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Pourquoi la sécheresse donne autant de sueurs froides cette année

Article rédigé par Simon Gourmellet - Leela Badrinath
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le Louet près de Rochefort-sur-Loire (Maine-et-Loire) n'est plus qu'un filet d'eau, le 15 juillet 2019. (MAXPPP)

La France souffre d'un déficit de précipitations sur une très grande partie du pays.

Des sapins qui sèchent sur pied dans les Vosges, des restrictions d'eau décrétées dans plus de 70 départements et toujours pas de pluies à l'horizon... La sécheresse actuelle n'est pas un phénomène "totalement inhabituel" en ce début d'été, mais elle est "tout de même précoce", estime le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans un communiqué. Franceinfo vous explique pourquoi cet épisode sec est inquiétant.

Parce qu'il n'a pas assez plu cet hiver

Pour bien comprendre la situation actuelle de nos ressources en eau, il faut remonter les saisons. Les pluies de l'hiver dernier n'ont pas été suffisamment abondantes. Depuis septembre, le déficit pluviométrique reste proche de 20% sur l'ensemble de la France, selon le bulletin national de situation hydrologique de juin 2019. Bien évidemment, toutes les zones ne sont pas touchées au même niveau. 

En comparant les précipitations de cette année à la moyenne calculée sur 30 ans, on remarque que tous les départements, à l'exception des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, ont eu moins de pluie qu'en moyenne. Cela montre que, jusqu'à présent, 2019 a été une année globalement sèche. Le département le plus touché est l'Hérault, où seuls 213 mm de pluie ont été enregistrés par rapport à une moyenne de 417 mm au cours des années précédentes.

Conséquence de ces pluies insuffisantes, la recharge en eau de certaines nappes phréatiques est insuffisante. Les niveaux sont globalement très inférieurs à ceux de l'année précédente à cette même époque, rapporte le Bureau de recherches géologiques et minières.

"Dans certains secteurs, les niveaux sont plus bas que la moyenne", explique à franceinfo Laurence Gourcy, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). "C'est le cas par exemple en Bourgogne et dans la plaine d'Alsace au sud de Colmar où les nappes ont atteint des niveaux historiquement bas pour un mois de juin."

Parce que l'été est très très chaud

Pour ne rien arranger, la France subit une vague de chaleur marquée notamment par une canicule historique fin juin. Résultat, les sols sont secs, comme le note Météo France dans son relevé mensuel de l'état des sols superficiels. Dans le détail, jusqu'aux premiers jours de juin, l'humidité est généralement restée proche des normales, excepté en Auvergne, en Bourgogne et localement sur les régions méditerranéennes qui ont connu un déficit de pluie persistant. Puis, les températures très élevées associées à la faible pluviométrie ont contribué à un assèchement remarquable des sols superficiels. Au 10 juillet, cette sécheresse des sols superficiels persiste sur un large quart nord-est et localement en région Paca, explique Météo France.

Forcément, la faiblesse des pluies durant cette période estivale n'arrange rien à la situation. "C'est généralement en avril qu'a lieu la fin des recharges des nappes phréatiques et des aquifères, poursuit Laurence Gourcy. Ensuite, toutes les eaux de pluie sont absorbées par les plantes ou s'évaporent." Sans pluie et avec les fortes chaleurs de ces dernières semaines, les réserves sont donc plus fortement sollicitées.

Les conditions semblent donc être réunies pour devoir faire face à une nouvelle sécheresse, "ou plutôt à des sécheresses", explique Nathalie Dörfliger, une autre hydrogéologue du BRGM, sur le site The Conversation. Avec une sécheresse météorologique (déficit prolongé de pluies), une sécheresse des sols, marquée par un déficit en eau des sols de surface avec des conséquences négatives sur la croissance de la végétation et enfin "une sécheresse hydrologique qui se traduit par des niveaux d'eau, et de débits pour les cours d'eau et sources, anormalement bas (tant pour les eaux de surface que pour les eaux souterraines)".

Parce que l'optimisme n'est pas de mise

Et dans un futur proche ? La vague de chaleur va perdurer. Une nouvelle alerte canicule a été lancée par Météo France dès mercredi 17 juillet. En début de semaine, les températures pourront atteindre localement jusqu'à 40 °C. Sur le moyen terme, et concernant plus spécifiquement les ressources en eau, le mois d'octobre prochain sera déterminant selon l'hydrogéologue Laurence Gourcy. "C'est un moment délicat, là où les nappes seront au plus bas. S'il n'y a pas de recharge à ce moment-là, c'est-à-dire des pluies importantes, cela posera un problème pour l'eau potable et pour l'industrie." 

La pluviométrie sera donc à surveiller de près durant cette période, mais pas seulement. Si ces pluies sont abondantes, elles devront également pénétrer le sol pour recharger les nappes. Et de ce point de vue, les experts du BRGM constatent "qu'avec le réchauffement climatique, les phénomènes extrêmes s'intensifient", comme les fortes chaleurs que nous subissons en ce moment, mais surtout les orages et pluies violentes qui ruissellent sans avoir le temps de recharger les réserves souterraines.

Sur un plus long terme, les perspectives ne sont pas plus réjouissantes. "La sécheresse pourrait devenir chronique. Il n'y a pas de quoi être optimiste", explique à franceinfo Marillys Macé, directrice générale du Centre d'information sur l'eau. "Les débits des cours d'eau vont se réduire dans les cinquante ans qui viennent, d'entre 10% et 40%. On va avoir des températures qui vont s'élever et une baisse des précipitations en été", anticipe-t-elle. 

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