Accueil "indigne" des harkis : la condamnation de l'État est "une décision d'une portée plus qu'historique", réagit le plaignant
"Je me sens apaisé de savoir que l'État français a été condamné sur la politique qu'il m'a infligée dans mon enfance" a réagi sur franceinfo Kader T, après la première condamnation de la France à verser une réparation à un fils de harki pour les préjudices subis.
"C'est une décision d'une portée plus qu'historique", a réagi mercredi 3 octobre sur franceinfo le fils de harki qui a obtenu la condamnation de l'État pour l'accueil "indigne" réservé aux supplétifs de l'armée française en Algérie à leur arrivée dans l'Hexagone. Pour la première fois, le Conseil d'État a condamné l'État à payer 15 000 euros à Kader T., "en réparation des préjudices matériels et moraux" qu'il a subis.
Tous les harkis de France et de Navarre doivent être fiers de cette décision
Kader T.à franceinfo
L'homme, qui "attendait cette décision depuis plusieurs années", ressent "une émotion importante". "Depuis 55 ans nous avions comme réponse de la part des politiques que de la compassion et des mesures de droit commun qui ne correspondaient pas aux attentes de reconnaissance officielle du drame ainsi que des internements dans les camps", souligne-t-il.
Ce fils de harki, âgé de 55 ans, est né au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) en 1963, et a grandi au camp de Bias (Lot-et-Garonne) jusqu'en 1975. Il dit avoir "une pensée pour les enfants du camp de Bias". "Nous avons subi un génocide intellectuel, puisqu'on nous a interdit le savoir, nous n'avons pas eu droit à l'école de la République. Aujourd'hui nous sommes cohérents face à une demande de réparation au gouvernement", explique Kader T.
"Il y a aura sûrement d'autres plaintes"
"Je me sens apaisé de savoir que l'État français a été condamné sur la politique qu'il m'a infligée dans mon enfance", explique Kader T. "Je souffre encore aujourd'hui de ce que j'ai subi. On nous a interdit de réussir dans la vie. Je suis convaincu que j'aurais une autre vie si j'avais eu l'accès aux droits les plus fondamentaux qui sont ceux d'un État comme la France", poursuit le plaignant.
Il "fonde un espoir énorme dans cette décision", et estime qu'"on ne peut pas se satisfaire d'une réparation aussi petite face à un drame pareil. 15 000 euros, quand j'en ai demandé un million". "Il y aura très certainement d'autres plaintes, il y aura très certainement beaucoup d'associations qui vont se diriger vers la justice, puisqu'enfin la justice est reconnaissante", prédit-il.
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