Guerre d'Algérie : "Emmanuel Macron s'est fixé un défi impossible, réconcilier des mémoires irréconciliables", selon un représentant de pieds-noirs
"C'est un défi kafkaïen" pour Bernard Coll, qui dit sur franceinfo "sa déception" après le discours du chef de l'Etat. Il attendait "des excuses".
"Emmanuel Macron s'est fixé un défi impossible, celui de réconcilier des mémoires irréconciliables, celles des bourreaux et celles des victimes", a estimé Bernard Coll, secrétaire général de l’association des Jeunes Pieds Noirs (JPN), ce jeudi sur franceinfo, au lendemain des déclarations du chef de l'Etat. Emmanuel Macron a exprimé "la reconnaissance" de la France envers les rapatriés d'Algérie et reconnu deux "massacres" qui se sont produits après la signature des accords d'Évian du 19 mars 1962, pendant lesquels des "dizaines" de manifestants français, opposés à l'indépendance de l'Algérie, ont été tués par des militaires français, dont la "fusillade de la rue d'Isly", jamais reconnue par la France jusqu'à présent et qu'Emmanuel Macron a qualifiée "d'impardonnable pour la République".
Bernard Coll a résumé sa réaction aux propos du président par de "la déception". "Il est resté silencieux pendant quatre ans, donc hier soir on s'attendait à ce qu'il s'excuse mais il n'est pas revenu sur sa déclaration d'Alger en 2017", a-t-il poursuivi en référence au fait qu'Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de "crime contre l’humanité", lors d'une visite en Algérie. "En février 2017, il a fait une déclaration à Alger, disant que la colonisation a été un crime contre l'humanité, une véritable barbarie, mais hier il a vanté les mérites des rapatriés et des pieds-noirs en particulier d'une façon absolument étonnante, il continue dans sa logique des mémoires partagées", a regretté le représentant de pieds-noirs, estimant que "c'est un pari kafkaïen", que le président "ne fait que pour la guerre d'Algérie". "Il ne le fait pas pour la Révolution française, ni pour la Seconde Guerre mondiale", a-t-il précisé.
De Gaulle "complice"
Selon lui, "le drame de la guerre d'Algérie", "c'est que les crimes qui ont été commis, ont été commis sous la complicité du général de Gaulle". "L'homme qui est responsable de tous ces massacres a été érigé en mythe en France", a ajouté Bernard Coll, qui a appelé l'Etat à "reconnaître sa responsabilité en tant que gouvernement". "Nous demandons la reconnaissance officielle des crimes commis contre nous par l'Etat français et les gouvernements de l'époque, qu'Emmanuel Macron a désigné dans son discours pour les harkis. Il a dit : ce sont les gouvernements de 1960-70. Au pouvoir en 60-70, c'était de Gaulle et c'était Georges Pompidou", a-t-il souligné.
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