Incarcération de Boualem Sansal en Algérie : "On a fait d'un écrivain un criminel", fustige Kamel Daoud
"On a fait d'un écrivain un criminel et on baisse les yeux devant de vrais criminels", fustige mercredi 11 décembre sur France Inter l'écrivain Kamel Daoud, alors que la chambre d'accusation de la cour d'appel d'Alger doit statuer dans la journée sur la demande de remise en liberté de Boualem Sansal. L'écrivain franco-algérien est incarcéré en Algérie depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l'État, ce que dénonce Kamel Daoud. L'écrivain franco-algérien considère que "le crime" au contraire "est de ne pas pouvoir parler de la guerre civile".
La détention de Boualem Sansal suscite un grand émoi à l'international, et notamment en France. Une conférence de presse se tiendra dans la journée par l'éditeur Gallimard. Kamel Daoud sera présent lors de cette mobilisation, mais il craint qu'elle ne puisse pas "faire bouger les choses". "Ce régime n'est pas sensible à la mobilisation internationale car il a construit son équation de survie sur le fait que le monde entier lui en veut et qu'il y a un complot international", soutient-il. Kamel Daoud accuse en effet le régime algérien d'être "faible, rancunier et violent".
"Si on oublie en France le prix de la liberté, on la perdra"
S'il reconnaît être "pessimiste", le lauréat du prix Goncourt 2024 espère tout de même que cela permettra de ne "pas faire tomber dans l'oubli Boualem Sansal". "Si on oublie en France le prix de la liberté, on la perdra", prévient Kamel Daoud, qui se demande pourquoi on "juge des écrivains pour des crimes commis par des terroristes".
Kamel Daoud revient également sur son cas plus personnel et les attaques dont il fait l'objet depuis la parution de son roman Houris. L'écrivain confie ressentir "de la colère, un sentiment d'humiliation, une tristesse" mêlée également à sa "joie et fierté d'avoir eu le Goncourt". Il se demande ce que concrètement il est reproché aux écrivains comme lui ou Boualem Sansal. "De défendre les femmes et la liberté ? Je l'assume. De dénoncer l'islamisme et l'autoritarisme ? Je l'assume", rétorque-t-il.
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