Japon : "L'alerte" tsunami "est passée" mais "on n'est pas à l'abri" de fortes répliques du séisme, assure le sismologue Pascal Bernard
"L'alerte" tsunami "est passée" au Japon, mais "on n'est pas à l'abri" de fortes répliques du séisme, assure lundi 1er janvier sur franceinfo le sismologue Pascal Bernard. Au moins 21 séismes, de magnitudes modérées, ont touché le Japon ces dernières heures, dont un d'une magnitude de 7,5. Une alerte au tsunami a été déclenchée par les autorités dans les localités concernées.
franceinfo : Est-ce qu'on est dans quelque chose d'inédit ?
Pascal Bernard : Non, ce n'est pas spécialement inédit. C'est une zone qui est relativement peu sismique, contrairement à la zone est [...], plus violente en termes de grands séismes. D'ailleurs, il y avait eu un séisme de magnitude 6,5, donc 30 fois moins d'énergie, mais tout de même potentiellement destructeur, qui a eu lieu il y a moins d'un an, en 2023 au même endroit exactement. Il y a eu un petit séisme précurseur quelques minutes avant ce grand séisme, lundi 1er janvier au matin, de magnitude 5,5, donc bien ressenti par les gens, mais qui n'a pas été suffisamment fort pour faire peur aux gens et leur faire quitter les habitations. Donc, le gros séisme a frappé sans prévenir quasiment.
En plus de ce séisme, il y a eu une vingtaine de séismes plus modestes. Là aussi, c'est habituel ou c'est inédit ?
Les séismes qui ont été enregistrés de magnitude 5 jusqu'à 6,5, c'est exactement ce que l'on attend dans la statistique des contrecoups de ce grand séisme. Cela va continuer pendant des semaines, voire quelques mois avec des magnitudes et des intensités plus faibles. Mais on ne peut pas exclure le fait qu'il y ait des séismes aussi gros qui surviennent. Heureusement, la géologie locale fait que c'est vraiment la faille principale qui a touché la côte. Et les failles secondaires, qui pourraient casser lors des grands séismes, sont en mer, et donc, a priori, ne posent pas un risque de vibrations aussi destructrices que celui qui vient de se passer lundi matin.
Les autorités ont déclenché une alerte au tsunami, combien de temps cela peut prendre pour que l'on sache si cette alerte se concrétise ?
L'alerte est passée, au sens où les vagues se propagent très vite [...] puisque la faille est quasiment sous la péninsule. Les premières vagues sont arrivées en dix secondes, ont touché les premières côtes et les côtes suivantes sont touchées quelques minutes, voire quelques dizaines de minutes, après. Les ondes traversent les océans, mais avec des amplitudes beaucoup moindres.
"Il faut savoir que les premières vagues pour ce séisme-là, heureusement, ont été de faible amplitude, à peine plus d'un mètre, donc ne posent pas de danger".
Pascal Bernard, sismologueà franceinfo
Mais effectivement, ce type de séisme peut générer des vagues de plusieurs mètres, d'où l'alerte. Mais l'alerte est levée, donc il n'y a plus de souci jusqu'au prochain éventuel grand séisme.
Cela veut dire qu'à l'heure qu'il est, le pire est passé pour cette région du Japon ?
Pour l'aspect tsunami, oui, mais pour l'aspect séisme, on n'est jamais à l'abri d'un deuxième séisme qui serait déclenché par le premier.
Est-ce qu'il y a eu, après les tremblements de terre et le tsunami de 2011, qui avaient touché la centrale nucléaire de Fukushima, des mesures prises au Japon qui permettent de réduire l'impact de séismes comme celui d'aujourd'hui ?
Elles sont prises depuis fort longtemps, heureusement, bien avant le séisme de 2011. Il y a une prévention au Japon qui est en place depuis des décennies, voire des siècles pour certains types de construction.
Vivre avec les séismes, le Japon en a l'habitude. Est-ce que ce sont des failles qui sont en activité quasiment permanente ?
Oui, ce sont des failles qui sont en possibilité d'activité permanente, qui cassent une fois tous les 500 ans, tous les mille ans, tous les trois mille ans. Sur la côte ouest du Japon, c'est plus lent que sur la côte est, puisque les failles sont sollicitées à raison d'un centimètre par an dans cette zone, du côté de la mer du Japon ; et plutôt à six, sept centimètres par an du côté est. C'est cinq à six fois plus rapide, en termes de mouvements, du côté est, donc les séismes sont plus gros et beaucoup plus fréquents que sur la côte ouest. Ce séisme n'a pas surpris, mais il est plus rare que sur la côte est.
Est-ce que, puisqu'il y a eu un séisme d'amplitude très forte, cela veut dire que les répliques qui vont venir seront forcément moins importantes ?
La statistique dit que pour un séisme de 7,5, on attend en moyenne un séisme de magnitude d'un point inférieur. C'est ce qu'il s'est produit une dizaine de minutes après ce premier séisme. Donc on peut dire qu'il a déjà rempli son lot de séismes forts. Mais rien n'empêche, et la probabilité est beaucoup plus faible, qu'il y ait un séisme encore de magnitude 7, voire plus, qui puisse survenir dans les semaines qui viennent.
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