Afghanistan : les États-Unis "n’essaieront même pas" d’empêcher la prise de Kaboul par les talibans, estime le politologue Olivier Roy
Les Etats-Unis vont envoyer 3 000 soldats à Kaboul, officiellement pour évacuer leurs diplomates.
Les États-Unis "n’essaieront même pas" d’empêcher les talibans de prendre la capitale de l’Afghanistan, Kaboul, a estimé vendredi 13 août sur France Inter le politologue Olivier Roy. Les combattants islamistes se sont emparés de près de la moitié des capitales provinciales afghanes en seulement huit jours, et contrôlent désormais l’essentiel du nord, de l’ouest et du sud du pays.
Les insurgés "ne vont pas attaquer les Américains du tout", estime-t-il, alors que 3 000 soldats vont être déployés à l’aéroport de Kaboul pour sécuriser l’évacuation de diplomates et de ressortissants des États-Unis. "Ils vont les laisser partir tranquillement, et ils vont prendre le pouvoir qu'ils ne partageront pas. Les talibans n'ont jamais eu l'intention de partager le pouvoir. Je crois que les Américains ont été un peu surpris, qu’ils s'attendaient à ce que les talibans négocient. Mais les talibans s'en fichent complètement, ils foncent".
"On va vers la chute de Kaboul"
"On va vers la chute de Kaboul, assure Olivier Roy. On se retrouve dans la situation du milieu des années 1990, avec des phénomènes d'avancées brutales et soudaines des talibans. Mais l'armée ne se bat pas, et les talibans font des accords avec les autorités locales parce qu'il n'y a pas vraiment de bataille". Lorsque les combattants islamistes "vont arriver à Kaboul, là, l'armée va essayer de résister mais à mon avis, elle ne résistera pas", analyse-t-il.
"On est devant l’inconnu" par rapport à la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan "il y a 25 ans", continue Olivier Roy. "On sait ce qu'ils ont fait. Ils ont imposé la charia, ils ont imposé la burqa, ils ont interdit les écoles de filles, etc. Mais l'Afghanistan a beaucoup changé en 25 ans, surtout la ville de Kaboul, où on a maintenant plusieurs millions d'habitants. Les moins de 30 ans n'ont jamais connu le temps des talibans. C'est une ville très occidentalisée aujourd'hui, où les gens sont branchés sur Internet. Donc, il va y avoir un choc culturel considérable."
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