"L'herbe est déjà jaune !" : sur l'île de Groix, de fortes restrictions d'eau pour faire face à la sécheresse
L'île de Groix est, comme une partie du territoire français, confrontée à une sécheresse précoce. Elle fait donc l'objet de restrictions renforcées pour pouvoir affronter la période estivale et son flot de touristes.
Les lunettes de soleil sont de rigueur pour les passagers qui débarquent du ferry sur l'île de Groix (Morbihan), mardi 24 mai. Si pour eux la promenade s'annonce radieuse, avec un grand ciel bleu, les habitants ne sont pas forcément ravis et certains auraient préféré un peu plus de nuages. "Au mois de mars, on n'a absolument pas eu d'eau, alors qu'il est habituellement pluvieux. L'hiver a globalement été très moyennement pluvieux. Il y a des endroits où l'herbe est assez haute et elle est déjà jaune", raconte Marie-Christine, qui habite l'île à l'année.
Comme le reste de la France, l'île de Groix subit la sécheresse. Le Morbihan est d'ailleurs déjà placé en état de vigilance par la préfecture, comme un cinquième du territoire métropolitain. Mais l’île bretonne fait l’objet de mesures renforcées car les réserves en eau y sont insuffisantes. Avant l’arrivée des touristes cet été, les habitants sont donc appelés à limiter leur consommation.
Des restrictions difficiles pour les maraîchers
Marie-Christine respecte les consignes, avec une consommation d’eau limitée. "Quand je venais en vacances à Groix, chez mes grands-parents, il y a 50 ans de cela, il fallait aller chercher l'eau au puit. Forcément on était beaucoup plus prudents !", se souvient la Groisillonne. "Aujourd'hui, il suffit de tourner le robinet. On n'a plus conscience que l'eau tombe du ciel", et atterrit à l'intérieur de la cuve installée dans son jardin. Celle-ci permet de récupérer l'eau qui ruisselle dans les gouttières. "Elle était pleine depuis l'hiver puisque je ne m'en suis pas servie. Je n'ai pas fait de potager. Je ferai plaisir à des gens qui en auront besoin, éventuellement !"
Justement, Yves Guélou pourrait potentiellement en avoir besoin. "Je suis en train de planter de l'asperge", décrit ce maraîcher. "Si on est obligés de diminuer notre utilisation de l'eau, cela signifie qu'on enlève les cultures", s'agace-t-il. Il est en effet contraint de limiter l'irrigation de ses légumes.
"C'est comme si on demandait au boulanger de réduire sa consommation d'eau de 25% pour faire moins de pain. Il ne va peut-être pas être d'accord."
Yves Guélou, maraîcher à Groix (Morbihan)à franceinfo
Même si elles ne sont pas toujours agréables à respecter, elles sont nécessaires, insiste Gilles Le Menach. "La réserve du barrage de la commune est en déficit par rapport aux années passées", justifie le premier adjoint au maire de Groix. "On fonctionne donc sur les forages." Ceux-ci permettent en effet à la commune de s'approvisionner en eau durant dix mois de l'année. "Durant les deux mois d'été, on est approvisionnés grâce à la retenue d'eau." Qui est donc en déficit.
Il adresse donc un message aux habitants et aux touristes qui vont arriver : "Restons vigilants." L'objectif est de ne pas revivre la sécheresse de 1989. Cette année-là, l'île de Groix avait dû être ravitaillée en eau potable par des navires venus du continent.
Sécheresse | ⚠️
— Préfet du Morbihan (@Prefet56) May 16, 2022
La retenue d’eau de Port Melin à #Groix présente un niveau inférieur à la cote d’alerte renforcée.
En applicat° de l’arrêté préfectoral, l’île de Groix est placée en alerte renforcée.
Respectez les restrictions d'eau potable ⤵️
➕d'infos https://t.co/o3U09iCoAX pic.twitter.com/NNF402ItST
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.