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Algérie: une gesticulation diplomatique à double tranchant en Syrie et en Russie
En dépit des préoccupations sur l’état de santé du président Bouteflika et la crise de succession qui pourrait en découler, l’Algérie déploie une intense gesticulation diplomatique. Après la visite du numéro deux de la diplomatie algérienne à Damas et à Beyrouth, le Premier ministre Abdelmalek Sellal s’est rendu à Moscou en «exportateur de paix» pour la résolution des conflits.
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Rare pays arabe à n’avoir pas rompu ses relations avec le pouvoir syrien, l’Algérie a franchi un nouveau pas en direction du régime. Pour la première fois en cinq ans de conflit, le numéro deux de la diplomatie algérienne s’est rendu à Damas où il a rencontré Bachar al-Assad.
Tout en qualifiant d’«exceptionnelles» les relations de son pays avec Washington et Ryad, ennemis jurés du régime, Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, contribuait ainsi à briser l’isolement arabe du président syrien.
Il a réaffirmé «le soutien de l’Algérie au peuple syrien dans sa lutte contre le terrorisme», tandis que le président Assad lui faisait part de son appréciation de la position adoptée par l’Algérie durant les cinq années de conflit.
Alger se démarque de la ligne saoudienne
Le responsable algérien a surtout profité pour rappeler des principes intangibles de la diplomatie de son pays : rejet de toute ingérence dans les affaires internes des autres pays, mais aussi de l’ingérence de tiers dans ses affaires intérieures.
Une position à double tranchant consistant à se démarquer de la ligne saoudienne imposée à la Ligue des Etats arabes et au Conseil de coopération du Golfe sur la Syrie d’une part, et à rappeler de l’autre son désaccord avec le soutien inconditionnel des pétromonarchies du Golfe au Royaume marocain dans le conflit du Sahara occidental.
Abdelkader Messahel a réaffirmé également le soutien d’Alger à une solution politique de la crise syrienne, justifiant ainsi le refus de se joindre à une coalition arabe emmenée par Ryad pour chasser Assad du pouvoir.
Sur le chemin du retour, le diplomate a effectué une escale à Beyrouth. Un autre camouflet à Ryad qui a suspendu une aide de trois milliards de dollars à l’armée libanaise en raison de la toute puissance du Hezbollah au pays des Cèdres.
Alger s’était déjà opposé au classement du mouvement chiite, bras armé de Damas et Téhéran, dans les organisations terroristes, comme le souhaitait Ryad.
De son côté, depuis Moscou où il se trouvait pour renforcer le partenariat stratégique avec la Russie, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a réaffirmé, lui, «la constante de la position algérienne» vis-à-vis des situations de crise dans le monde.
Les solutions «doivent être pacifiques, équitables et tenir compte de la légalité internationale», a-t-il dit, en allusion aux situations prévalant en Syrie ou en Libye.
Soulignant l’entente de l’Algérie et de la Russie sur le principe de concertation, il a précisé: «Nous sommes pour le respect du droit des peuples à l’autodétermination.» Une allusion également au Sahara occidental, ajouté ainsi dans la balance de règlement des conflits.
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