: Témoignages "On dirait qu'une bombe nucléaire a explosé" : à Mayotte, des professeurs découvrent leurs écoles détruites après le passage du cyclone Chido


Une deuxième nuit sous couvre-feu à Mayotte où l'aide arrive peu à peu. Emmanuel Macron est attendu jeudi 19 décembre après le passage meurtrier du cyclone Chido dans l'archipel. Si de très nombreux bâtiments sont à terre, c'est le cas aussi de beaucoup d'écoles.
Léo travaille au collège de Tsingoni au nord-ouest de Grande-Terre. Il accepte de témoigner par téléphone pour franceinfo, mais rapidement : il ne veut pas perdre trop de batterie sur son téléphone, puisque l'électricité est encore très aléatoire. "Il y a beaucoup de dégradations matérielles dues au cyclone : les salles remplies d'eau, les plafonds sont effondrés.. Je n'ai jamais vu ça. On dirait qu'une bombe nucléaire a explosé à Mayotte", évoque-t-il.
Dans le chef-lieu de l'archipel, à Mamoudzou, certains établissements sont en effet presque intégralement détruits depuis la passage de l'ouragan. "Il y a 80% des bâtiments qui n'ont plus de toit, explique une enseignante. Une partie des bâtiments a été détruite aussi. Le lycée est rempli de débris en fait. Les tables sont détruites, les toits sont tombés, les chaises sont détruites, les ordinateurs ont pris l'eau. C'est méconnaissable."
"C'est un événement extrêmement traumatisant"
Cette enseignante a tenu à voir l'état de son lycée le soir-même après le passage du cyclone : "C'est un événement extrêmement traumatisant. Ce traumatisme n'est pas encore fini parce qu'on n'a pas de nouvelles de nos élèves. On ne sait pas quelle est leur situation. C'est très désarmant. Parce que nous, en tant qu'enseignant, on a quand même une situation qui reste privilégiée par rapport à beaucoup de personnes sur l'île", confie-t-elle.
"On croise quelques élèves dans les rues, mais on ne sait pas encore si certains sont morts... On redoute qu'ils soient morts. Mais on ne sait pas encore."
Une enseignante à Mayotteà franceinfo
D'autres établissements ont tenu partiellement le coup. Ils sont transformés en centre d'accueil pour les habitants qui n'ont plus rien, et de base pour les secouristes. Mais pour tous ces professeurs, parler de rentrée scolaire n'a pour le moment aucun sens. "Je pense que reconstruire des établissements scolaires, ça ne va être pas tout de suite", regrette Sofia, professeur en collège à Mamoudzou.
Il faudra beaucoup de temps selon eux, pour tout rebâtir et permettre un retour des élèves reconstruire les bâtiments, reconstruire aussi les esprits... "Là, tout de suite, moralement, c'est compliqué. Mais je sais que je ne laisserai pas tomber mon travail, ni Mayotte, C'est clair. Priorité aux élèves", témoigne Sofia.
Beaucoup de ces agents souhaitent une évacuation hors de l'archipel, ne serait-ce que quelques semaines, le temps de souffler, de se reposer avant de revenir. Une ligne d'urgence a été mise en place par le rectorat de Mayotte.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.