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Fronde anti-Zuma : «Dégage, voleur», scandent les manifestants à Prétoria

Jacob Zuma n’avait jamais été aussi impopulaire depuis son arrivée au pouvoir en 2009. Plusieurs milliers de Sud-Africains se sont retrouvés sous les fenêtres de la présidence à Pretoria, le 12 avril 2017, pour exiger à nouveau son départ. Même son parti, le Congrès national africain, parti historique de Nelson Mandela, est profondément divisé à son sujet.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des manifestants réclament la démission de Jacob Zuma devant le palais présidentiel à Prétoria, le 12 avril 2017.  (Photo AFP/Mujahid Safodien)

Ce sont pour la plupart des militants de l’Alliance démocratique et des Combattants économiques de la liberté, les deux principaux partis de l’opposition, qui ont battu le pavé devant le palais présidentiel de Pretoria au cri de «Zuma doit tomber».De nombreux manifestants arboraient des pancartes "Hamba Tsotsi" (Dégage, voleur").
 
«Je suis venu parce que Zuma doit partir, il a vendu le pays, je ne veux plus le voir», scande une militante du mouvement de la gauche radicale. Plus loin, un autre opposant interrogé par l’AFP renchérit: «Nous disons à Zuma et à sa clique: ça suffit. Il y en a assez de ce pillage».
 
Des dizaines de milliers de Sud-Africains, opposants, membres de la société civile et simples citoyens excédés par la politique de Jacob Zuma, étaient déjà descendus dans les rues des principales villes du pays le 7 avril pour réclamer son départ.
 
«On a livré l’Etat à une poignée de gangsters»
De plus en plus impopulaire en raison des scandales de corruption dans lesquels il est embourbé, le président sud-africain a irrité une partie de la population en procédant à un remaniement ministériel controversé fin mars.
 
Il s’est notamment débarrassé de son ministre des Finances, Pravin Gordhan, chantre de la lutte anti-corruption et très respecté des marchés financiers. Avec lui, plusieurs autres ministres ont été forcés de démissionner et ont été remplacés par des fidèles du chef de l’Etat.
 
«Nous courons le risque en Afrique du Sud que les personnes honnêtes ne veuillent plus s’impliquer dans les institutions. Et quand la société a atteint ce point, alors c’est que l’on a livré l’Etat à une poignée de gangsters», avait mis en garde Pravin Gordhan, connu pour sa probité.
 
Même le prix Nobel de la Paix et ancien archevêque Desmond Tutu, figure de la lutte anti-apartheid, est sorti manifester, malgré sa santé fragile et ses 85 ans.

Des milliers de Sud-Africains ont défilé à Prétoria le 12 avril 2017 pour exiger la démission du président Jacob Zuma. (Photo Reuters/Siphiwe Sibeko)

Les alliés historiques de l’ANC s’inquiètent
Le président sud-africain règne désormais sur un parti profondément divisé à son sujet. Il doit faire face à la grogne croissante d’une aile plus modérée, lassée de ses décisions qui font trembler l’économie sud-africaine.
 
Quant aux alliés historiques, le parti communiste sud-africain et le principal syndicat du pays (la Cosatu), ils réclament désormais la démission de Jacob Zuma tout comme plusieurs dizaines d’anciens combattants de l’ANC.
 
«Si l’ANC continue de mettre en avant des dirigeants qui n’ont pas de crédibilité, il y a de grandes chances qu’elle perde sa majorité absolue au Parlement», estime l’analyste sud-africain Ralph Mathegka, interrogé par l’AFP.
 
L’opposition a demandé l’organisation d’un vote de défiance devant le Parlement, le 18 avril, contre le chef de l’Etat. Elle compte sur le soutien des députés mécontents de l’ANC pour le faire partir.
 
Poussé lui-même à la démission par l’ANC en 1999, le successeur de Nelson Mandela à la tête de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, a demandé aux députés de voter dans l’intérêt du peuple et non du parti.
 
«La controverse actuelle a peut-être, enfin, obligé notre pays à mieux définir la relation constitutionnelle et morale entre le peuple et ses élus», écrit l’ancien chef de l’Etat, dans une tribune publiée dans le quotidien The Star.
 
Malgré des remous en son sein, l’ANC a donné la consigne à ses députés de voter contre la motion de défiance déposée par l’opposition. Jacob Zuma, dont le mandat court jusqu’en 2019, devrait donc profiter de sa large majorité au Parlement pour éviter la destitution.

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