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Afrique du Sud. Un mineur accuse la police d'avoir "tiré pour s'amuser" à Marikana

L'un des survivants de la tuerie de la mine de Marikana a décrit les exécutions sommaires perpétrées par les forces de l'ordre.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des policiers encerclent des mineurs tombés pendant les manifestations à Marikana (Afrique du Sud), le 16 août 2012. ( AFP)

AFRIQUE DU SUD - Après la tuerie de la mine de platine de Marikana(Nouvelle fenêtre) (Afrique du Sud), la police plaide la légitime défense, mais les mineurs ne sont pas de cet avis. De nouveaux témoignages, publiés mercredi 5 septembre dans la presse sud-africaine, sont venus accréditer la thèse selon laquelle nombre de mineurs grévistes ont été sommairement exécutés et même tués "pour s'amuser" le 16 août, lors des affrontements qui ont fait 44 morts, dont 34 mineurs.

"Il y avait un Sotho que j'ai vu à genoux près d'un gros rocher les mains en l'air. Il suppliait qu'on lui laisse la vie sauve et s'excusait à n'en plus finir en disant qu'il ne savait rien", a raconté au Star(Nouvelle fenêtre) (article en anglais) Lungisile Lutshetu, l'un des mineurs arrêtés après la fusillade et libérés lundi. "Mais les officiers l'ont froidement mitraillé à l'arme automatique et il a eu le corps transpercé", a-t-il dénoncé, relatant aussi comment la police avait empêché les mineurs de s'enfuir en leur bloquant le passage.

"Achevés d'une balle dans la tête"

"Nous avons couru pour remonter sur la colline et j'ai trouvé une cachette entre des gros rochers, mais la police était déjà là partout. Ceux qui étaient devant moi se faisaient tirer dessus à bout portant et tombaient sur moi, c'est comme ça que j'ai eu la vie sauve", a-t-il dit. Lungisile Lutshetu a vu quinze mineurs abattus ou blessés, dont "certains achevés d'une balle dans la tête". Lui-même a été extrait d'une pile de cadavres et de blessés quand la police s'est aperçue qu'il était encore vivant et l'a fait prisonnier.

"Nous sommes restés environ trois heures le ventre à terre. Les pauvres qui ont osé lever les mains ont été tués", a-t-il poursuivi, convaincu d'avoir survécu parce que les secours sont finalement arrivés et ont demandé aux policiers "de ne pas tirer sur les blessés".

"Pas moyen de s'enfuir"

Le quotidien a recueilli un autre témoignage auprès d'un foreur, Johannes Mashabela, embauché en juillet par Lonmin et qui a entendu un officier donner l'ordre de lui tirer dessus. Il a réchappé de la fusillade en rampant. "Il n'y avait pas moyen de s'enfuir à cause des cordons de police tout autour de nous, et c'est là que j'ai rejoint les autres qui couraient vers le champ. J'ai soudain vu les gens tomber autour de moi et j'ai réalisé qu'ils se faisaient tirer dessus", raconte-t-il. 

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