A quoi va ressembler la nouvelle vie de François ?

Il a commencé sa première journée de pape par une prière. Elu mercredi 13 mars par les cardinaux rassemblés dans la chapelle Sixtine, l'Argentin Jorge Mario Bergoglio est devenu François, 266e pape, premier Sud-Américain et premier jésuite à occuper cette fonction. Une nouvelle vie pour l'ancien archevêque de Buenos Aires, réputé humble et proche des pauvres.

En conférence de presse, jeudi 14 mars, le porte-parole du Saint-Siège, Federico Lombardi, a assuré qu'il en dirait plus sur le mode de vie du nouveau pape dans quelques jours. En attendant, francetv info dresse l'inventaire de ce qui a déjà changé dans le quotidien du cardinal Bergoglio.

Son nouveau nom

François. Pas "François Ier", bien qu'il soit le premier pape à opter pour ce prénom, mais juste "François", a fait savoir le porte-parole du Vatican. Après Jean-Paul Ier en 1978, il est le premier pape à choisir un nom inédit depuis Landon, en l'an 913. Il sera éventuellement appelé un jour François Ier si l'un de ses successeurs devait décider de lui rendre hommage en s'appelant lui-même François II. Ce choix fait référence à saint François d'Assise. 

Son nouveau look 

François ne s'est pas contenté de retirer ses lunettes, comme l'a noté le Daily Mail (en anglais), jeudi matin. Comme le veut le protocole, le pape s'est immédiatement changé après son élection mardi soir, juste avant de faire sa première apparition à la fenêtre de la basilique Saint-Pierre. Fini la robe pourpre du cardinal, place à la soutane et à la calotte blanches. Le style papal depuis Pie V (1566-1572). Et les chaussures ? Celles du souverain pontife sont toujours en cuir et toujours rouges. Slate.fr écrit que "le cuir rouge, porté autrefois par l'aristocratie, symbolise la crucifixion du Christ et le sang des martyrs, note The New York Review of Books [en anglais]."

Autre attribut papal à adopter : la bague dite "du pêcheur", qui lui est mise au doigt le jour de son intronisation. Sur ce bijou en or figure le sceau papal, soit une représentation de saint Pierre en train de pêcher, accompagné du nom du pape écrit en latin. Ainsi, la bague ne se transmet pas. Même, elle se détruit à la fin du règne d'un pape. Benoît XVI avait choisi de la porter régulièrement, mais rien n'indique que François fera de même. Un rebelle, le pape François ?

En tout cas, il rompt avec le style flamboyant de ses prédécesseurs. Lors de sa première apparition au balcon de la basilique Saint-Pierre, il n'a pas mis son étole, ne la portant que pour la bénédiction, avant de l'enlever rapidement. Il a même refusé d'arborer une croix en or sophistiquée proposée par les hauts responsables du Vatican. Comme le relate le journaliste John Thavis sur son blog (en anglais), il leur a dit préférer sa croix d'évêque, moins tape-à-l'œil.

Sa (future) nouvelle adresse 

Pour la première nuit de son pontificat, le pape François a séjourné dans la suite 201 de la résidence Sainte-Marthe, où les 115 cardinaux électeurs étaient confinés depuis le début du conclave. Le lendemain matin, il a récupéré ses valises à la Casa del Clero, où il logeait avant le conclave, n'oubliant pas au passage de payer la facture et de remercier le personnel avec un bouquet de fleurs.

Il doit ensuite emménager dans la résidence pontificale, au troisième étage du palais de Sixte-Quint, une aile du palais apostolique, place Saint-Pierre. S'y trouvent ses appartements et son bureau ainsi que ceux de son principal collaborateur, le cardinal secrétaire d'Etat.

Jeudi soir, après sa première messe célébrée dans la chapelle Sixtine, il enlèvera le sceau qui fermait la porte des appartements du pape depuis la renonciation de Benoît XVI. Il laissera les ouvriers effectuer quelques retouches avant de s'installer, dans quelques jours. Pas sûr que ce déménagement enchante le souverain pontife. Réputé simple, voire austère, il est connu pour avoir délaissé la somptueuse résidence des archevêques à Buenos Aires pour un petit appartement à deux pas de la cathédrale. 

Son nouvel agenda 

Avec son nouveau statut, l'Argentin devra évidemment changer ses habitudes, quitte à se faire violence. "Je ne le vois pas comme un pape voyageur, en fait, Bergoglio n'aime pas voyager", a prévenu son proche collaborateur, l'évêque auxiliaire de Buenos Aires, Eduardo Garcia, interrogé par la télévision argentine. Or le nouveau pape a déjà été invité par le président palestinien, Mahmoud Abbas, à visiter Bethléem, en Cisjordanie, comme le veut la tradition. Il devra aussi se rendre à Rio (Brésil), en juillet, pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Il est également très attendu chez lui, en Argentine.

Dans un avenir plus proche, il devra rencontrer les cardinaux vendredi et donner une conférence de presse samedi. Sa messe d'intronisation sera quant à elle célébrée mardi matin, à 9h30.

Ses "pas si nouvelles" habitudes 

Jorge Mario Bergoglio avait l'habitude de se déplacer en métro à Buenos Aires. Du coup, mercredi soir, quand les assistants du Vatican lui ont annoncé qu'une limousine l'attendait, il leur a répondu qu'il prendrait la navette, comme les autres cardinaux, rapporte John Thavis. "Et il l'a fait." Pour son premier déplacement, le lendemain matin (une visite à la basilique Sainte-Marie-Majeure), il a choisi de circuler à bord d'une modeste berline, poursuit le vaticaniste. Refusant du même coup la star de la flotte papale, une Mercedes. Pas sûr, en revanche, qu'il puisse laisser la papamobile au garage. Question de sécurité. 

Les agents de sécurité du Vatican sont au service du pape, a rappelé en conférence de presse le porte-parole du Sant-Siège, Federico Lombardi. Ils devront donc s'adapter au style "pastoral" de François. "Ce n'est pas la sécurité qui dicte ce que fait le pape, mais elle doit s'adapter afin de le protéger", a précisé le porte-parole. 

Un nouvel entourage 

Reste à savoir qui seront les proches collaborateurs du pape. Dès mercredi soir, François a annoncé au balcon de la basilique Saint-Pierre que le cardinal vicaire de Rome, Agostino Vallini, l'accompagnerait dans sa tâche. Ce dernier était effectivement à ses côtés lors de sa première sortie jeudi matin, tout comme le cardinal espagnol Santos Abril y Castello.

Dans les prochains jours, il nommera son secrétaire d'Etat, sorte de Premier ministre du Vatican. Cette nomination "va en dire très long sur sa conception de la gouvernance", a assuré Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques France, interrogé par RFI.