.

Par ailleurs, plus de 290 000 personnes ont été relogées préventivement par crainte d'inondations, selon l'agence de presse officielle Chine nouvelle. La municipalité de Wenzhou, ville qui compte neuf millions d'habitants, a émis une alerte rouge pour tempête, le niveau le plus élevé, et a évacué plus de 7 000 personnes, selon CCTV.  Le typhon Gaemi risque ainsi de continuer à provoquer vendredi d'importantes perturbations, selon plusieurs médias d'Etat, qui invitent à la vigilance, notamment dans les provinces du Jiangxi et du Henan.

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