Pic de pollution : "Il ne faut pas paniquer, ni rester confiné à la maison"
Paris et ses environs subissent le pic de pollution "hivernal" le plus long et le plus intense depuis dix ans, selon Airparif. D'autres régions sont aussi touchées. Franceinfo a interrogé un pneumologue pour savoir quel comportement adopter.
La France suffoque. Depuis la fin novembre, un épisode marqué de pollution de l'air touche le pays, en particulier en Ile-de-France et dans la vallée du Rhône, où les taux de particules fines restent élevés. Pour le troisième jour consécutif, la préfecture de police va reconduire jeudi 8 décembre le dispositif de circulation alternée à Paris et dans sa proche banlieue, tandis qu'il va être mis en place vendredi à Lyon et à Villeurbanne. Quels sont les bons gestes à adopter en période de pic de pollution ? Franceinfo a interrogé le docteur Jean-Philippe Santoni, pneumologue bénévole à la Fondation du Souffle.
Franceinfo : Si je n'ai aucune maladie respiratoire, dois-je m'inquiéter de ces pics de pollution ?
Dr Jean-Philippe Santoni : Lorsque l'on parle de pic de pollution, on ne parle que de l'un des aspects de la pollution, puisque la pollution de fond [la pollution ambiante à laquelle nous sommes exposés sur de longues périodes] est aussi importante. Autre point : la pollution domestique est environ 5 à 10 fois plus importante que la pollution extérieure. Il ne faut donc pas paniquer par rapport à ces pics de pollution, et ne pas se dire : "je vais rester confiné à la maison", en particulier quand on n'a pas de maladie respiratoire.
Pas besoin de rester confiné, même pour les personnes sensibles ou les femmes enceintes ?
Les personnes atteintes de maladies respiratoires ont plus de risque de subir les effets délétères de la pollution. Pour les asthmatiques ou les personnes dont les voies respiratoires sont sensibles, il est très important de mesurer sa respiration à l'aide d'un débitmètre de pointe qu'on peut se procurer en pharmacie. En cas de variations importantes – plus de 15% par rapport aux précédentes données –, on peut renforcer son traitement de fond de l'asthme et, le cas échéant, consulter son pneumologue dans cette période.
Pour les femmes enceintes, il n'y a pas plus de risque pendant le pic de pollution que pendant les périodes de pollution de fond. En revanche, si vous êtes enceinte avec des sensibilités particulières comme une maladie respiratoire, il vaut mieux essayer de se prémunir de respirer un air pollué.
Est-ce une bonne idée d'aller se mettre au vert ?
Oui, les gens qui le peuvent ont tout intérêt à le faire. Même passer deux heures dans un parc est bénéfique. Les Parisiens disposent de très grands bois comme ceux de Boulogne, de Vincennes, ou le domaine de Saint-Cloud.
On peut aussi choisir ses heures de sortie. Tôt le matin, il semble que la pollution soit moins importante qu'en milieu de journée. Il est d'ailleurs recommandé d'aérer les logements et les bureaux au moins 20 à 30 minutes par jour tôt le matin.
Et porter un masque, c'est efficace ?
Non. Les masques portés par certains cyclistes peuvent même être délétères s'ils sont portés de manière répétée, car ils peuvent permettre l'apparition de moisissures. Il vaut mieux ne rien porter. Il existe des masques avec un haut degré de technicité, avec des filtres, qui peuvent protéger, mais ils ne sont pas répandus dans le commerce.
Y a-t-il des aliments bénéfiques contre la pollution ?
Des études récentes montrent que certaines supplémentations vitaminiques, en particulier des vitamines antioxydantes – vitamines C, E –, peuvent protéger l'arbre respiratoire contre les effets à court terme de l'ozone et des microparticules. Ces vitamines sont disponibles en pharmacie.
En outre, il peut être bénéfique de consommer des acides gras polyinsaturés, comme les huiles de poisson ou d'olive, qui confèrent une protection contre les effets de la pollution sur le système cardio-vasculaire, en particulier sur le système respiratoire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.