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Canicule : "Il faut prendre à bras-le-corps la question de la pollution de l'air"

L'eurodéputée écologiste Karima Delli rappelle que la pollution de l'air est la troisième cause de mortalité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Karima Delli à Paris, le 25 mars 2019. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

Karima Delli, députée européenne Europe Écologie-Les Verts dénonce sur franceinfo "l'inaction des différents acteurs" en matière de pollution de l'air, mardi 25 juin. "La Commission européenne va devoir sanctionner" à hauteur de 24 000 euros par jour, poursuit-elle. "Avec tout cet argent, on peut mettre en place un nouveau dispositif pour que les citoyens puissent respirer correctement", estime l'eurodéputée écologiste, également présidente de la commission des transports du Parlement européen.

franceinfo : Est-ce que la circulation différenciée et les limites de vitesse abaissées font vraiment chuter le niveau de pollution ?

Karima Delli : C'est une mesure à prendre en compte, mais ça ne règlera en rien la question de la pollution de l'air. Je rappelle quand même qu'au niveau européen, il y a près de 500 000 morts prématurées. En France, on est passé de 48 000 à 67 000 morts prématurés, ce qui fait de la pollution de l'air la troisième cause de mortalité. À cette mortalité s'ajoutent aussi de nombreuses maladies qui dégradent la qualité de vie de nombreux citoyens. Et ça fait depuis près de vingt ans qu'on dénonce la pollution de l'air et l'inaction des différents acteurs. Aujourd'hui, on a une directive européenne, la directive Qualité de l'air qui date de 2008, et ça fait dix ans qu'on ne fait rien. Je rappelle que la France est en infraction. Donc les mesures qu'on nous annonce, c'est rien par rapport à ce qu'il faut faire. Alors qu'on connaît les solutions aujourd'hui.

On est encore une fois dans des mesures d'urgence. Est-ce qu'on peut éviter ces pics de pollution à l'heure qu'il est ?

On peut, si on prend à bras-le-corps la question de la pollution de l'air. Aujourd'hui, quand il y a un pic de pollution, on nous dit qu'il faut faire rentrer les enfants dans les classes parce qu'ils ne peuvent plus aller dans les cours de récréation. Les personnes âgées et les femmes enceintes doivent aussi rester chez elles. Est-ce que c'est ce monde-là que l'on veut ? Non. Donc il faut vraiment développer les circulations douces, favoriser le vélo, rendre leur place aux piétons, il faut encourager les mobilités durables...

Pourquoi n'a-t-on pas un vrai bonus sur les vélos à assistance électrique ? Mais surtout, il faut qu'on travaille sur les gros pollueurs. Il n'est pas normal que la France n'ait toujours pas une taxe poids lourds, alors qu'on voit aujourd'hui que dans les autres pays, c'est mis en œuvre et qu'au Parlement européen cela a été voté. Et puis sur la question du "dieselgate", je suis scandalisée qu'on ne rappelle toujours pas les véhicules qui dépassent les normes jusqu'à 40 fois. Ce sont des mesures de bon sens.

Vous évoquiez le Parlement européen et les lois que vous votez. Y a-t-il une impuissance ou un manque de volonté de la Commission européenne ?

La Commission européenne menace depuis plus de dix ans ces pays qui ne respectent pas la directive sur la qualité de l'air. Donc déjà il va falloir revoir cette directive qui n'est plus aux normes de l'OMS (Organisation mondiale de la santé). La Commission européenne va devoir sanctionner. Et là cette sanction est terrible : c'est onze millions d'euros, et 24 000 euros par jour où l'on ne fait rien. Avec tout cet argent on peut mettre en place un nouveau dispositif pour que les citoyens puissent respirer correctement.

La loi mobilité en France ne prend-elle pas le problème à bras-le-corps ?

Pour moi, la loi mobilité n'a pas été à la hauteur. Je croyais qu'on allait sortir notamment les véhicules diesel. Je rappelle que le diesel est cancérigène, ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'OMS. Quand c'est dangereux, il faut vite sortir. On n'a pas le plan de sortie que nous allons mettre en œuvre au niveau européen, parce qu'on voit bien que les États aujourd'hui ne bougent pas. D'ici quinze ans, il faut sortir du diesel, d'ici 2030 il faut sortir des énergies fossiles.

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