Le photographe David Goldblatt, témoin de 60 ans d'histoire en Afrique du Sud, au Centre Pompidou à Paris
Le Centre Pompidou, à Paris, s’intéresse au travers de quelques 200 photos au travail que le photographe sud-africain David Goldblatt a réalisé dans son pays, des années 1950 à aujourd’hui.
C’est la plus importante exposition jamais consacrée en France au photographe sud-africain David Goldblatt : le Centre Pompidou, à Paris, s’intéresse au travers de quelque 200 photos au travail qu’il a réalisé dans son pays, des années 1950 à aujourd’hui. "On peut facilement le mettre à côté des grands noms tels que August Sander ou Henri Cartier-Bresson, explique Karolina Ziebinska-Lewandowska, la commissaire de l'exposition. C'est une grande figure pour la photographie documentaire de l'après-guerre."
Au centre du travail de Goldblatt, la question de l'apartheid
Photographe incontournable, David Goldblatt témoigne depuis plus de soixante ans de l’histoire de son pays qu’il parcourt inlassablement pour en saisir toute la complexité. Ses premières photos, en 1948 – il a alors 18 ans –, sont des portraits d’enfants. Il photographiera ensuite des scènes de rue dans Johannesburg, puis les mines de Randfontein. Son travail est traversé par la question de l’apartheid qu’il a tenté de comprendre en s’intéressant, par exemple, aux Afrikaners, ardents défenseurs de la ségrégation raciale.
La photographie d’un fils de fermier avec sa bonne d’enfants prise en 1964 révèle les contradictions de cette communauté. Sur la photographie, un petit garçon debout d'une dizaine d'années, peut-être moins. À ses côtés, une jeune fille noire, assise. Tous les deux sourient, regardent le photographe.
"C'est une scène très paisible et très simple, indique Karolina Ziebinska-Lewandowska. Lui pose ses mains sur ses épaules. Elle touche son pied. Il y a une proximité, c'est tout naturel. Comme des frères et des sœurs. Pourtant, si l'on considère la date de la photo, 1964, on ne comprend pas pourquoi ces deux gens-là sont tellement proches, puisqu'ils n'avaient pas le droit d'être aussi proche que cela."
En 1983, dans sa série "les transportés du KwaNdebele", David Goldblatt raconte, au travers d’une vingtaine de photos, le quotidien des habitants de ce bantoustan, territoire réservé aux Noirs. L’emploi y étant rare, ils effectuaient chaque jour le long trajet qui sépare le KwaNdebele de Pretoria.
Sur les images de David Goldblatt, on voit ainsi les gens attendre le bus, s'y endormir, écrasés par la fatigue. Le voyage dure trois ou quatre heures. Il est alors 2 ou 3 heures du matin. Le quotidien des Noirs sous l'apartheid. En 2012, 11 ans après la fin de l’apartheid, de retour dans cette même région, David Goldblatt, photographie sur la même route une longue file de bus transportant de nuit les travailleurs noirs vers Pretoria…
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